Doit-on interdire l’usage du téléphone en marchant? (C) : istock

Doit-on interdire l’usage du téléphone en marchant?

Marcher les yeux rivés à l’écran d’un téléphone est une scène devenue presque familière notamment au temps de la COVID-19. Une ville japonaise compte interdire ce comportement jugé dangereux à la sécurité publique. A-t-on besoin de réglementations qui balisent notre dépendance au téléphone intelligent lorsqu’on marche dans les rues?

Des statistiques de la police à travers le monde et des études universitaires confirment une corrélation entre des accidents, parfois mortels, et l’usage du téléphone intelligent.

Des chercheurs de l’Université de Calgary qui ont étudié « la distraction des piétons » ont constaté que cette dernière est principalement matérialisée par les différents usages du téléphone intelligent (texter, consulter et répondre aux publications des réseaux sociaux, etc.). « La distraction des piétons et les passages à niveau (traverser la rue) constitueront, à court terme, un problème de sécurité routière », ont-ils ajouté.

Les chercheurs ont recensé environ 270 000 piétons morts chaque année dans le monde, soit le cinquième des victimes des accidents de la route.  

Ces mobinautes qui marchent dans les rues et les espaces publics le regard plongé dans leur écran de téléphone intelligent, notamment pour rédiger un texto ou consulter le dernier message sur les réseaux sociaux, tout en étant insouciants de leur entourage immédiat, sont appelés « smombies ». Ce terme, apparu en Allemagne en 2015, est la contraction des mots « smartphone » et « smombies ». 

Cet état de « transe » des mobinautes rivés sur leur téléphone peut causer des accidents de la route mortels, à vélo ou en auto, ou entraîner des blessures graves à la suite de trébuchements ou de chutes.

En 2016, les autorités suédoises ont recensé 650 accidents graves causés par des « smombies » scotchés à leur téléphone qui ont nécessité l’intervention des services d’urgence.

D’après une enquête récente, Baromobile 2018, menée auprès de jeunes mobinautes français de 18 à 24 ans, 21 % d’entre eux affirment avoir échappé de justesse à une collision avec une voiture, un vélo ou une moto, et 13 % n’ont pas pu éviter un tel accident.

Au moins 66 % des Canadiens soutiennent des mesures rendant illégal le fait d’utiliser le téléphone mobile tout en marchant, selon un sondage mené par la firme de recherche Insights West.

Le conseil municipal de la ville de Yamato, au sud-ouest de Tokyo, étudiera, à la fin du mois de juin, l’adoption d’un règlement interdisant l’utilisation du téléphone en marchant. « Ce sera la première interdiction de ce genre au Japon » a déclaré à l’AF, Masaaki Yasumi, un membre de la direction municipale. 

Au moins 66 % des Canadiens soutiennent des mesures rendant illégal le fait d’utiliser le téléphone mobile tout en marchant, selon un sondage mené par la firme de recherche Insights West.
(C) iStock

Doit-on interdire aux piétons qui traversent la rue de texter ou de regarder leur téléphone, comme c’est le cas à Honolulu? 

Les avis sont partagés sur cette question. Les États de New York, de l’Arkansas et de l’Illinois ont tenté sans succès d’interdire l’usage du téléphone aux piétons qui marchent dans leurs rues. 

D’autres villes ont réservé des espaces pour les « smombies ». Les responsables municipaux estiment que le téléphone, omniprésent, est un outil important dans la vie des citoyens et qu’il ne mérite pas d’être interdit. Une attention particulière dont n’ont pas bénéficié avec la même efficience d’autres types d’utilisateurs : les cyclistes, par exemple, ont attendu des années avant d’avoir des pistes cyclables. 

Zoubeir Jazi

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Catégories : Internet, sciences et technologies
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