Un manifestant anti-masques s'entretient avec un contre-manifestant pro-masques. Plus de 1000 manifestants ont défilé le 7 novembre dans les rues de Aylmer, Ontario, une petite ville de 9000 personnes pour demander la fin des restrictions imposées par les autorités. (Photo Geoff Robins/Afp/Getty Images)

Ottawa en demande plus aux provinces alors que la COVID-19 explose au pays

Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, a exhorté les dirigeants des dix provinces canadiennes à « faire ce qu’il faut » pour ralentir la propagation du coronavirus alors que le pays fait face à une seconde vague qui se répand très rapidement. 

Sans identifier précisément les premiers ministres et maires qui n’en font pas assez selon lui, M. Trudeau a dit espérer « qu’aucun des leaders de notre pays ne relâche sa vigilance parce qu’il ressent de la pression pour ne pas fermer des entreprises ou ralentir l’économie ».

« Je comprends cette inquiétude, mais laissez-moi vous dire : c’est comme ça que des entreprises vont finir par faire faillite et que l’économie subira encore plus de dommages », a déclaré le premier ministre lors d’une conférence de presse mardi matin.

« On est en train de voir une résurgence très forte de la COVID-19, on voit des [nombres de] cas records dans des juridictions qui pourraient en faire plus pour amener des règles et limiter l’expansion […] de la COVID-19. »Justin Trudeau, premier ministre du Canada

La semaine dernière, le Canada a enregistré plus de 3800 cas par jour en moyenne.

Le premier ministre a de nouveau reconnu que ce n’était pas le rôle du gouvernement fédéral d’intervenir dans les politiques de santé publique provinciales. Il a toutefois ajouté que son gouvernement était là pour soutenir les commerces et personnes affectées par les fermetures.

« Si vous croyez qu’il manque quelque chose dans le soutien qu’on offre à vos citoyens, dites-nous-le », a-t-il déclaré en s’adressant aux provinces.

Au cours des derniers jours, le Québec, l’Ontario, la Colombie-Britannique, l’Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba ont tous fracassé de précédents records du nombre de cas quotidiens de COVID-19. Les mesures adoptées par leur gouvernement respectif diffèrent cependant grandement.

Le Manitoba passe en code rouge

Alors que Justin Trudeau s’exprimait, le premier ministre du Manitoba, Brian Pallister, annonçait le passage de la province du centre du pays en code rouge. 

Cela signifie qu’à compter de jeudi, les services non essentiels devront fermer leurs portes et les rassemblements seront interdits partout au Manitoba.

Les commerces de détail essentiels tels que les pharmacies et les épiceries peuvent rester ouverts avec une capacité réduite à 25 % et les restaurants ne peuvent qu’offrir la livraison ou le ramassage. Seuls les garderies et les écoles resteront ouvertes à pleine capacité. Tout le reste, comprenant les services personnels (barbiers et autres services esthétiques), les salles de sport ou encore les musées et cinémas, doit fermer.

Les nouvelles restrictions, annoncées par le médecin hygiéniste en chef du Manitoba, Brent Roussin, seront en place pour « probablement quatre semaines ».

Le Dr Brent Roussin, administrateur en chef de la santé publique du Manitoba, lors d’une conférence de presse le 30 octobre dernier. (Photo : John Woods/ La Presse canadienne)

« Nous sommes vraiment à la croisée des chemins », a ajouté M. Roussin, alors que le Manitoba affiche le plus haut taux de cas actifs de COVID-19 par rapport à sa population au pays.

« Nous devons changer cela, et nous devons le faire maintenant. »Brent Roussin, médecin hygiéniste en chef du Manitoba

Compte tenu de cette augmentation soudaine de cas dans la province, Justin Trudeau a annoncé qu’il fournira plus de 61 millions de dollars aux Premières Nations du Manitoba pour les aider dans leur combat contre le virus. Cet argent servira à « soutenir les mesures de santé publique, la sécurité alimentaire et d’autres besoins en matière de moyens d’intervention d’urgence ».

La situation dans les autres provinces

En Ontario, le premier ministre Doug Ford n’a pas annoncé de nouvelles mesures, mais s’est dit « très inquiet » quant à la récente augmentation de cas dans la province. Il a toutefois demandé un soutien financier accru et plus rapide à Ottawa.

Toronto, la ville la plus peuplée de la province et du Canada, a, quant à elle, annoncé de nouvelles mesures. Les restaurants, les bars, les casinos et les salles de sport en intérieur doivent rester fermés pour 28 jours de plus pour contrôler ce que la médecin hygiéniste en chef de la ville, le Dr Eileen de Villa, qualifie de plus importante propagation du virus à ce jour.

« Nous sommes dans une situation à haut risque. Il ne faut pas paniquer, il faut agir. »Dr Eileen de Villa, médecin hygiéniste en chef de Toronto

Dre Eileen de Villa, médecin hygiéniste de Toronto, a annoncé les nouvelles mesures mardi après-midi en compagnie du maire John Tory. (Photo : Chris Young/ La Presse canadienne)

Au Québec, où l’on a enregistré le plus grand nombre de cas, le premier ministre François Legault a déclaré qu’il maintiendrait les restrictions sur les zones les plus touchées pendant au moins deux semaines supplémentaires.

Lorsqu’on lui a demandé son avis quant aux propos de Justin Trudeau, M. Legault a admis en conférence de presse ne pas en avoir pris connaissance, mais s’est félicité de l’état de l’économie.

« 97 % des emplois qui existaient au mois de février ont été retrouvés », a déclaré le premier ministre québécois. Donc […] l’économie fonctionne relativement bien au Québec et on a l’intention évidemment de poursuivre dans cette direction. Il y a une mise à jour qui va être déposée jeudi. On va continuer d’aider, et les individus et les entreprises. »

En Alberta, une porte-parole du premier ministre Jason Kenney a vaguement réagi aux propos du premier ministre canadien. Le premier ministre a clairement dit que son but était de protéger des vies et le gagne-pain des Albertains, a-t-elle fait savoir.

Les nouveaux cas se multiplient partout au pays, sauf dans les provinces maritimes de la côte Atlantique qui ont fermé leurs frontières, même aux autres visiteurs canadiens. De nombreuses provinces refusent toujours d’imposer une nouvelle série de fermetures, craignant les dommages économiques pouvant en découler.

Theresa Tam, directrice de la santé publique du Canada, a notamment déploré l’échec du Canada à ralentir la propagation du virus lors d’une conférence de presse.

« Il est clair que nous n’avons pas encore réussi à infléchir la courbe de croissance accélérée. »Theresa Tam, directrice de la santé publique du Canada

Le virus aura plus de chances de se propager à mesure que l’hiver s’installe, forçant les gens à rester à l’intérieur, a-t-elle ajouté.

Justin Trudeau a toutefois annoncé mardi matin que Santé Canada avait approuvé un autre outil de dépistage rapide, le BD Veritor. Il s’agit d’un appareil portatif qui peut effectuer un test en un peu plus de 15 minutes.

7,6 millions de tests auraient été commandés et les premiers devraient arriver dans les prochaines semaines, a affirmé le premier ministre.

Ottawa assure avoir déjà fourni plus de 3,3 millions de tests de dépistage rapide aux provinces et aux territoires.

Avec les informations de Reuters, Radio-Canada et CBC News.

Catégories : Politique, Santé
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