Dans le cadre de la série « Science et Innovation », du Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), la rectrice de l'UQAM, Magda Fusaro, s'est entretenue avec le recteur de l'Agence universitaire de la Francophonie, Slim Khalbous. (Photo : AUF / YouTube)

La francophonie scientifique : défis et avancements

La francophonie scientifique est une sorte de chaîne de connaissances construite par des collaborations entre des chercheurs dont la langue maternelle est le français, bien évidemment, mais aussi avec d’autres scientifiques incarnant le multilinguisme scientifique mondial.

Par ailleurs, pour que cette chaîne de connaissances en français fonctionne, il est essentiel de continuer de soutenir tout effort pour que les publications de haut niveau en langue française trouvent leur place, croient deux acteurs du milieu scientifique francophone. 

Magda Fusaro, rectrice de l’Université du Québec à Montréal, et Slim Khalbous, recteur de l’Agence universitaire de la Francophonie, se sont entretenus lors d’un midi du savoir organisé par le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM). 

Ils ont discuté sur les perspectives de la production et de la diffusion des connaissances scientifiques en français.

En ce qui concerne la publication des recherches en français, la rectrice de l’UQAM s’est demandé quels sont les meilleurs moyens pour que les avancements scientifiques soient mieux partagés dans la francophonie.

« La recherche dans un monde multilingue se fait dans plusieurs langues. Et c’est ça la beauté de notre monde. Un monde également où chaque langue a sa place. Avec 300 millions de locuteurs de langue française, il y a possibilité d’établir, au-delà même de la formation initiale ou de la formation continue, des partenariats, des collaborations, de la recherche.

Également établir, dans les disciplines, des formes des sciences ouvertes, qui vont permettre à ces réseaux de formateurs, d’étudiantes et étudiants, de chercheurs et de chercheuses, bien sûr, de pouvoir continuer leur recherche en français et de participer à l’excellence de l’éclosion d’autres formes. » Magda Fusaro

M. Khalbous a pour sa part dit qu’en effet, la francophonie scientifique n’est pas en opposition avec la production et la diffusion scientifique en d’autres langues, au contraire. Cependant, il est important de diffuser le savoir francophone en français.

De plus, force est de constater, a-t-il insisté, qu’il n’y a pas assez de soutien pour la publication scientifique francophone, les chercheurs sont malheureusement obligés de traduire leurs travaux pour pouvoir les publier.

« Dans les pays francophones, on assiste depuis une vingtaine d’années à un recul de la francophonie scientifique chez les jeunes, on veut que les jeunes pensent et rêvent à nouveau avec la francophonie. 

La science est le meilleur vecteur pour que la collaboration entre le Nord et le Sud et entre le Sud et le Sud puisse se faire convenablement. » Slim Khalbous

Pour le recteur de l’Agence universitaire de la Francophonie, dans les pays francophones, il y a un problème majeur qu’on constate depuis une vingtaine d’années environ.

La rectrice de l’Université du Québec à Montréal a de son côté insisté sur le fait qu’en ce qui concerne la recherche scientifique francophone, le fait de publier en français peut devenir, pour certaines disciplines, un facteur de contrainte.

« Mais comment mieux collaborer? Je voulais amener la piste de ce que l’UQAM a apporté, soit son positionnement institutionnel sur la science ouverte. Les réseaux qui, à travers des publications, donnent accès libre aux textes et aux données […] Est-ce un changement de paradigme, en sommes-nous là? » Magda Fusaro

Pour M. Khalbous et l’AUF, la nouvelle perspective devrait être dorénavant d’investir encore plus dans tout ce qui est support de publication de haut niveau pour la publication francophone. 

« C’est le recul de l’adhésion à la francophonie des jeunes d’un point de vue scientifique, au sens où, de plus en plus, on a recours à d’autres formes d’éducation scientifique, ce qui n’est pas mauvais en soi. Mais l’idée de ne plus voir le français comme une langue d’avenir nous inquiète.

Nous sommes en train de travailler sur cet aspect pour faire en sorte que les jeunes rêvent et pensent à nouveau au français [comme une option valide]. »Slim Khalbous

L’entretien a eu lieu le jeudi 4 février 2021 à midi. On peut visionner la totalité de cette conversation sur la page YouTube du CORIM :

Catégories : International, Société
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