Le grand patron du géant de l’automobile Tesla propose à une entreprise minière présente au Canada un « contrat énorme » si elle est en mesure de lui fournir du minerai en quantité suffisante tout en respectant l’environnement.
La mine Lockerby de la compagnie First Nickel dans le Grand Sudbury © First Nickel
Le Canada est un des cinq meneurs dans la production de nickel avec 27 % des réserves mondiales concentrées dans le sous-sol de la région de la ville de Sudbury, dans le nord de l’Ontario.
Selon certaines prévisions, en raison de l’augmentation des ventes de véhicules électriques, la demande de nickel pour les batteries atteindra 1,4 million de tonnes en 2030 contre environ 139 000 tonnes cette année.
Le Canada a produit 180 000 tonnes de nickel l’an dernier.
Le problème pour Tesla et les autres constructeurs automobiles est que la majeure partie de la nouvelle production mondiale de nickel provient d’Indonésie, où le processus comprend le rejet de déchets miniers dans l’océan, une préoccupation majeure pour les environnementalistes.
Les mines de nickel conventionnelles, même canadiennes, consomment d’énormes quantités d’énergie pour broyer le minerai. Mais l’emplacement des mines en Ontario présente l’avantage de disposer d’une grande quantité d’hydroélectricité renouvelable à proximité.
Les pourparlers avancent entre Tesla et des compagnies au Canada
Le géant minier brésilien Vale SA confirme être en pourparlers avec Tesla afin de sécuriser le nickel de ses opérations canadiennes.
Vale, dont les activités touchent trois provinces, étend son site de Voisey’s Bay à une exploitation souterraine qui produira environ 40 000 tonnes de nickel concentré par an.
La compagnie a consacré environ 2 milliards de dollars à des projets à faible émission de carbone, notamment l’électrification des véhicules souterrains et la récupération de chaleur. L’entreprise minière affirme aussi étudier l’adoption de techniques du stockage du carbone dans les résidus de ses opérations au Manitoba.
Tesla frapperait à plus d’une porte au Canada
Selon certaines sources, Tesla serait aussi en pourparlers avec l’entreprise minière canadienne Giga Metals pour l’aider à développer une grande mine qui permettrait au constructeur de véhicules électriques d’avoir accès à du nickel à faible teneur en carbone pour ses batteries.
Les plans de Giga Metals pour un nickel produit de manière plus écologique comprennent la transformation des déchets de ses opérations minières en roche de type ciment en utilisant le dioxyde de carbone dans l’atmosphère.
Le président de l’entreprise, Martin Vydra, refuse de commenter tout entretien avec Tesla, mais déclare qu’elle est activement engagée, et depuis un certain temps, avec les constructeurs automobiles concernant sa capacité à produire du nickel neutre en carbone.
Une petite société minière canadienne affirme pour sa part avoir trouvé elle aussi un moyen d’extraire du nickel sans rejeter une tonne de carbone dans l’atmosphère.
Canada Nickel Company met en place une installation près de Timmins, en Ontario. Son PDG, Mark Selby, affirme qu’elle peut extraire le métal pratiquement sans carbone.
La célèbre statue du « Big Nickel » dans la ville minière de Sudbury dans le nord de l’Ontario. Photo : Radio-Canada/Jean-Loup Doudard
Il y aura-t-il suffisamment de nickel propre canadien pour faire le tour de la planète?
(Tesla)
Tesla et les autres constructeurs automobiles doivent s’assurer qu’il y a suffisamment de nickel pour produire le nombre de batteries nécessaires pour les cinq à huit prochaines années, explique Mark Travers, directeur général des métaux de base de Vale. « Les discussions autour du nickel écologique sont au centre des préoccupations », dit-il.
« C’est donc la nature des discussions qui ont lieu actuellement dans l’ensemble de l’industrie, j’en suis sûr. Et, sans faire de commentaires spécifiques sur Tesla, ce sont les conversations que nous avons en ce moment », ajoute-t-il.
On se rappellera qu’au mois de juillet dernier, le PDG de Tesla, Elon Musk, avait promis de réduire l’utilisation du cobalt dans ses batteries dont l’extraction peut nuire à l’environnement. Et il avait exhorté les compagnies minières de la planète à produire plus de nickel, un ingrédient de remplacement qui permet de rouler plus longtemps.
Le saviez-vous? Le nickel est toxique!
Le Centre international de recherche sur le cancer classe le nickel dans les substances possiblement cancérigènes pour l’homme.
L’exposition chronique au nickel est un facteur de risque du cancer du poumon. Il est inscrit à ce titre au Canada dans les tableaux des maladies professionnelles.
Le nickel est aussi le plus allergisant de tous les métaux : plus de 12 % de la population y est allergique, dont une majorité de femmes.
La réaction la plus fréquente est une dermatite de contact provoquée par un bracelet de montre, des bijoux de fantaisie, des accessoires vestimentaires (boucles, boutons, fermetures éclair, etc.). Malgré le fait incontestable de sa toxicité, le nickel est resté partie intégrante de la construction des pièces de monnaie dans plusieurs pays.
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RCI avec Reuters et CBC News
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