L’Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario dénonce les violences contre les travailleurs et appelle à des mesures plus fermes pour contrer un phénomène qui a tendance à s’installer durablement dans le réseau des soins. Crédit : Istock

Hôpitaux du Canada : halte aux agressions contre les personnels de soins !

Une infirmière et un agent de sécurité sont concernés par des agressions, survenues au Southlake Regional Heath Centre, un hôpital régional de Newmarket, en Ontario.

Cet hôpital n’a plaidé coupable que pour deux des sept chefs d’accusation qui ont été portés en vertu de la Loi sur la santé et la sécurité au travail. Cinq chefs d’accusation supplémentaires ont été rejetés.

Ce rejet exaspère l’Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario (ONA) qui, par la voix de sa présidente, Vicki McKenna,a dénoncé une situation « horrible, exaspérante et décourageante » en face d’une attaque qui a considérablement affecté la vie des deux membres du personnel victimes.

« Les amendes imposées par la juge Prutschi ne tiennent pas Southlake responsable des violences qui ont eu lieu. Nous ne pensons pas que ce soit un élément dissuasif pour cet employeur et cela ne le contraint en rien ou tout autre employeur, pour protéger ses employés », a déploré la présidente de l’ONA.

La violence de la part de patients ou de visiteurs contre des personnels en soins dans les hôpitaux n’est pas un phénomène rare. Au Canada et ailleurs dans le monde, ce fléau touche une multitude de travailleurs dans les hôpitaux et il s’exprime de diverses façons. Pris en étau entre violence physique, verbale et psychologique, les concernés sont parfois obligés de se taire, surtout lorsque les cas de violence verbale et psychologique sont perpétrés par un supérieur hiérarchique.

Selon un mémoire préparé par le Comité permanent de la santé de l’Association des infirmières et infirmiers du Canada, publié en 2019, 1/3 des infirmières et infirmiers ont subi de la violence physique dans les hôpitaux du monde en 2018, 2/3 ont subi de la violence non physique.

Au Canada, c’est dans le secteur de la santé et des services sociaux que les violences rapportées dans un milieu de travail sont les plus nombreuses. Selon cette même source, en 2017, 61 % des victimes de violence, de harcèlement ou d’agression au cours des 12 mois de l’année précédente appartenaient à ce secteur, contrairement à 25 % des travailleurs canadiens d’autres secteurs deux années auparavant.

Des violences observées dans ce secteur au pays, seulement 19 % ont été déclarées, 60 % des nouvelles victimes ont quitté leur emploi au cours des six mois suivant leur embauche en 2019, et 50 % ont définitivement quitté leur profession en 2014. Pour la seule province de l’Ontario, il y a eu 808 absences au travail en raison de blessures liées à une agression dans le secteur de la santé en 2016.

De façon plus générale au pays, c’est dans les services des urgences, de psychiatrie et dans le secteur des soins de longue durée que les violences sont le plus susceptibles d’intervenir.

Mme McKenna a estimé mardi, dans un communiqué, que la violence dans les soins de santé ne pourrait que se perpétuer, car une moindre part de responsabilité de la part de l’employeur, dans certaines situations, peut constituer une source de vulnérabilité pour les travailleurs.

La présidente de l’ONA a fortement décrié qu’une amende symbolique 80 000 dollars soit infligée à Southlake dans le cadre des deux agressions, pourtant la structure n’a pas pris toutes les précautions nécessaires pour assurer la sécurité des deux travailleurs dont la vie continue d’être affectée.

« Des décisions comme celle-ci donneront aux infirmières et aux travailleurs de la santé le sentiment d’être épuisables ». a-t-elle soutenu.

« Il doit y avoir une meilleure façon d’assurer que les employeurs de santé de cette province respectent les lois et que le personnel de première ligne dispose des lieux de travail sécuritaires dont ils ont besoin, et nous le méritons. Nous savons comment faire cela, et nous savons que ce faisant, non seulement nos infirmières et nos professionnels sont en sécurité, mais aussi nos patients », a conclu Mme Mckenna.

L’ONA rapporte que les deux agressions ne représentent pas un fait marginal dans cette institution. Elle n’est qu’à son premier cas d’agression dans lequel elle est inculpée, mais elle a eu à subir d’autres incidents de violence ayant entraîné des blessures graves.

L’Association a dit travailler activement afin d’ inciter cet employeur à mettre en place des mesures supplémentaires pour assurer la santé et la sécurité au travail de ses employés.

Avec des informations de l’ONA, de l’Association des infirmières et infirmiers du Canada et de Statistique Canada.

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Catégories : Santé, Société
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