De plus en plus de jeunes Canadiens s’exposeraient aux effets de la nicotine, étant donné que celle-ci est présente dans presque tous les liquides de vapotage qui sont réchauffés et transformés en vapeur par les appareils de vapotage qu’ils utilisent. Selon Statistiques Canada, 1 % des 15-19 ans et des 20-24 ans ont dit avoir utilisé ces appareils sans savoir qu’ils renfermaient de la nicotine. Crédit : Istock

Vapotage : revoir la réglementation partout au Canada pour protéger les jeunes

Les gouvernements sont appelés à légiférer pour protéger les jeunes Canadiens contre le vapotage. La mode augmente, malgré les problèmes de santé.

Parmi les voix qui sollicitent une révision des règlements, il y a celle de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac. En juillet dernier, elle a émis quelque réserve au sujet du Règlement sur la promotion des produits de vapotage publié par le gouvernement du Canada. Celui-ci entendait ainsi apporter des ajustements à la loi de 2018 légalisant les produits de vapotage.

Ce règlement manquerait d’envergure, selon la Coalition. Il porte, entre autres, sur la publicité et la promotion aux points de vente. Il interdit aux acteurs de l’industrie et aux distributeurs de faire la promotion d’un produit de vapotage ou d’un élément de marque d’un tel produit en faisant appel à de la publicité destinée aux jeunes.

Par contre, il prévoit des exemptions lorsque la publicité est faite dans un point de vente qui remplit les conditions fixées par la loi, ou lorsque celle-ci s’adresse par sa dénomination à un public adulte. Le règlement interdit également que les produits de vapotage soient à la vue des jeunes, et il s’applique dans certains cas en fonction de la législation provinciale.

La Coalition a déploré un certain « laisser-faire du gouvernement » en ce qui a trait au vapotage chez les jeunes et chez les non-fumeurs du pays, et elle a décrié la désuétude de la loi de 2018, malgré les amendements apportés. Bien que le Rrèglement soit entré en vigueur en août et en septembre derniers, les vidéos promotionnelles des cigarettes électroniques se poursuivent dans les bars, les sites web et les réseaux sociaux.

Même s’il est indiqué qu’elles sont réservées aux adultes, « le style branché » constaté par la Coalition s’adresserait davantage aux jeunes qui y auraient facilement accès. Ce problème a été porté à l’attention d’Ottawa pour qu’il prenne des mesures « plus solides pour rendre ces produits moins attrayants pour les jeunes ».

« La loi de 2018 légalisant les produits de vapotage était trop faible, et les correctifs réglementaires aujourd’hui le sont aussi, en plus d’arriver plusieurs mois en retard », avait alors affirmé Flory Douglas, porte-parole et coordonnatrice de la Coalition.

Au cours des deux dernières années, des cas de maladies pulmonaires graves rapportés aux États-Unis et au Canada ont suscité de l’intérêt autour des liens possibles avec le vapotage. À la suite de cela, plusieurs études au Québec, en Ontario, en Colombie-Britannique et en Nouvelle-Écosse notamment, ont montré un intérêt de plus en plus marqué des jeunes Canadiens pour les cigarettes électroniques.

Elles ont comme point commun le fait de mettre de l’avant l’impact de la publicité des différentes marques et des saveurs attrayantes sur la tendance à la dépendance de ces derniers à ces produits.

Bien que des données probantes ne permettent pas d’établir un lien entre le vapotage et les problèmes de santé jusqu’ici soupçonnés, les experts estiment que les pouvoirs publics devraient protéger la jeunesse. La loi doit être plus contraignante.

« Le gouvernement aurait dû agir en 2019 alors qu’il était évident que l’industrie déployait des stratégies de promotion agressives et abusives et que le vapotage nicotinique augmentait en flèche chez les jeunes », a commenté Mme Douglas.

Cette dernière observe que malgré l’existence de nouvelles mesures à ce sujet au Québec depuis 2016, les jeunes demeurent exposés au vapotage.

Données sur le vapotage des jeunes au Canada

En 2015, 15 % des adolescents âgés de 15 à 19 ans ont déclaré avoir vapoté au cours des 30 jours ayant précédé l’Enquête canadienne sur le tabac et la nicotine, menée par Statistique Canada. Plus du tiers de ces jeunes ont déclaré avoir essayé le vapotage.

La Coalition québécoise pour le contrôle du tabac souligne la nécessité pour le fédéral de légiférer sur les arômes des liquides de vapotage qui suscitent un attrait particulier auprès des jeunes. Photo : iStock

Parmi les jeunes adultes de 20 à 24 ans, 15 % ont également vapoté au cours des 30 jours ayant précédé l’Enquête et près de la moitié ont déclaré avoir vapoté à un moment quelconque.

En comparaison, seulement 3 % des adultes de 25 ans et plus ont déclaré avoir vapoté au cours de la même période de 30 jours. Et des 12 % qui l’ont essayé à un moment quelconque, il ressort que la tendance du vapotage est plus élevée chez les jeunes. (Source : Statistique Canada)

Le Québec pressé de respecter son engagement de mettre en place de nouvelles mesures

En raison des inquiétudes soulevées par le milieu de la santé et les experts de partout au Canada, le Québec avait pris l’engagement d’agir pour protéger les jeunes contre la cigarette électronique, comme c’est le cas en Colombie-Britannique et en Nouvelle-Écosse.

Dans ces deux provinces, de nouveaux règlements encadrant la production et la distribution de ce produit sont entrés en vigueur au printemps 2020. La Colombie-Britannique a notamment limité l’accès à ces produits de vapotage et a imposé des restrictions sur les saveurs, les taux de nicotine, les emballages et la publicité. Les autorités ont annoncé une augmentation, depuis le 1er janvier, des taxes sur les produits de vapotage comme mesures dissuasives.

Le gouvernement fédéral devrait mettre en place une réglementation nationale pour encadrer l’industrie des grossistes de cigarettes électroniques et contrer le marché noir. C’est du moins ce qu’avait recommandé le ministre de la Santé de la Colombie-Britannique, Adrian Dix, à la fin de 2019, à l’annonce des nouvelles mesures pour encadrer la cigarette électronique dans cette province.

En Nouvelle-Écosse, où la vente de tabac aromatisée est proscrite, le gouvernement avait résolu l’an dernier d’interdire complètement la vente de cigarettes électroniques et de jus de fruits aromatisés, dès le 1er avril 2020. C’est une façon de préserver les 95 % des jeunes qui ont dit vapoter avec des préférences pour ces jus de fruits.

Le Québec semble sur le point de prendre du retard dans ce dossier. Le Groupe spécial d’intervention, mis en place par le ministère de la Santé l’année dernière, a déposé un rapport de mise en œuvre 2015-2020 de la Loi sur la lutte contre le tabagisme, adoptée il y a 5 ans.

La province doit encadrer concrètement les saveurs et le taux de nicotine dans ces cigarettes, entre autres. Ces points figurent parmi les recommandations clés du rapport commandé l’année dernière et déposé cette année au Parlement du Québec, afin que la loi soit mise à jour.

Le rapport a décrié toutes les stratégies de l’industrie en vue d’attirer les jeunes qui développent une dépendance à la nicotine avec des risques importants pour leur santé. Il fait aussi mention d’un manque de moyens pour s’attaquer efficacement aux pratiques illégales et frauduleuses des fabricants et distributeurs.

« Nous attendons avec grande anticipation la concrétisation de l’engagement du gouvernement, annoncé il y a un an, pour instaurer des mesures visant à contrer le vapotage chez les jeunes d’ici la fin de l’année », a affirmé Mme Douglas, dans un communiqué, jeudi.

Avec des informations de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, des gouvernements de la Colombie-Britannique, de la Nouvelle-Écosse, et Statistique Canada

Lire aussi :

Photo : iStock

Groupe d’intervention sur le vapotage au Québec : bouée pour sauver les jeunes?

Catégories : Société
Mots-clés : , , , , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.