Un macareux moine du Biodôme est mort au moment de la réintégration dans le nouvel espace rénové. (Photo : iStock)

Des dizaines d’animaux du Biodôme de Montréal n’ont pas survécu au déménagement

Déplacés pendant deux ans pour cause de travaux, plusieurs animaux du Biodôme de Montréal n’ont pas survécu au déménagement, a appris Radio-Canada grâce à une demande d’accès à l’information. 

En tout, 76 animaux seraient décédés de causes inhabituelles sur les 4500 qui ont été déracinés de leur habitat en 2018. Sept morts supplémentaires y seraient également liées.

Un singe callimico fait partie des individus qui n’ont pas survécu au déménagement. (Photo : Claude Lafond/Espace pour la vie)

La principale raison retenue par la vétérinaire du Biodôme, Emiko Wong, pour expliquer ces décès est le stress induit par le déplacement. Ainsi, le petit singe callimico a par exemple développé des problèmes aux reins, probablement liés à une déshydratation causée par le stress. 

Même si pour certaines morts survenues après le déplacement, Mme Wong exprime des doutes quant au rôle du stress, pour d’autres mortalités, le lien de cause à effet est avéré.

Les oiseaux ont été les plus touchés

Plus tôt cette année, un manchot papou est mort d’une maladie fongique similaire à celle contractée par un petit pingouin auparavant. C’est du jamais vu en 20 ans pour Emiko Wong, qui soupçonne le rôle du « stress cumulatif » comme raison.

En tout, une trentaine d’oiseaux sont morts en lien avec le déracinement. La vétérinaire a notamment confié à Radio-Canada que les oiseaux sont plus fragiles et que l’installation temporaire dans des environnements différents de la forêt tropicale leur a été fatale.

« Ils n’ont pas eu autant de stimulations, pas autant d’opportunités d’exprimer des comportements naturels, explique Mme Wong. On savait que c’était temporaire. Et malgré que ça respectait les normes, il faut comprendre que c’était un stress. »

Deux araçaris verts sont morts à cause du déménagement, et de nombreux oiseaux tropicaux n’ont pas survécu au déracinement. (Photo : Claude Lafond/Espace pour la vie)

D’autres facteurs que le stress ont mené à la mort de plusieurs oiseaux. Ainsi, 4 mouettes et 12 sternes ont été tuées par une belette venue de l’extérieur.

Trois espèces de chauves-souris ont été quant à elle décimées par un problème de revêtement de leur habitat temporaire.

« On pensait qu’il serait adéquat, mais il était un peu trop abrasif, explique Emiko Wong. Dès qu’on a vu les chauves-souris en souffrir, on a changé le revêtement. »

En tout, 46 de ces petits animaux nocturnes ont péri.

En raison de ces décès prématurés, l’équipe du Biodôme a décidé de ne pas ramener certains animaux pour leur éviter le stress du voyage retour. C’est le cas des manchots royaux qui résident désormais au zoo de Calgary. Les adultes finiront leurs jours en Alberta, mais des petits nés sur place et d’autres individus plus jeunes sont tout de même à Montréal.

Un manchot royal dans son chariot de transport, en avril 2018. (Photo : Radio-Canada)

Les conséquences de ce déplacement devraient servir de leçon pour ne pas refaire les mêmes erreurs selon Emiko Wong. Le parallèle entre la situation au Biodôme et celle au parc Michel-Chartrand de Longueuil où une quinzaine de cerfs de Virginie doivent être déplacés vient ainsi rapidement à l’esprit. 

Pour la vétérinaire, déplacer les cerfs n’était « pas la meilleure décision ».

« Pour plusieurs espèces, c’est quand même démontré que ça peut avoir un effet délétère et ça peut même être une forme d’euthanasie cruelle à petit feu », a-t-elle affirmé à Radio-Canada.

Le Biodôme de Montréal a rouvert le 31 août 2020 pour fermer de nouveau un mois plus tard. (Photo : Mélanie Dusseault/Espace pour la vie)

Le Biodôme rouvert puis refermé

Le 31 août dernier, le Biodôme montréalais rouvrait ses portes au public après plus de deux ans de travaux de rénovation.

Les installations ont été repensées afin d’offrir une plus grande proximité entre les animaux et les visiteurs, mais aussi de nouvelles expériences éducatives.

Par exemple, « vous pouvez observer les oiseaux de la forêt tropicale depuis le sommet des arbres. Vous entrez littéralement dans une hutte de castor et vous expérimentez même le froid subpolaire comme les manchots », indiquait le communiqué. 

Le Biodôme a également mis en place un mur des découvertes mettant en lumière l’envers du décor. Il répond notamment aux questions telles que : comment fait-on hiberner les tortues en hiver? Qui invente les activités d’enrichissement qui permettent de stimuler les animaux? Comment les vétérinaires font-ils pour examiner les animaux malades? 

Cependant, la réouverture n’aura pas duré longtemps. À cause des mesures sanitaires mises en place par le gouvernement québécois afin de freiner la propagation de la COVID-19, le lieu est fermé au public depuis le 1er octobre.

Il s’agit toutefois d’une bonne nouvelle pour les animaux qui peuvent ainsi prendre leur temps pour se réhabituer à leur environnement.

Avec les informations de Radio-Canada.

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Catégories : Environnement et vie animale, Société
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