Des essais sont en cours au Québec et en Ontario pour se préparer à la possibilité que les hôpitaux doivent faire un choix entre les personnes qui auront accès aux lits de soins intensifs lorsque la demande d'espace dépassera la capacité. (Misha Friedman / Getty Images)

COVID-19 : triage à l’essai dans les hôpitaux du Québec et de l’Ontario

Les médecins de l’Ontario et du Québec effectuent des essais pour décider qui aura accès aux soins intensifs si les hôpitaux devaient dépasser leur capacité.

Les personnes âgées de 80 ans et plus sont considérées comme les plus vulnérables à la COVID-19. Elles font partie des cas les plus souvent traités en soins intensifs au Canada. Photo : iStock

Ces essais visent à mettre à l’épreuve et à peaufiner les protocoles de triage qui les aideront à décider qui aura accès aux soins intensifs en cas de pénurie de lits.

Lors d’un essai typique au Québec, un groupe de trois membres du personnel médical décide si un patient est le plus apte à recevoir des soins critiques, ou si le lit doit être laissé à une personne ayant de meilleures chances de survie.

L’Ontario, qui risque également d’être submergé de patients atteints de la COVID-19, a envoyé mercredi dernier une note aux médecins des unités de soins intensifs pour qu’ils se préparent à tester leur propre protocole provincial de triage si nécessaire.

Des décisions déchirantes de vie ou de mort

Le gouvernement du Québec demande aux hôpitaux de rendre disponibles les 2/3 de leurs « lits désignés COVID » d’ici vendredi et 100% du nombre d’ici le 17 décembre - Reuters / Daniel Acker

Le Québec bientôt à l’heure de choix difficiles dans ses hôpitaux? Reuters / Daniel Acker

L’objectif pour ces deux provinces les plus populeuses au pays est d’éviter une situation comme celle qui s’est produite en Italie au printemps dernier, où les médecins ont dû refuser des soins et des équipements dans certains cas en raison uniquement de l’âge du patient et non en raison d’autres facteurs pouvant influer négativement sur ses chances de survie.

« C’était une situation de crise, sans temps de réflexion et sans protocole », déclare Vardit Ravitsky, bioéthicien à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.

« C’est évidemment tragique, mais aussi inacceptable sur le plan éthique, car l’âge en soi n’est pas un moyen de dire quelles sont vos chances de survie. »

Le protocole de triage ne deviendrait en vigueur au Québec que lorsque la demande de lits de soins intensifs dans cette province dépasserait de 200 % la capacité normale.

« C’est contraire à tout ce qu’on a pu enseigner à tout médecin que j’imagine, et certainement à ce qu’on m’a enseigné », explique à CBC News le Dr Peter Goldberg, chef des soins intensifs au Centre universitaire de santé McGill (CUSM) de Montréal.

« Notre enseignement a toujours été que notre contrat […] est avec le patient en face de nous, quel que soit le coût qu’il aura pour le système. »

« On me dit que cela arrive tout le temps sur le champ de bataille, mais je n’ai jamais vu notre système médical comme un champ de bataille. »

Un patient sur une civière est transporté par des travailleurs médicaux portant des combinaisons de protection à l’unité hospitalière Columbus de l’hôpital Gemelli à Rome, en Italie, le 16 mars 2020. [Giuseppe Lami/EPA/EFE]

On n’en est pas encore là

Le Québec a connu une augmentation des hospitalisations au cours du dernier mois, mais la situation s’est quelque peu stabilisée la semaine dernière, selon les dernières projections de l’Institut de recherche en santé du Québec.

Selon l’institut, Montréal risque toujours de dépasser sa capacité d’accueil dans les trois semaines à venir, bien qu’elle soit encore loin des 200 % de dépassement de capacité en soins intensifs qui déclencherait l’utilisation d’un protocole de triage.

Dr Peter Jüni (ON)

En Ontario, la tendance n’est pas bonne. Un des principaux médecins du comité consultatif scientifique COVID-19 affirme que la province pourrait connaître jusqu’à 40 000 nouveaux cas par jour d’ici la fin février si une variante du virus originaire du Royaume-Uni s’installe.

Le Dr Peter Jüni a déclaré sur les ondes de CBC, samedi, que le nombre de cas augmentera de façon substantielle si les gens ne prennent pas au sérieux le confinement actuel et ne restent pas chez eux.

« Nous pourrions nous retrouver dans cette situation où nous avons, vous savez, de 30 000 à 40 000 cas par jour facilement » parce que la variante est beaucoup plus infectieuse que la souche originale, a-t-il dit.

Lors d’un essai de triage typique au Québec, un groupe de trois membres du personnel médical décide si un patient est le plus apte à recevoir des soins critiques, ou si le lit doit être laissé à une personne ayant de meilleures chances de survie. PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / JONATHAN HAYWARD

RCI avec CBC News

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