L'avocate française Gisele Halimi et son homologue palestinien Jawad Boulos, tous deux chargés de la défense du leader palestinien du Fatah en Cisjordanie, Marwan Barghuti, tiennent une conférence de presse à Jérusalem-Est le 7 septembre 2002. La Palestine a été l'un des derniers combats de Mme Halimi comme nous le rappelle Wassyla Tamzali dans la conférence (Photo : AWAD/AFP/Getty Images)

Gisèle Halimi|Hommage teinté d’émotion pour la grande féministe

Un vibrant hommage a été rendu mardi à la grande avocate et féministe Gisèle Halimi lors d’une conférence virtuelle dans le cadre du Festival du Monde Arabe de Montréal. 

Trois panélistes d’exception étaient regroupés pour rendre hommage à cette grande Tunisienne qui a grandement œuvré pour la cause des femmes en France, mais aussi dans le monde.

Wassyla Tamzali ,qui a bien connu Mme Halimi, est revenue sur sa relation avec l’avocate de renom en évoquant de nombreux détails personnels. Elle a notamment fait référence au dernier combat de la femme politique pour la cause des Palestiniens. 

« Mon grand-père paternel me racontait souvent, par bribes, l’épopée de la Kahina. Cette femme qui chevauchait à la tête de ses armées, les cheveux couleur de miel lui coulant jusqu’aux reins », écrivait Gisèle Halimi en 1988 dans Lait de l’oranger. Pour Mme Tamzali, Gisèle incarnait la Kahina et elle en arborait d’ailleurs la chevelure dans ses dernières années, a confié la grande féministe algérienne durant la conférence.
(Photo : Boyan Topaloff/AFP/Getty Images)

Mme Tamzali est essayiste, ancienne avocate à Alger et ancienne directrice des droits des femmes à l’UNESCO. Elle est l’une de ces voix importantes qui rappellent que ces droits sont reconnus à toutes les femmes, peu importe leur lieu d’origine ou leur appartenance religieuse. 

Était aussi présente la femme politique et avocate Bochra Bel Haj Hmida, figure du mouvement des droits de l’homme dans son pays, la Tunisie. Mme Bel Haj Hmida a expliqué durant cette conférence que malgré n’avoir rencontré Gisèle Halimi qu’à quelques reprises, la figure féministe l’a toujours inspirée dans ses travaux.

Dans sa vie au tribunal comme en politique, elle n’a jamais cessé de défendre les droits de la personne, des femmes en particulier, avec une vision progressiste. Elle a notamment été à la tête de commissions parlementaires, mais aussi d’associations défendant les droits des femmes.

Enfin, Mourad Zeghidi, figure du paysage médiatique en Tunisie, était aussi présent mardi. Il est notamment revenu sur l’influence de Gisèle Halimi dans son pays, mais aussi dans sa jeunesse à travers les récits de sa grand-mère. 

Après avoir quitté la Tunisie pour un parcours de plus de 15 ans au sein du Groupe Canal + en France et en Afrique dans le domaine du journalisme sportif, M Zeghidi est revenu dans son pays en 2015. Il s’est orienté vers la communication politique en étant présent en tant qu’acteur ou en tant qu’observateur lors des principaux événements qu’a vécus la Tunisie lors de la transition démocratique. 

Ensemble, ces trois personnalités se sont rejointes et parfois confrontées dans un débat marquant pour rendre hommage à la vie de Gisèle Halimi en y mêlant de mouvants témoignages personnels.

La conférence est disponible ici si vous l’avez manquée :

La vie de Gisèle Halimi

C’est dans une famille pauvre juive sépharade que Zeiza Gisèle Élise Taïeb voit le jour le 27 juillet 1927 dans le quartier de la Goulette, à Tunis.

Elle naît toutefois dans la plus totale discrétion, car son père fait croire pendant deux semaines que sa femme n’a pas encore accouché.

Avoir une fille est alors vue comme une malédiction, un véritable fardeau. Giselle se rappellera toujours cet événement, mais quelle meilleure naissance pour une féministe, ont évoqué avec humour les invités de la conférence.

Son combat pour le droit des femmes commence notamment avec des grèves de la faim durant son enfance pour dénoncer le patriarcat.

Gisèle Halimi connaissait bien le philosophe français Jean-Paul Sartre et l’écrivaine française Simone de Beauvoir. Ils sont ici photographiés dans un restaurant parisien le 27 mai 1970. (Photo : AFP/Getty Images)

Son premier grand combat public a toutefois lieu lors de la guerre d’Algérie avec sa lutte contre la torture et le colonialisme et le cas de Djamila Boupacha.

Amie de Simone Veil et compagne de route de Simone de Beauvoir et de Jean-Paul Sartre, l’avocate, militante et écrivaine a marqué l’histoire des droits des femmes en France. 

Courageuse, franche et obstinée, elle était de tous les combats : droit à l’avortement, abolition de la peine de mort, criminalisation du viol, dépénalisation de l’homosexualité.

Aujourd’hui, autant la France que la Tunisie veulent lui rendre hommage en renommant des avenues ou des places en son nom, mais aussi en lui offrant une panthéonisation.

Reposera-t-elle dans l’Hexagone ou dans son pays de naissance? Regardez la conférence où la question a été abordée pour connaître la réflexion des invités.

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Catégories : International, Société
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