Les patients non hospitalisés qui souhaiteraient participer à l'étude expérimentale COLCORANA sont invités à appeler le 1877 536 6837. Jean-Claude Tardif, directeur du Centre de recherche de l’Institut de cardiologie de Montréal (ICM), soutient que Colchicine peut lutter contre les tempêtes inflammatoires chez les patients atteints de COVID-19, permettre de prévenir les hospitalisations et les décès. Crédit : Istock

Colchicine pour traiter les patients atteints par la COVID-19 à domicile?

L’Institut de cardiologie de Montréal (ICM) est engagé dans l’étude clinique COLCORONA dans la lutte contre la pandémie de COVID-19.

À l’issue de la deuxième analyse intérimaire de l’étude, l’ICM observe qu’en raison de la hausse du nombre de cas un peu partout dans le monde, il convient de poursuivre le traitement, y compris auprès des personnes les moins durement touchées.

L’Institut poursuit ainsi le recrutement auprès de personnes atteintes, mais qui ne sont pas prises en charge dans le réseau de la santé. Cette décision est prise après des recommandations du comité de surveillance des données.

« Avec l’augmentation dramatique des cas de COVID-19 à travers le monde, il devient encore plus critique que nous continuions la recherche de traitements qui peuvent non seulement améliorer la situation des personnes hospitalisées avec de graves complications, mais aussi celles dont les symptômes sont moins sévères et qui peuvent rester à la maison », affirme Jean-Claude Tardif, directeur du Centre de recherche de l’ICM.

Selon ce professeur de médecine à l’Université de Montréal et chercheur principal de l’étude COLCORONA, l’intention est d’achever le recrutement des patients pour continuer cette vaste étude clinique lancée dès les premiers mois de la pandémie.

Les promoteurs entendent ainsi mesurer l’incidence de la colchicine sur les complications liées à la COVID-19.

Il s’agit de « déterminer si un traitement existant à court terme avec un médicament existant réduit le risque de mortalité et de complication pulmonaire ». (site Internet dédié à COLCORONA).

Dans le cadre de cette étude, les personnes de 40 ans et plus, intéressés par ce traitement expérimental ,auront à prendre le médicament par voie orale, pendant 30 jours, à domicile. Photo : iStock

Un traitement vieux de plusieurs années qui a fait ses preuves

L’étude clinique, financée entre autres par le gouvernement du Québec et coordonnée par le Centre de coordination des essais cliniques de Montréal (MHICC), est déployée au Canada, aux États-Unis, en Europe, en Amérique du Sud et en Afrique du Sud.

Elle est lancée alors que la moyenne quotidienne des nouveaux cas de COVID-19 au Canada a atteint 5335 du 20 au 26 novembre, avec un total de 62 134 cas actifs dans tout le pays, dont 2111 cas pris en charge quotidiennement dans les hôpitaux, 432 cas en soins intensifs et 76 décès en moyenne chaque jour, selon les dernières données nationales de l’Agence de santé publique du Canada.

Dans une déclaration dimanche, l’administratrice en chef de la santé publique du Canada, Theresa Tam, a observé que la recrudescence de la COVID-19 se poursuit au pays, et que plusieurs régions connaissent une croissance rapide, d’où l’importance de continuer à prendre des précautions individuelles.

Selon la déclaration de Mme Tam, la transmission communautaire et les éclosions contribuent à la propagation de la COVID-19 au pays. L’incidence est plus importante chez les adultes âgées et les personnes de 80 ans et plus.

En octobre dernier, l’Institut de cardiologie de Montréal avait mentionné que la dose quotidienne de colchicine (0,5 mg) permettait de réduire de 48 % le risque d’un accident cardiovasculaire chez les patients qui ont pris ce médicament dans les trois jours qui ont suivi une crise cardiaque.

Ces données avaient été publiées à la suite de l’étude clinique COLCOT (COLchicine Cardiovascular Outcommes Trial), publiée dans le New England Journal of Medecine, présentée lors du Congrès virtuel de la European Society of Cardiology (ESC).

Ultérieurement, il avait aussi été démontré, dans le cadre d’autres études scientifiques de l’American Heart Association, et de l’American College of Cardiology que cet anti-inflammatoire avait des effets bénéfiques lorsqu’il était administré en traitement d’un infarctus du myocarde. Ces études avaient compté plus de 5000 patients.

« La colchicine est un médicament remarquablement abordable et bien toléré, avec des propriétés anti-inflammatoires et immunomodulatrices », avait alors souligné le Dr Jean-Claude Tardif dans un communiqué.

Ce médicament est très ancien, car utilisé depuis plusieurs années contre la goutte, la péricardite et la fièvre méditerranéenne familiale.

« Ces nouvelles données confirment non seulement les bienfaits de la colchicine chez les patients atteints de maladie coronarienne, mais renforce notre conviction que ce médicament peut également constituer un atout important dans la lutte contre la COVID-19 en réduisant les tempêtes inflammatoires chez les patients atteints de la maladie, et en prévenant les hospitalisations et même des décès », avait-il précisé.

Des microbiologistes et autres virologues font partie du groupe de 125 personnes qui travaillent dans cette étude depuis son lancement au Canada.

Il y a eu des informations selon lesquelles la colchicine causait une arythmie cardiaque, mais le Dr Tardif a relevé qu’il n’en était rien. Il a souligné, il y a quelques mois, lors d’une entrevue à Radio-Canada, l’importance de mener une étude clinique dans les règles de l’art pour mettre à la disposition du public des informations pertinentes.

Les données de l’étude sont placées sous la surveillance d’un comité indépendant constitué de chercheurs. C’est à ce comité de déterminer, sur la base d’indicateurs précis, à quel moment l’étude devra cesser.

Au lancement de COLCORONA, les chercheurs voulaient recruter jusqu’à 6000 patients et publier les premiers résultats de l’étude dans les 100 jours qui allaient suivre.

Avec des informations de l’Institut de cardiologie de Montréal et une entrevue de Radio-Canada avec le Dr Tardif

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Catégories : Santé
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