Une fenêtre brisée est photographiée dans le quartier chinois cette semaine. (Ben Nelms/CBC)

Le Chinatown de Vancouver meurtri par la COVID-19, la criminalité et la saleté

Les rues du plus grand quartier chinois historique du Canada à Vancouver, sur la côte ouest du Pacifique, sont pour la plupart vides. Il y a presque autant de panneaux de bois pour couvrir les fenêtres que de néons pour les enseignes « ouvertes ». Et la saleté fait désormais partie du quartier sévèrement touché par les effets négatifs de la pandémie.

Ce quartier chinois, l’un des trois plus importants du continent, est également presque aussi vieux que la ville elle-même.

Les commerces aux multiples odeurs et produits sont soumis à du vandalisme .

Le taux d’inoccupation des commerces de détail dépasse maintenant 17 %. La propriétaire d’une boutique de bibelots touristiques raconte qu’il y a un an, 2000 personnes pouvaient franchir le pas de sa porte chaque jour. Aujourd’hui, il n’y en a guère plus d’une centaine.

L’arrêt des croisières en mars dernier a été un grand déclencheur du déclin. Selon Tourism Vancouver, 310 escales de navires de croisière étaient prévues en 2020, ce qui aurait amené environ 1,2 million de visiteurs dans la ville.

Le quartier chinois de Vancouver à West Pender Street, lieu historique national (MRDXII)

Témoins du déclin

Le président du Centre culturel chinois, Fred Kwok, mentionne que l’état du quartier s’est tellement détérioré que tout le monde a peur d’y venir.

La criminalité est courante dans le quartier. « Le quartier est terrorisé. Les gens ont été attaqués dans la rue, maltraités, abusés verbalement […] surtout la population chinoise », ajoute-t-il.

Les autorités de Vancouver sont « extrêmement déçues » par les graffitis racistes à la célèbre porte de Chinatown.

La plupart des propriétaires de commerces installent maintenant deux couches de verre dans les vitrines parce qu’ils savent qu’elles seront brisées.

L’odeur d’urine et d’excréments est maintenant courante le matin.

Nettoyer le quartier chinois

La Ville de Vancouver dit qu’elle travaille activement à l’assainissement du quartier.

Dans le budget de 2021, le conseil a approuvé une augmentation de 10 % du financement des services de propreté dans le quartier. De plus, il a mis en place un certain nombre de programmes pour améliorer la sécurité et la propreté. Elle engage notamment des citoyens pour ramasser les seringues et pour travailler avec les entreprises locales.

Jordan Eng, président de la Chinatown Business Improvement Association, a affirmé que, même si les défis dans sa communauté semblent insurmontables, il pense que le quartier chinois peut rebondir.

Célébrations du Nouvel An chinois à Vancouver en février 2013. © PC/DARRYL DYCK

Un peu de contexte : comment Vancouver est-elle devenue la capitale asiatique des Amériques?

Le caractère asiatique de Vancouver frappe immédiatement tous ceux qui s’aventurent dans cette ville de la côte ouest du Canada dont la région métropolitaine est la troisième en importance après celles de Toronto et de Montréal.

Ici, un habitant de la région sur quatre parle une langue asiatique quotidiennement! Les Asiatiques sont d’autre part au nombre de plus de 350 000 dans la région de Vancouver qui compte un peu plus d’un million d’habitants.

Il y a eu différentes vagues d’immigration asiatique qui se sont installées à Vancouver, la plus grosse ayant eu lieu à la fin des années 80. Entre 1981 et 1996, selon les statistiques de la Colombie-Britannique, 86,4 % des immigrants de Vancouver en provenance de l’étranger venaient du continent asiatique et seulement 3,5 % du continent européen.

Selon le recensement de 2001, 34 % de la région métropolitaine de Vancouver était d’origine asiatique. En 2010, la moitié de toute la population de la région de Vancouver était d’origine asiatique!

De Hong Kong à Hongcouver

L’influence asiatique est omniprésente sur tous les secteurs économiques de Vancouver. Les liens qu’elle possède avec les autres pays du Pacifique lui permettent d’être la ville canadienne qui dépend économiquement le moins des États-Unis.

Cette migration ne s’est pas toujours effectuée sans heurts. Dans les années 80 et 90, certains Vancouvérois avaient affublé leur ville d’un surnom péjoratif : Hongcouver.

Vancouver, entre montagnes et océan (Photo: iStock)

RCI avec CBC News et RCI

Catégories : Économie, Santé
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