Une reconstitution artistique des Vikings d'Europe du Sud mettant l'accent sur la présence de gènes étrangers dans la Scandinavie de l'ère viking mise en évidence dans l'étude. (Photo : Jim Lyngvild/Simon Fraser University)

Une étude remet en cause les origines nordiques des Vikings

Pour l’imaginaire collectif, les Vikings ont toujours été de grands soldats aux longs cheveux blonds venus des pays scandinaves. Cette image représentée dans de nombreux films et ouvrages devrait en réalité être nuancée, selon une nouvelle étude. 

L’analyse de l’ADN de squelettes vikings a révélé que bon nombre de ces mythiques soldats arboraient une chevelure brune et provenaient de divers horizons allant d’Europe du Sud jusqu’en Asie.

Pour en arriver à ces conclusions, une équipe de chercheurs internationaux, dont le professeur Mark Collard de Simon Fraser University (SFU), en Colombie-Britannique, a réalisé « le plus grand séquençage d’ADN de squelettes vikings du monde », une étude publiée cette semaine dans la revue scientifique Nature (en anglais).

Les scientifiques ont analysé les restes de 442 hommes, femmes et enfants provenant de divers sites archéologiques en Scandinavie (Norvège, Suède et Danemark), au Royaume-Uni, en Irlande, en Islande, au Groenland, en Estonie, en Ukraine, en Pologne et en Russie. La plupart des sites dataient de l’âge des Vikings (vers 750-1050 après J.-C.).

Une fosse commune d’environ 50 Vikings sans tête provenant d’un site dans le Dorset, au Royaume-Uni. Certains de ces restes ont été utilisés pour l’analyse de l’ADN. (Photo : Dorset County Council/Oxford Archaeology)

Diverses origines

Les analyses ont révélé de nombreux aspects méconnus des Vikings, dont un, particulièrement surprenant : leurs origines.

Contrairement à ce que l’on pensait, ces soldats ne provenaient pas tous de la Scandinavie. L’équipe de chercheurs a notamment découvert que deux squelettes retrouvés dans un site funéraire sur les îles Orcades, un archipel subarctique situé au nord de l’Écosse, avaient des gènes écossais.

Les résultats révèlent aussi qu’en Scandinavie, il y a eu un important afflux de gènes provenant des îles britanniques, de l’Europe du Sud et de l’Asie, et cela avant et durant l’âge des Vikings.

Cela montre notamment que la « diaspora viking se caractérisait par un solide réseau transrégional. Des populations distinctes ont influencé la composition génomique de différentes régions d’Europe, et la Scandinavie a connu des contacts accrus avec le reste du continent », peut-on lire dans l’étude.

« Nous avons cette image de Vikings aux nombreuses relations qui se mélangent, qui font du commerce et qui partent en raids pour combattre les rois à travers l’Europe, parce que c’est ce que nous voyons à la télévision et lisons dans les livres. Mais génétiquement, nous avons montré pour la première fois que ce n’était pas ce genre de monde. Cette étude change la perception de ce qu’était réellement un Viking », explique dans le communiqué le professeur Eske Willerslev des universités de Cambridge et de Copenhague et chercheur principal de cette étude.

« Personne n’aurait pu prédire que ces importants afflux de gènes en Scandinavie en provenance d’Europe du Sud et d’Asie se sont produits avant et pendant l’âge des Vikings. »Professeur Eske Willerslev

En plus des divers gènes découverts grâce aux analyses de l’ADN, les chercheurs ont démontré que les Vikings n’étaient pas tous blonds, mais que nombre d’entre eux étaient bruns.

Les analyses ont permis de découvrir par exemple que les Vikings qui voyageaient en Angleterre provenaient principalement du Danemark, alors que ceux qui se rendaient en Écosse, en Irlande, en Islande ou encore au Groenland avaient des origines norvégiennes. Le navire viking Sea Stallion. (Photo : Werner Karrasch/The Viking Ship Museum in Roskilde)

Des révélations sur les expéditions vikings

L’étude a aussi mis en lumière les activités des Vikings, dont leurs expéditions.

Les analyses ont permis de découvrir, par exemple, que les Vikings qui voyageaient en Angleterre arrivaient principalement du Danemark, tandis que ceux qui se rendaient en Écosse, en Irlande, en Islande ou encore au Groenland avaient des origines norvégiennes.

En contraste, les conquérants qui se dirigeaient vers l’Est étaient majoritairement suédois.

Ces découvertes rejoignent les modèles présentés par les historiens et les archéologues.

L’ADN d’un squelette féminin appelé Kata, trouvé sur un site funéraire viking à Varnhem, en Suède, a été analysé dans le cadre de cette étude. (Photo : Västergötlands Museum)

Des liens de parenté inattendus

Pour le professeur Mark Collard de SFU, la plus intéressante des découvertes faites dans cette étude est le lien de parenté que certains des individus avaient entre eux.

« Ces découvertes ont des implications importantes pour la vie sociale dans le monde viking, mais nous serions restés ignorants sans cet ADN ancestral. Elles soulignent vraiment les possibilités qu’offre cette approche pour comprendre l’histoire. »Professeur Mark Collard

Ainsi, quatre membres d’un groupe de pilleurs vikings enterrés dans un bateau en Estonie se sont avérés être frères, tandis que deux individus enterrés de 300 à 400 kilomètres l’un de l’autre en Suède se sont révélés être des cousins.

Cela révèle notamment que les expéditions vikings incluaient des membres de la même famille avec certains qui mouraient sur le champ de bataille et d’autres retournant en Scandinavie.

Deux hommes retrouvés dans deux sites distincts, un au Danemark et l’autre en Angleterre, auraient eu des liens de parenté au second degré (demi-frères, neveu/oncle ou petit-fils/grand-père) par exemple.

« Bien que les découvertes principales soient importantes, j’ai été stupéfait par le fait que les analyses ont révélé la présence de quatre frères dans la sépulture du bateau estonien, ainsi qu’un éventuel neveu et un oncle de chaque côté de la mer du Nord », conclut le chercheur canadien Mark Collard.

Avec les informations de Simon Fraser University.

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