Les pailles et ustensiles en plastique ainsi que les sacs d’épicerie font partie de la liste dévoilée par Ottawa lors d’une conférence de presse mercredi.
Promesse électorale du gouvernement libéral, la loi pour officiellement interdire ces produits devrait être complète d’ici fin 2021, a annoncé le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Jonathan Wilkinson, au Musée canadien de l’histoire à Gatineau.
« Lorsqu’une interdiction entrera en vigueur, vos magasins locaux vous fourniront des alternatives à ces produits en plastique, comme des sacs réutilisables ou en papier à la place du plastique », a-t-il déclaré.
Voici la liste des plastiques en question qui, selon le gouvernement, sont dangereux pour l’environnement, difficiles à recycler et peuvent être facilement remplacés :
- les sacs en plastique,
- les pailles,
- les bâtonnets à mélanger,
- les porte-canettes,
- les ustensiles,
- les récipients alimentaires fabriqués à partir de plastiques difficiles à recycler.
M. Wilkinson a notamment précisé que les plastiques à usage unique utilisés par les services médicaux ne seront pas concernés par le plan fédéral pour réduire l’utilisation des plastiques non recyclables.
Cette décision fait partie du plan du gouvernement pour atteindre l’objectif de zéro déchet de plastique d’ici 2030. Elle s’inscrit notamment dans la Loi canadienne sur la protection de l’environnement de 1999.
Inciter à plus recycler
Dans son annonce, le ministre de l’Environnement a aussi parlé du projet du gouvernement d’améliorer le processus de récupération et de recyclage du plastique « afin que cette matière reste dans notre économie et hors de l’environnement ».
Selon un rapport du gouvernement publié en janvier, 29 000 tonnes de plastique usagé ont terminé dans la nature au Canada en 2016. C’est l’équivalent de 2,3 milliards de bouteilles de plastique, rappelle CBC News.
Chaque année, les Canadiens jettent trois millions de tonnes de déchets de plastique et seuls 9 % sont recyclés. Le reste fini dans des sites d’enfouissement et, indirectement, dans la nature.
« Les plastiques sont très utiles. Nous les utilisons tous, a expliqué M. Wilkinson. Mais nous devons nous assurer que nous ne les jetons pas. »
Les sacs en plastique, les pailles, les bâtonnets à mélanger, les porte-cannettes, les ustensiles et les récipients de polystyrène pour emporter seront tous interdits dans le plan de plasqtique de notre gouvernement #zérodéchetplastique https://t.co/d71i64Vtax pic.twitter.com/fhIybfUiBE
— Jonathan Wilkinson (@JonathanWNV) October 7, 2020
L’objectif du gouvernement est d’imposer de nouvelles régulations aux producteurs en matière de contenu recyclé dans les produits et emballages et les obliger à faire plus pour récupérer et recycler leurs produits.
Ces nouveaux standards seront établis en collaboration avec l’industrie, les provinces, les territoires et les instances locales.
Refusant de donner une chronologie exacte, le ministre pense arriver à un consensus « d’ici 12 à 24 mois ».
« Ensemble, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ont adopté la Stratégie pancanadienne visant l’atteinte de zéro déchet de plastique, qui définit une vision d’une économie circulaire pour les plastiques, ainsi qu’un plan d’action en deux phases qui est exécuté conjointement », mentionne le communiqué.
La deuxième phase de ce plan visant l’atteinte de zéro déchet de plastique a été publiée en juillet 2020. Il établit des échéances pour la mise en action de mesures pour sensibiliser les consommateurs et les entreprises, réduire la pollution provenant d’activités aquatiques (pêche et aquaculture), soutenir la lutte contre la pollution plastique dans tous les domaines autant au Canada que dans le monde.
Ottawa s’est également engagé à consacrer 2 millions de dollars à quelque 14 projets canadiens dans le cadre de l’initiative « zéro déchet ».
Le gouvernement incite les Canadiens et les acteurs de l’industrie à donner leur avis sur ce plan. Les commentaires seront acceptés jusqu’au 9 décembre 2020.
Des réactions partagées
Dans un échange de courriel avec Radio-Canada, Agnès Le Rouzic, de Greenpeace Canada, explique ne pas être entièrement satisfaite de cette décision.
« Après avoir promis pendant trois ans de s’attaquer aux déchets et à la pollution plastique et d’élaborer une stratégie visant à faire du Canada un pays « zéro déchet plastique », le gouvernement fédéral continue d’appuyer largement le mythe du recyclage et de promouvoir une liste d’interdiction insuffisante et insatisfaisante », écrit-elle.
Pour la Chambre de commerce du Canada, l’annonce du gouvernement est louable, mais ce n’est pas assez.
« L’approche du Canada doit aller au-delà des problèmes superficiels, comme les interdictions, pour se pencher sur les infrastructures essentielles nécessaires pour apporter une contribution positive à l’environnement. Il faut remédier rapidement aux importantes insuffisances en matière de capacité des installations de traitement des déchets, de capacité de recyclage et de production de plastiques compostables », explique l’organisme dans un communiqué.
La province de l’Alberta, à l’ouest du Canada, principale productrice de pétrole et de gaz, a déclaré mardi qu’elle avait l’intention de devenir une plaque tournante du recyclage des plastiques d’ici une décennie.
Plus de 35 pays dans le monde ont déjà pris des mesures en interdisant certains plastiques à usage unique, y compris le Royaume-Uni, la France et l’Italie.
Avec les informations de CBC, Radio-Canada, Environnement et Changement climatique Canada et Reuters.
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