L’envie de partir s’installer dans un autre pays serait plus forte chez les personnes ayant un accès constant à Internet, rapporte une nouvelle étude.
Les recherches menées dans plus de 150 pays par différentes universités internationales montrent que la diffusion de l’Internet façonne profondément la migration des populations.
L’étude, dont font partie des chercheurs de l’Université McGill, révèle que les pays où la proportion d’utilisateurs d’Internet est plus élevée ont tendance à avoir plus de personnes qui sont prêtes à émigrer.
Si on regarde plus en détail les résultats de l’étude, on observe que l’association de l’utilisation d’Internet et de l’intention de migrer est plus forte chez les femmes et les personnes peu éduquées.
On retrouve ce même résultat chez les migrants dits économiques comparés aux migrants dits politiques. Un migrant économique change de pays afin d’entreprendre un travail ou pour avoir un meilleur avenir économique. À l’inverse, une migration politique peut être forcée, lorsqu’un réfugié fuit des persécutions par exemple.
Le Canada s’est récemment classé en tête des destinations les plus populaires pour immigrer, selon une étude qui a analysé des recherches sur le web. (Photo : iStock)
L’apport d’Internet
Pour mener à bien leur étude, les chercheurs ont analysé l’utilisation d’Internet et les voies de migration à l’aide de données provenant de la Banque mondiale, de l’Union internationale des télécommunications, de l’indice mondial de la paix, du baromètre arabe et du Gallup World Poll, une enquête internationale menée auprès des citoyens de 160 pays.
Leurs résultats démontrent que l’Internet joue un rôle informatif pour aider les migrants à quitter leur pays afin de trouver de meilleures chances à l’étranger.
Ainsi, les décisions des migrants économiques seront majoritairement guidées par les informations obtenues grâce au web. Les perspectives de réussites dans d’autres pays tendent à attirer davantage de personnes par exemple.
« Internet ne nous donne pas seulement accès à plus d’informations, il nous permet de nous comparer facilement à d’autres personnes vivant dans d’autres pays – souvent plus riches – grâce aux médias sociaux », explique M. Pesando.
L’exemple du Canada prouve d’ailleurs ces résultats. En effet, le pays s’est récemment classé en tête des destinations les plus populaires pour immigrer, selon une étude qui a analysé le nombre de recherches effectuées sur Google pour savoir « comment déménager à l’étranger ».
Des migrants devant l’infirmerie du centre d’immigration de l’île de Lampedusa, dans le sud de l’Italie, un centre différent de celui observé dans l’étude. (Photo : Alessandro Bianchi/Reuters)
Le cas de l’Italie
Dans leurs recherches, les experts ont également retenu le cas de l’Italie comme étant probant.
Rappelons que le pays a connu une augmentation considérable des flux migratoires au cours des deux dernières décennies.
Les chercheurs ont ainsi constaté « une forte corrélation entre l’utilisation d’Internet dans les pays d’origine des migrants et la présence de personnes de ces pays dans le registre de la population italienne l’année suivante », peut-on lire dans l’étude.
L’étude s’est notamment penchée sur les demandeurs d’asile et les réfugiés passant par le centre d’immigration de Sant’Anna en Calabre, dans le sud de l’Italie.
Ils ont découvert un lien étroit entre les compétences numériques des migrants ainsi que leur connaissance d’Internet et leur départ volontaire du Centre à la recherche de meilleures opportunités économiques.
« Nos résultats contribuent à la recherche croissante sur la démographie numérique, où les données générées par Internet ou les miettes de pain numériques sont utilisées pour étudier la migration et d’autres phénomènes démographiques », dit M. Pesando.
L’équipe de recherche compte désormais étudier comment la technologie numérique et la connectivité modifient le développement social. Cela ira de l’analyse de la responsabilisation des femmes à la reproduction et au bien-être des enfants d’une génération à l’autre.
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