138 des 176 victimes à bord de cet avion, détruit par des missiles il y a un an, résidaient alors au Canada. (CBC)

L’enregistrement secret sur la destruction du vol PS752 est un faux, dit l’Iran

Des sources de CBC affirmaient mercredi avoir découvert un enregistrement dans lequel le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif déclarait qu’il y avait un certain nombre de possibilités ayant mené à la destruction de l’avion, le soir du 8 janvier 2020 dans le ciel de Téhéran, y compris une attaque délibérée d' »infiltrés » au sein de l’Armée iranienne.

Dans l’enregistrement, on entend le ministre qualifier cette possibilité comme n’étant « pas du tout improbable », et suggérant que la vérité ne serait jamais révélée par les plus hauts responsables du gouvernement.

« Il y a des raisons qu’ils ne révéleront jamais », disait-il en farsi.

« Ils ne nous le diront pas, ni à personne d’autre, parce que s’ils le font, cela ouvrira des portes dans les systèmes de défense du pays qui ne seront pas dans l’intérêt de la nation de le dire publiquement. »

Des équipes de secours travaillent sur les débris du site de l’accident du vol PS752 à l’extérieur de Téhéran. (AFP via Getty Images)

L’enregistrement sous analyse

CBC News a confirmé que la GRC, le Service canadien du renseignement de sécurité et le Centre de la sécurité des télécommunications ont l’enregistrement de la conversation privée sous leur garde depuis des semaines. Les services de sécurité analysent l’authenticité de l’enregistrement.

Selon certaines sources, l’audio de la conversation privée aurait été enregistrée dans les mois qui ont suivi la destruction de l’avion.

Ralph Goodale, le conseiller spécial du premier ministre canadien sur la tragédie, a confirmé que les équipes médico-légales canadiennes en ont reçu une copie en novembre dernier.

Les 176 personnes à bord ont été tuées, dont 138 personnes ayant des liens avec le Canada.

C’est un faux?

L’ex-ministre de la Sécurité publique Ralph Goodale (Radio-Canada)

Après le reportage de CBC News, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif et son porte-parole ont affirmé que l’enregistrement est un faux.

« Les allégations faites dans cet article sont incorrectes et sans fondement et beaucoup des déclarations attribuées au Dr Zarif ne sont fondamentalement pas compatibles avec le langage qu’il utilise couramment, et l’affirmation de l’existence d’un tel enregistrement n’est pas vraie », a dit le porte-parole du ministère, Saeed Khatibzadeh, sur la page web du ministère.

« Nous conseillons au gouvernement canadien d’agir avec professionnalisme plutôt que de faire preuve de son propre sensationnalisme inutile et de soumettre un rapport d’expert sur l’accident s’il a un avis. »

Le contexte autour du secret de la tragédie

Les autorités canadiennes affirment que l’Iran n’a pas divulgué toutes les preuves pertinentes ni fourni de réponses satisfaisantes à un certain nombre de questions en suspens. Il s’agit notamment de connaître l’identité des responsables et la chaîne exacte des événements qui ont conduit des gardiens de la révolution à ouvrir le feu sur l’appareil. Ottawa et les autres pays concernés, dont la France et l’Ukraine, veulent aussi connaître qui a pris la décision de laisser l’espace aérien iranien ouvert au trafic civil la nuit même où l’Iran a lancé un barrage de missiles balistiques sur les forces américaines en Irak.

Pendant des jours, l’Iran avait nié que ses militaires étaient responsables de l’abattage de l’avion. Mais avec de nombreuses preuves issues des services de renseignement occidentaux, l’Iran avait fini par reconnaître que ses militaires avaient tiré sur l’avion ukrainien à un moment où les tensions entre l’Iran et les États-Unis s’intensifiaient.

Téhéran parlait d’une « erreur humaine », déclarant dans un rapport publié au cours de l’été dernier que des militaires ont établi à tort le vol civil comme une menace et ils ont ouvert le feu à deux reprises sans obtenir l’approbation de leurs supérieurs.

Sur cette photo d’archives du 8 janvier 2020, des secouristes portent le corps d’une victime de l’accident de l’avion d’Ukraine International Airlines, à Shahedshahr, au sud-ouest de la capitale Téhéran, en Iran. (Photo : AP/Ebrahim Noroozi)

RCI avec CBC News et RCI

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