Dans le cadre de cette mise à jour, Québec envisage d’investir 1,8 milliard de dollars pour soutenir la population et relancer l’économie. Le gouvernement met l’accent sur la réduction de la dette et un retour à l’équilibre budgétaire dans les cinq prochaines années.
Plus d’argent dans le réseau de la santé
De nombreuses personnes ont réagi à cette annonce. Même si elles ont trouvé quelques points positifs, elles dénoncent les failles dans des services sociaux de base, notamment en santé, en soins aux aînés, en éducation, en enseignement supérieur et en services de garde.
La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) soutient que le gouvernement a omis de créer les marges nécessaires pour atténuer la crise dans le réseau de la santé, les services sociaux et les services de garde.
La fédération souligne le manque criant de personnel et les importants enjeux en santé mentale, d’où la demande d’investissements supplémentaires. Les fonds devraient provenir du gouvernement. Mais pour l’instant, Québec compte davantage sur les transferts fédéraux en santé pour financer le réseau.
« On ne peut pas aller chercher de nouveaux revenus tout en gardant le cap sur la réduction de la dette et un retour rapide à l’équilibre budgétaire. On peut craindre une nouvelle forme d’austérité. Le gouvernement doit sortir de son étau idéologique et prendre les mesures qui s’imposent pour sortir nos réseaux de la crise », a dit Jeff Begley, président de la FSSS-CSN.
Le Réseau FADOQ a aussi décrié l’absence d’« investissements significatifs » dans les soins à domicile. Ils sont en déclin depuis le début de la COVID-19, a relevé la présidente, Gisèle Tassé Godman. Cette dernière estime que le gouvernement doit agir au plus vite pour combler le fossé par rapport aux pays comparables dans l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).
Québec n’investit en réalité que 1,3 % de son PIB aux soins de longue durée, ce qui se situe en deçà de la moyenne au sein de l’OCDE qui est de 1,7 %.
« C’est trop peu, d’autant plus que la très grande majorité des Québécoises et Québécois désirent demeurer chez eux le plus longtemps possible », a mentionné Mme Tassé. Elle préconise une approche plus humaine qui nécessite plus de ressources.

Le manque de personnels, les enjeux de santé mentale et la qualité des soins aux aînés sont autant de défis qui nécessitent de nouveaux investissements au Québec. Photo : iStock
Sortir les femmes et les enseignants de la précarité
La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a estimé que les femmes sont les grandes perdantes de cette mise à jour économique. Elles sont surreprésentées dans les métiers de l’éducation et de la santé.
Elles représenteraient 75 % des effectifs dans ces métiers qui manquent cruellement de main-d’œuvre depuis quelques années.
La présidente de la CSQ, Sonia Ethier, considère que l’investissement de 117 millions est loin de répondre aux besoins. Elle regrette que l’enseignement supérieur « passe sous le radar » de cette mise à jour.
La Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) a de son côté déploré que la précarité rend les chargés de cours à l’université plus vulnérables.
Caroline Quesnel, la présidente, redoute l’impact du sous-financement sur la persévérance et la réussite scolaires, car la somme de 250 millions pour faciliter l’accès au réseau collégial et la diplomation est insuffisante par rapport aux défis.
Fiscalité : un plomb dans l’aile des PME
La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante s’offusque du fait que le gouvernement n’ait pas amélioré l’aide aux entreprises, pourtant il a maintenu l’iniquité fiscale.
Entre 18 000 et 30 000 PME québécoises sont menacées de fermeture en raison des impacts de la COVID-19.
Pour les sauver, le gouvernement devrait augmenter la portion des subventions allouées pour le programme d’aide, élargir l’accès aux différentes catégories d’entrepreneurs et étaler la période de paiement des prêts. Par ailleurs, Québec devrait alléger les démarches pour faciliter l’accès aux programmes d’aide existants.
La condition de 5500 heures pour avoir accès au taux d’imposition réduit pour les PME du secteur de la construction devrait être revue.
La FCEI souligne que cela élargirait la qualification à la réduction d’impôt à près de 54 % des PME qui sont en deçà de cette exigence, en raison du manque de personnel exacerbé par la crise sanitaire. Les entreprises qui ne se qualifient pas sont exposées à une hausse de leur imposition de l’ordre de 130 %.
Les organisations ont néanmoins mentionné que tout n’est pas sombre. Plusieurs mesures ont été saluées.
C’est le cas des annonces visant l’accélération des projets d’investissement des entreprises, le soutien au développement économique des régions, l’appui à la production québécoise, à l’achat local et au plan pour une économie verte. Elles ont été mises de l’avant par l’Union des municipalités du Québec (UMQ).
D’autres mesures, comme les nouvelles orientations visant la requalification de la main-d’œuvre, la numérisation des entreprises, le soutien à l’innovation ainsi que l’ajout de ressources en santé mentale, ont été célébrées.
Mais, la cheffe de l’opposition officielle à Québec, Dominique Anglade, a estimé que la taxation des géants du web a été laissée de côté.
Dans le même ordre d’idée, plusieurs organisations ont lancé un appel au gouvernement afin qu’il opte pour des solutions fiscales qui vont permettre de renforcer le filet social.
Avec des informations du gouvernement du Québec, de l'UMQ, de la FCEI, du Réseau FADOQ, de la FNEEQ-CSN de la Centrale des syndicats du Québec et de la FSSS-CSN
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