Les acteurs du secteur aérospatial et plusieurs experts se sont mobilisés pour réfléchir sur les enjeux propres à ce secteur qui subit les contrecoups de la crise sanitaire.
La rencontre virtuelle a réuni plus de 500 participants, à l’initiative de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Les experts et autres leaders de l’industrie se sont exprimés tour à tour sur le diagnostic, et ils ont ébauché des pistes de solutions pour juguler la crise.
Elle a quasiment cloué au sol ce secteur considéré comme l’un des moteurs de l’économie canadienne. Depuis le début de l’année 2020, le secteur de l’aérospatial bat de l’aile en raison des turbulences créées par la pandémie. Les pertes se comptent en milliards de dollars et ont obligé les opérateurs à revoir leurs stratégies et à réduire le nombre des employés.
WestJet a considérablement réduit la rémunération de ses employés et annoncé, en octobre, la suspension pour une période indéfinie de ses activités dans les Maritimes, notamment à Moncton, Fredericton, Sydney et Charlottetown. La compagnie a aussi réduit ses services à Halifax, à Saint-Jean de Terre-neuve. Une mesure qui touche depuis le 2 novembre près de 100 vols chaque semaine. Cette restructuration a entraîné la mise à pied d’une centaine d’employés, tandis que d’autres ont connu une baisse de près de 53 % de leur salaire.
Air Transat est dans un processus de négociation avec Air Canada qui a exigé une réduction de ses effectifs avant toute acquisition de la compagnie. Cette dernière s’est retrouvée le bec à l’eau en raison de la pandémie. Air Transat a prévu que plus de 2000 travailleurs seront congédiés, ce qui représente 40 % de son effectif. Une décision finale dans le cadre de cette transaction est attendue au plus tard le 12 décembre, en Europe, au terme d’une étude économique sur la concurrence entourant cette transaction de 720 millions de dollars.
Du côté de’Air Canada, le nombre de ses passagers avait chuté de près de 95 % au deuxième trimestre de 2020, causant des pertes de 19 millions de dollars par jour et près de 20 000 mises à pied. Malgré la restructuration et la décision de la compagnie de vendre ou de louer certains de ses avions pour amortir le choc de la COVID-19, les pertes ont grimpé à 1,75 milliard de dollars. Ainsi, 89 % de ses revenus ont chuté, tandis que sa dette a dépassé les 4,5 milliards, soit plus d’un milliard de plus par rapport à l’année précédente. Cette situation a entraîné la baisse de la capacité de la compagnie montréalaise de 92 % au deuxième trimestre par rapport à 2019. Dans la foulée, Air Canada avait annoncé l’interruption de 30 lignes régionales et la fermeture de 8 escales au pays.
«L’événement d’aujourd’hui marque une étape importante de la mobilisation du secteur de l’aérospatial. La pandémie amène le risque d’affaiblissement, qui est pourtant fondamental pour une économie moderne et pour la force d’une métropole d’envergure comme Montréal», a déclaré Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
«Les gouvernements sont à l’écoute et démontrent la volonté d’intervenir selon les besoins du milieu. Les pistes de solutions discutées lors de ce forum pourront grandement aider à la prise de décisions. Nous devons nous organiser et nous mobiliser autour de ce qui doit être fait afin que le secteur se positionne pour l’avenir et puisse sortir de la crise encore plus robuste», a-t-il ajouté.

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Nécessité d’une politique nationale de l’aérospatial
Les participants au forum virtuel sont revenus sur les enjeux et ont exploré des pistes de solution. Ils ont ainsi pu déterminer les actions prioritaires pour venir en aide à l’aérospatial.
L’importance d’une aide publique substantielle a été évoquée, mais les intervenants ont soutenu qu’il faut aussi investir dans l’innovation qui s’impose plus que jamais comme une avenue porteuse de valeur ajoutée pour les compagnies. Un tel investissement permettra de doter l’industrie des ressources technologiques de pointe nécessaires à leur transformation et au retour à la croissance.
Les pouvoirs publics doivent notamment investir dans la recherche et le développement pour les avions verts et intégrer des technologies dans l’ingénierie de fabrication. Ces propositions font partie d’un plan d’action qui avait été élaboré précédemment, à la suite des travaux qui ont permis, entre autres, d’envisager l’exportation par le Québec de sa production du secteur de l’aviation, de faire le point sur la situation de la crise dans ce secteur, par la Chambre de commerce, en partenariat avec différents experts, dont ceux de la firme KPMG et Aero Montréal.
«En ces temps difficiles pour notre industrie, nous assistons à une mobilisation inédite des premiers dirigeants de chaque segment de la chaîne d’approvisionnement, des différents ordres gouvernementaux et des acteurs du milieu financier, notamment grâce à l’Alliance pour la relance en aérospatiale, une initiative d’Aero Montréal qui a permis de faire émerger de premières pistes de solutions en un temps record», a relevé Suzanne Benoît, présidente-directrice générale d’Aero Montréal, dans un communiqué.
Mme Benoit a réitéré l’idée de miser sur l’innovation pour permettre à ce secteur canadien de se renforcer en vue de se repositionner sur l’échiquier international.
«Pour assurer la survie de cette industrie de 43 400 travailleurs qualifiés à travers la province, nous devons innover et miser sur une relance verte dans un écosystème plus consolidé et focalisé davantage sur l’écomobilité. Ainsi, les innovations que nous mettons de l’avant aujourd’hui sont celles qui nous permettront, à terme, de nous démarquer de nouveau sur la scène internationale», a dit Suzanne Benoît.
Ce sommet virtuel s’est déroulé dans le cadre du mouvement Relançons MTL qui est soutenu par la Chambre de commerce, Air Canada et différents autres acteurs de la scène économique, culturelle et sociale.
Les participants ont soutenu que, pour demeurer concurrentiel, le secteur de l’aérospatial doit bénéficier de mesures édictées dans un cadre spécifique. C’est ainsi qu’ils ont appelé le gouvernement à mettre en place une véritable politique nationale ambitieuse, qui va guider les actions dans l’ensemble du pays afin d’impulser une réelle dynamique dans cette filière. Celle-ci doit être apte, à long terme, à faire face efficacement à la concurrence internationale.
Avec des informations de la Chambre de commerce du Montréal Métropolitain, Air Canada, WesJet, Air Transat et Radio-Canada.
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