L’alliance « Five eyes » (les « Cinq yeux »), regroupant les services de renseignement de cinq pays, dont le Canada, a accusé mercredi la Chine de mener une action concertée pour faire taire les critiques du gouvernement à Hong Kong.
Elle a également demandé à Pékin de faire marche arrière et d’annuler cette nouvelle loi.
L’alliance se réfère à l’imposition par le gouvernement chinois d’une résolution permettant d’exclure des élus de Hong Kong du parlement local considéré comme une menace pour la sécurité nationale, sans même passer devant un tribunal. Quatre élus de l’opposition du conseil législatif hongkongais ont été exclus la semaine dernière par les autorités locales.
« Nous appelons les autorités centrales chinoises à revoir leurs actions contre la législature élue de Hong Kong et à réintégrer immédiatement les membres du Conseil législatif », ont dit les ministres des Affaires étrangères de l’Australie, du Royaume-Uni, du Canada, de la Nouvelle-Zélande et des États-Unis dans un communiqué.
Quinze parlementaires prodémocratie avaient annoncé leur démission du Conseil législatif suite au renvoi de leur collègue. Pour la première fois depuis que la Grande-Bretagne a remis Hong Kong à la Chine, le Parlement local n’a pratiquement pas de voix dissidentes.

Des étudiants recréent une scène de la manifestation prodémocratie de l’année dernière sur le campus de l’université chinoise de Hong Kong, le 19 novembre 2020. (Photo : Anthony Kwan/Getty Images)
La réaction chinoise ne s’est pas fait attendre.
Si l’alliance Five Eyes osait porter atteinte à la souveraineté, à la sécurité ou aux intérêts de la Chine, elle devrait faire attention à ne pas « se faire arracher les yeux », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Zhao Lijian, lors d’une conférence de presse quotidienne à Pékin jeudi.
« Les Chinois ne causent jamais d’ennuis et n’ont jamais peur de rien », a ajouté M. Zhao, en précisant que ça ne changeait rien « qu’ils aient 5 ou 10 yeux ».
Le ministère chinois des Affaires étrangères à Hong Kong avait déclaré précédemment que toute tentative des nations étrangères de menacer ou de faire pression sur Pékin pour qu’il fasse des concessions était « vouée à l’échec ».
La semaine dernière, le gouvernement canadien s’est dit concerné par l’exclusion des parlementaires prodémocatie hongkongais.
« Cette action montre clairement un mépris inquiétant pour la Loi fondamentale de Hong Kong et le degré élevé d’autonomie promis à Hong Kong suivant le principe du « un pays, deux systèmes » », avait déclaré le ministre canadien des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne.

Le ministre canadien des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, s’est dit concerné par la situation à Hong Kong. (Photo : Petros Giannakouris/AP Photo)
Hong Kong est censé fonctionner dans ce cadre après que la Grande-Bretagne a remis son ancienne colonie à Pékin en 1997 dans le cadre d’un accord international.
En tant que région administrative spéciale, Hong Kong devrait avoir son propre système juridique, de multiples partis politiques et des droits, dont la liberté de réunion et la liberté d’expression, jusqu’à 2047.
Toutefois, plusieurs gouvernements occidentaux ainsi que des organismes humanitaires affirment que la nouvelle loi de Pékin sur la sécurité nationale porte atteinte à la liberté de la région.
La Grande-Bretagne considère également que la Chine a enfreint la déclaration commune à trois reprises, notamment avec cette nouvelle loi sur la sécurité nationale.
« La décision de la Chine est une violation évidente de ses obligations internationales en vertu de la déclaration commune sino-britannique, juridiquement contraignante et enregistrée par les Nations unies », ont notamment déclaré les cinq alliés anglophones qui ont conclu un accord de partage de renseignements et de techniques de collecte.
Les membres de l’alliance ont par la suite demandé à Pékin de réintégrer les quatre politiciens renvoyés, ajoutant que Pékin portait atteinte aux droits des habitants de Hong Kong d’élire leurs représentants.
La Chine dit qu’elle a mis en place cette nouvelle législation afin de rétablir l’ordre après des manifestations prodémocratie qui ont lieu à Hong Kong depuis juin dernier.
En réaction à cette décision chinoise, le gouvernement canadien a annoncé la semaine dernière de nouvelles mesures facilitant les démarches d’immigration des étudiants et jeunes hongkongais souhaitant venir s’établir au pays.
Avec les informations de Reuters et la BBC.
À lire aussi :

Ottawa facilite l’immigration des Hongkongais en réponse aux actions chinoises
Le gouvernement canadien a annoncé jeudi de nouvelles mesures facilitant les démarches d’immigration des étudiants et jeunes Hongkongais souhaitant venir s’établir au pays. Cette annonce intervient en réaction aux actions entreprises par Pékin contre le mouvement prodémocratie. Le ministre de… »
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.