Plusieurs organisations au Canada demandent depuis quelques années une stratégie nationale pour régir les soins de santé aux aînés dans les centres de soins et d'hébergement de longue durée partout au Canada. Crédit : Istock

Soins en CHSLD : vers une harmonisation des pratiques au Canada?

La communauté des pratiques des médecins dans les centres de soins et d’hébergement de longue durée (CHSLD) est présentée comme un lieu d’échanges entre les médecins qui doivent relever les multiples défis dans ce secteur très durement touché par la pandémie depuis le début de l’année.

Les médecins chercheraient ainsi à harmoniser leurs pratiques pour éviter l’hécatombe qui s’est abattue sur les CHSLD du Québec au plus fort de la crise.

Grâce à leurs interactions, ils prendront des décisions plus éclairées, plus harmonieuses et plus efficaces pour faire face aux enjeux.

« Nous lançons aujourd’hui la communauté des pratiques des médecins en CHSLD (CPMC) », annoncent Sophie Zhang et Élise Boulanger, coprésidentes du comité directeur de la CPMC.

« La deuxième vague est amorcée. La CPMC vise à mettre en lien les médecins de régions moins touchées par la COVID-19 avec d’autres médecins plus expérimentés. Il faut partager les leçons apprises ce printemps pour que tout le monde soit mieux outillé face à ce qui s’en vient », a ajouté la Dre Sophie Zhang.

Au stade actuel de l’évolution de cette deuxième vague, les CHSLD se retrouvent toujours au cœur de la crise. Bien que la situation ne soit pas aussi grave qu’au printemps, les pouvoirs publics au Québec ont décidé de la mise sous tutelle de certaines résidences et de renforcer les mesures, en ce qui a trait aux services, dans l’ensemble des centres.

La démarche des médecins vise à mieux cibler leur contribution et à combiner leurs ressources pour développer les meilleures pratiques en ce contexte critique.

Cette nouvelle communauté active en ligne depuis peu connaît une affluence importante. Ce sont près de 300 médecins de diverses régions du Québec qui en sont devenus membres. Une centaine d’entre eux ont pris part, le 16 octobre, à un webinaire. Ils ont ainsi pu échanger sur la thématique : leçons de la pandémie, pour naviguer vers l’avenir des services et des soins aux personnes âgées.

« Il faut valoriser le travail en CHSLD, promouvoir la qualité des soins aux personnes âgées et garantir l’équité des ressources dans le système de santé. Avoir la possibilité de réseauter et d’échanger entre médecins est un pas dans la bonne direction », a relevé Élise Boulanger.

Harmoniser les pratiques à l’échelle du Canada?

À la création de la CPMC, des médecins de famille et les gériatres, qui ont joué un rôle de première ligne lors de la première vague de COVID-19, ont soutenu que les CHSLD étaient « peu représentés dans les instances administratives, professionnelles et gouvernementales ».

Cette sous-représentation a des conséquences. Les décisions qui concernent les personnes âgées sont prises sans forcément considérer leurs points de vue. La CPMC promet de leur « donner une voix plus forte » et de couvrir l’ensemble des problèmes propres aux ainés.

La CPMC, qui a intégré le Collège québécois des médecins de famille (CQMF), ne compte pas arrêter ses travaux après la pandémie et envisage d’aborder d’autres thématiques pour améliorer la qualité des soins dans les CHSLD.

La première vague de la COVID-19 a révélé plusieurs manques dans les soins donnés aux aînés, notamment dans les deux principales provinces canadiennes très durement frappées. Il s’agit du Québec et de l’Ontario. Elles ont enregistré un nombre record de morts dans les centres de soins de longue durée. Cette situation avait incité le gouvernement canadien à déployer l’armée et la Croix-Rouge dans certains centres de ces deux provinces.

Compte tenu de la gravité de la situation, le premier ministre Justin Trudeau avait souligné la nécessité d’améliorer les soins aux aînés partout au pays. La mise en place d’une stratégie pancanadienne ne figurait pas dans les promesses électorales de M. Trudeau en 2015. Néanmoins, les libéraux ont depuis adopté un discours qui tend vers une harmonisation des pratiques.

Cet enjeu a souvent créé de la mésentente avec le Québec. Le gouvernement fédéral a mis en place, en 2018, un ministère dédié aux aînés. Celui-ci est l’aboutissement d’une demande de l’Association médicale canadienne (AMC).

L’AMC demande depuis sept ans qu’Ottawa propose une stratégie nationale pour améliorer les soins aux aînés sur l’ensemble du territoire. L’Association avait lancé une campagne à cet effet à la veille des élections de 2015. Elle avait intéressé plus de 180 000 personnes. Elles avaient entre autres envoyé des lettres aux élus fédéraux.

La crise de COVID-19 accroît les difficultés d’un bon nombre d’aînés, qui représenteront le quart de la population du Canada en 2031. Plusieurs souffrent de maltraitance, de solitude et d’isolement. D’autres ont des revenus trop faibles et n’ont que difficilement accès à un logement décent, à des soins de santé de qualité et à une saine alimentation.

Avec des informations de la CPMC, de l'AMC et de l'Association nationale des retraités fédéraux

Lire aussi :

Foyers de soins : l’Ontario enquêtera sur la maltraitance des aînés

COVID-19 et CHSLD au Québec : les aînés victimes de l’omerta dans le réseau?

Lueur d’espoir : des aînés qui survivent à la COVID-19

Catégories : Santé
Mots-clés : , , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.