Ces étudiants dont certains étaient inscrits à l’Université du Québec à Trois-Rivières et bien que munis de visas étudiants n’ont pas pu convaincre les agents de l’immigration de leur remettre des permis d’études et de les laisser entrer au Canada - Photo : Facebook / ASCF

Ces étudiants dont certains étaient inscrits à l’Université du Québec à Trois-Rivières et bien que munis de visas étudiants n’ont pas pu convaincre les agents de l’immigration de leur remettre des permis d’études et de les laisser entrer au Canada - Photo : Facebook / ASCF

Des étudiants algériens refoulés au Canada toujours bloqués au Maroc

Refoulés par les services frontaliers canadiens à l’aéroport Montréal-Trudeau, 13 étudiants algériens sont toujours bloqués dans la zone de transit de l’aéroport Mohamed V de Casablanca, au Maroc, une semaine après leur mésaventure.

L’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) les a expulsés vers le Maroc pour la simple raison qu’ils sont arrivés sur un vol de la Royal Air Maroc venant de Casablanca. Donc, elle les a retournés à leur point de départ, ce qui est la règle dans ce genre de situation.

À la même période, d’autres étudiants algériens refoulés à l’aéroport de Montréal ont pu regagner leur pays sur un vol d’Air Algérie.

Radio Canada International a pu joindre les étudiants retenus à l’aéroport de Casablanca. Ils ont accepté de témoigner, mais n’ont pas voulu que leurs noms soient cités.

Ils sont au nombre de 13, dont deux filles. Leur moyenne d’âge est dans la vingtaine.

Ils déplorent que les agents de l’ASFC leur « aient menti » sur leur destination finale.

« Avant d’embarquer dans l’avion, nous avons dit aux agents [de l’Agence des services frontaliers du Canada, NDLR] que les cartes d’embarquement ne mentionnaient que Casablanca. À ce moment, ils nous ont dit qu’il n’y a aucun problème et que celles vers Alger nous seront remises une fois arrivés au Maroc », affirme l’un des étudiants joints par RCI.

En arrivant à Casablanca, leurs passeports ont été confisqués par la police des frontières marocaines et ils ont été mis dans une zone de rétention en attendant que les autorités algériennes les autorisent à rentrer en Algérie.

Les étudiantes dorment dans un dortoir aménagé dans un terminal de l’aéroport Mohamed V. Ils ont des douches collectives et un accès internet, des ordinateurs et une télévision - Photo d'archives : AP Photo / Abdeljalil Bounhar

Les étudiants dorment dans un dortoir aménagé dans un terminal de l’aéroport Mohamed V. Ils ont des douches collectives et un accès Internet, des ordinateurs et une télévision. – Photo d’archives : AP Photo / Abdeljalil Bounhar

Comme les vols vers l’Algérie sont suspendus à cause de la pandémie de COVID-19, ces étudiants risquent d’attendre des jours, voire des semaines, si le consulat d’Algérie à Casablanca ou l’ambassade d’Algérie à Rabat ne mettent pas la pression sur le gouvernement algérien pour les rapatrier.

« Nous avons reçu la visite du vice-consul. Il nous a remis des masques et des cartes SIM [pour téléphones cellulaires, NDLR] pour pouvoir communiquer avec nos familles », raconte à RCI un des étudiants.

Il leur a assuré qu’il a contacté les services du premier ministre algérien ainsi que le ministère des Affaires étrangères de son pays pour demander leur rapatriement.

Bien que l’Algérie ait fermé ses frontières, des compagnies aériennes, comme la Royal Air Maroc, continuent à opérer des vols en partance d’Alger pour évacuer leurs ressortissants ou des passagers en transit vers d’autres destinations. Mais les avions arrivent en Algérie vides.

Selon ce que rapportent des médias marocains, la Royal Air Maroc est disposée à les rapatrier, mais se heurte au refus des autorités algériennes.

Pour pouvoir embarquer, ces étudiants doivent obtenir une autorisation du ministère algérien de l’Intérieur.

L’ambassade d’Algérie au Maroc n’a pas répondu aux questions de Radio Canada International.

Les étudiants dorment dans un dortoir aménagé dans un terminal de l’aéroport Mohamed V. Ils ont des douches collectives et un accès Internet, des ordinateurs et une télévision.

La nourriture leur est fournie par les autorités marocaines. « Les policiers sont sympathiques et très gentils avec nous. Ils nous ont même préparé du thé. Malgré les tensions diplomatiques actuelles entre les deux pays », affirme l’un des étudiants.

Ces derniers n’ont pas le droit de sortir pour acheter de la nourriture ou des produits d’hygiène corporelle.

Dans leur témoignage, les étudiants rapportent qu’en arrivant à Montréal, les agents de l’ASFC ont demandé à tous les étudiants algériens qui étaient dans le vol de la Royal Air Maroc de se mettre de côté et les ont regroupés dans une salle.

« Les agents [de l’ASFC, NDLR] nous ont humiliés. Ils nous ont traités de menteurs. Ils ont utilisé un langage désagréable », affirme l’un d’eux.

Contactée par Radio Canada International, l’ASFC a expliqué qu’« elle ne peut pas donner de commentaires sur des cas particuliers ».

Ces étudiants, dont certains étaient inscrits à l’Université du Québec à Trois-Rivières, et munis de visas étudiants, n’ont pas pu convaincre les agents de l’immigration de leur remettre des permis d’études et de les laisser entrer au Canada.

Jeudi, l’ambassade du Canada en Algérie a publié sur sa page Facebook une mise en garde aux étudiants qui projettent de poursuivre leurs études au Canada.

« Le Canada continue d’accueillir les étudiants algériens, il n’y a pas eu de changement de politiques », indique le message.

Elle a rappelé aussi aux candidats intéressés « que le Canada a une tolérance zéro pour la fraude et la fausse représentation ».

Les étudiants clament leur innocence et trouvent « les décisions de l’ASFC injustes » et demandent à être retournés en Algérie ou au Canada pour entamer leur session universitaire.

Vont-ils déposer des recours contre la décision de l’Agence des services frontaliers du Canada? « Personne ne nous a dit qu’on pouvait faire un recours », affirme l’un des étudiants.

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Catégories : Immigration et Réfugiés
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