Le Canada reproche à Helmut Oberlandern d’avoir « déformé » son passé en dénaturant considérablement ses activités en temps de guerre au sein d’un escadron de la mort nazi lorsqu’il avait fait sa demande de citoyenneté. Il tente donc d'expulser l'ex-nazi du Canada depuis plus de 25 ans. (B'Nai Brith-via CBC)

L’ex-nazi de 97 ans Helmut Oberlander veut l’arrêt des procédures d’expulsion

L’avocat représentant l’ancien interprète nazi Helmut Oberlander vivant au Canada depuis 1954 a déposé une motion visant à suspendre de façon permanente les procédures d’extradition en vigueur en ce moment à l’encontre de son client.

(warfarehistorynetwork.com)

Bien qu’il n’a jamais été formellement accusé d’un crime, et que de multiples enquêtes n’ont trouvé aucune preuve de sa participation directe aux atrocités, il a été révélé en 1995 que l’ex-nazi avait oeuvré pendant trois ans comme interprète au sein de l’un des escadrons de la mort des nazis les plus brutaux.

Son avocat affirme qu’il avait été enrôlé à l’âge de 17 ans et qu’il n’avait lui-même participé à aucun crime.

Depuis 2000, les tribunaux ont retiré quatre fois à l’homme qui réside à Waterloo, en Ontario, sa citoyenneté canadienne, qu’il a obtenue en 1960, en raison de son appartenance à un escadron nazi et du fait qu’il n’a pas divulgué ce fait aux responsables de l’immigration en 1954.

Trois fois cependant, cette décision a été annulée en appel.

En juin 2017, le gouvernement fédéral a révoqué la citoyenneté canadienne de M. Oberlander pour la quatrième fois depuis le milieu des années 1990.

En septembre 2018, le juge Michael Phelan de la Cour fédérale a confirmé que la décision du gouvernement était raisonnable.

Son client est vieux et malentendant

Helmut Oberlander en 2018 (PC)

L’avocat d’Oberlander, Ron Poulton,demande un sursis des procédures d’extradition, invoquant les restrictions liées au COVID-19 et le fait que son client âgé est malentendant – deux facteurs qui rendaient difficile la communication avec son client.

Qui plus est, il affirme que son client fait face à une injustice. « Nous avons maintenant découvert des preuves qui, selon nous, étaient entre les mains du gouvernement pendant toutes ces années et qui ne nous avaient pas été fournies alors qu’elles auraient dû l’être », a-t-il déclaré à CBC News.

L’Agence des services frontaliers du Canada, qui exécute les renvois, a déclaré à CBC News qu’elle ne commentait pas les affaires portées devant les tribunaux, mais dans une déclaration, elle a dit qu’elle « accorde la plus haute priorité aux cas de renvoi impliquant la sécurité nationale, le crime organisé, les crimes contre l’humanité et les criminels ».

Un sombre passé

Selon les enquêteurs de la GRC, Helmut Oberlander aurait été interprète au sein des Einzatzkommandos qui étaient les escadrons d’extermination ciblant les Juifs de l’ex-Union soviétique.

Helmut Oberlander rétorque qu’il a dû se joindre de force à l’armée à l’adolescence et que la peine encourue pour une désertion aurait été son exécution.

Helmut Oberlander, qui lutte contre sa déportation du Canada depuis 1995, avait échoué il y a 15 mois dans sa tentative de convaincre la Cour suprême du Canada d’entendre sa cause. Cela constituait en principe son dernier recours juridique.

Des groupes juifs du pays ont salué la décision de la Cour suprême de ne pas permettre à un homme âgé ayant menti au sujet de son appartenance à un escadron de la mort nazi au cours de la Seconde Guerre mondiale de continuer à se battre pour conserver sa citoyenneté canadienne.

« Beaucoup trop de nazis ont réussi à se tirer d’affaire, à mener une vie relativement normale et à jouir de la liberté dont leurs victimes ont été privées lors de l’Holocauste. Bien que la justice dans cette affaire soit attendue depuis longtemps, il n’est pas trop tard pour que justice soit rendue », peut-on lire dans une déclaration des Amis du Centre Simon Wiesenthal pour les études sur l’Holocauste.

Bernie Farber, ancien PDG du Congrès juif canadien, affirmait que l’âge ne devrait pas être un facteur dans les poursuites judiciaires ou les jugements contre les ex-nazis.

Il avait confié à CBC News : « Nous ne devrions pas penser à ceux qui, comme Oberlander, ont permis aux nazis de perpétrer le génocide, comme ils sont aujourd’hui des personnes âgées, malades et sur le point de mourir. Nous devons nous souvenir d’eux tels qu’ils étaient il y a 75 ans : de jeunes brutes en bonne santé qui terrorisaient volontairement et continuellement des enfants, des bébés, des hommes et des femmes innocents. Ils ne méritent pas notre sympathie. »

Les gouvernements libéral et conservateur ont poursuivi en justice Helmut Oberlander depuis 1995, car il a menti sur sa participation au sein d’une escouade meurtrière nazie. Crédit photo : PC / Peter Lee

RCI avec CBC News et La Presse canadienne

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