Le gouvernement canadien vient d’ordonner la fermeture temporaire, à partir de jeudi soir, des activités de pêche au large de la côte sud-ouest de la Nouvelle-Écosse après que des baleines franches nord-américaines ont été détectées dans cette zone.
La fermeture touche une des zones de pêche au homard les plus lucratives de la Nouvelle-Écosse, et elle est annoncée tout juste quelques jours avant le début de la saison de pêche au homard réglementée par le gouvernement fédéral.
Les pêcheurs de crabe, de hareng et de maquereau sont aussi visés par la décision.
Le gouvernement fédéral avait fermé, rappelons-le, la pêche au début du mois dans le golfe du Saint-Laurent en raison de la présence de baleines noires dans cette zone.
Depuis 2017, le gouvernement canadien a intensifié ses mesures et a multiplié ses annonces pour protéger l’espèce en danger, comme des fermetures temporaires ou permanentes de zones de pêche, en particulier dans le golfe du Saint-Laurent, et des limitations de vitesse pour les navires dans les zones où les baleines noires sont fréquentes.
Aux États-Unis, la National Oceanic and Atmospheric Administration a récemment estimé que la population de baleines franches de l’Atlantique Nord a chuté de façon spectaculaire, passant de 412 en 2018 à seulement 366 en 2019.
Sombre constat pour les baleines noires dans tout l’Atlantique Nord
Données très sombres également que celles compilées par le North Atlantic Right Whale Consortium (NARWC). Il indiquait, le mois dernier, que la population de baleines noires de l’Atlantique Nord est passée de 409 l’année dernière à seulement 356 cet automne.
Les baleines sont comptées une à une grâce à la surveillance aérienne et maritime. Les scientifiques identifient les individus en fonction des marques uniques de chaque animal.
Le NARWC regroupe plus de 200 spécialistes de diverses organisations de recherche et de conservation, des industries de la navigation et de la pêche, des agences gouvernementales américaines et canadiennes et des autorités des États et des provinces.
Tous ses experts se consacrent à la conservation et à la reconstitution des stocks de baleines noires de l’Atlantique Nord. Mais il semble qu’ils sont en train de perdre la course, selon leur récente estimation du nombre de baleines, que l’un d’entre eux qualifie de « déchirante ».
« Pour nous, c’est bien plus qu’un simple chiffre. Ce sont des individus que nous avons connus, pour moi, pendant toute ma vie professionnelle », expliquait récemment Philip Hamilton, chercheur à l’aquarium de Boston.

L’enchevêtrement des baleines noires dans de l’équipement de pêche est une cause importante de mort prématurée. Photo : International Fund for Animal Welfare
Des femelles en âge de se reproduire en nombre insuffisant
Selon Philip Hamilton, le faible taux de natalité associé à la mort des baleines dans des équipements de pêche ou par des collisions avec des navires signifie qu’il pourrait ne plus y avoir de femelles en âge de se reproduire d’ici les 10 à 20 prochaines années.
Selon lui, il n’y a qu’environ 70 femelles reproductrices dans la population restante de 356 baleines noires.
« Nous devons agir et le faire maintenant. Nous ne pouvons pas dire : « O.K., faisons quelques études supplémentaires. » Nous savons qu’elles sont en train de mourir. Nous savons que les baleines s’emmêlent dans les filets de pêche. Nous devons juste augmenter les mesures de protection. »
Les plus grandes menaces pour la survie de l’espèce sont les collisions avec des navires et l’enchevêtrement dans l’équipement de pêche. La solution la plus visible, pour le moment, serait celle des casiers de pêche sans bouée (ou avec corde sur demande, ou ropeless en anglais).
Le principe est simple. Le casier repose au fond et le capitaine, lors de son arrivée, appuie sur un bouton qui provoque la libération d’une bouée attachée à un câble. L’absence de corde dans la colonne d’eau élimine tout risque d’enchevêtrement.
Si tout va bien, la bouée apparaît à la surface au bout de 60 ou 90 secondes pour permettre aux pêcheurs de remonter le casier de la manière habituelle. Lors de certains essais, la bouée a cependant mis jusqu’à 30 minutes avant d’apparaître, et dans d’autres cas elle n’est jamais remontée. La technologie est donc pour le moment inutilisable.

Photo : iStock
RCI avec La Presse canadienne et CBC News
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