Durant la pandémie de COVID-19, les femmes autochtones des rues ont été davantage exposées aux drogues et ont connu plus de crimes sexuels. Crédit : Istock

Violence sexuelle : une réalité cachée du milieu carcéral canadien

Le Bureau de l’enquêteur correctionnel a publié un rapport qui fait état d’une réalité ignorée et minimisée dans les pénitenciers fédéraux.

C’est une forme de violence qui est dépeinte par Ivan Zinger, l’enquêteur correctionnel du Canada, comme un fléau plus répandu qu’on ne l’imagine dans les prisons fédérales, et qui est souvent passée sous silence. Cela rend difficile la collecte de données exhaustives pour la documenter.

Le 47e rapport annuel du Bureau de l’enquêteur correctionnel a été déposé mercredi. En plus de décrire la situation, il met l’accent sur l’importance pour les pouvoirs publics d’agir pour éliminer la violence sexuelle dans les prisons.

« J’exhorte le gouvernement du Canada à prendre des mesures législatives qui imposeraient une tolérance zéro et une approche préventive pour ce qui est de la violence et des sévices sexuels dans les prisons, ainsi que l’obligation du Service correctionnel du Canada de produire un rapport public sur ces incidents », affirme Ivan Zinger.

Faisant allusion au cadre législatif américain qui a prévu depuis une vingtaine d’années une loi sur l’élimination du viol dans les prisons, l’enquêteur correctionnel soutient que le Canada devrait s’en inspirer pour combler le vide.

Il est difficile de « repérer, d’identifier, d’assurer le suivi dans le but de gérer les auteurs de violences sexuelles à répétition ou chroniques », rapporte l’enquêteur correctionnel.

« Il nous faut une loi semblable à la loi américaine afin de lutter contre ce que nous savons être un problème systémique au Canada […] Jusqu’à ce que nous ayons une loi, je recommande que le Service correctionnel du Canada mette en place des politiques distinctes et précises afin de protéger les personnes et les groupes vulnérables qui risquent d’être victimisés », ajoute M. Zinger.

Les bourreaux présumés sont souvent des personnes susceptibles de poursuivre leurs actes de violence une fois déplacés dans un établissement ou mutés dans d’autres prisons.

Ivan Zinger demande qu’une étude nationale soit menée par des experts indépendants sur la prévalence des violences sexuelles dans les prisons canadiennes.

« La violence sexuelle est un problème systémique dans les prisons et ne devrait être tolérée dans aucune composante de la société canadienne. L’heure est venue de prendre des mesures afin d’éradiquer ce problème de notre système carcéral. » – Ivan Zinger

Les personnes les plus à même de subir de telles agressions sont principalement les femmes, les membres LGBTQ+, les personnes exposées aux violences et autres traumatismes, ou celles qui ont des problèmes de santé mentale.

L’enquête a permis de montrer qu’il n’existe aucune stratégie pour protéger ces victimes. Celles-ci sont souvent condamnées au silence en raison des doutes qui entourent leurs témoignages.

Elles sont difficilement crues, et par peur des représailles et d’être ridiculisées, elles gardent le secret. Les auteurs des agressions sont autant parmi le personnel que les détenus, et leurs agressions ne sont que rarement traduits devant les tribunaux.

Source : sécurité publique et protection du Canada

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Catégories : Société
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