Les manifestants ont marché dans les rues de Montréal avant de rejoindre une vigile dans le quartier chinois à la mémoire des six femmes d'origine asiatique tuées lors de l'attaque contre les salon de massage à Atlanta aux États-Unis mardi dernier - Photo : La Presse Canadienne / Graham Hughes

Des Montréalais marchent contre le racisme anti-asiatique

Plusieurs centaines de personnes ont pris part dimanche à une marche qui a parcouru les rues de Montréal pour dénoncer le racisme anti-asiatique.

La marche a été suivie par une vigile dans le quartier chinois à la mémoire des six femmes asiatiques tuées lors de l’attaque contre des salons de massage survenue mardi dernier à Atlanta aux États-Unis qui a fait huit victimes.

Plusieurs personnalités politiques municipales et provinciales étaient parmi les marcheurs.

La marche a été organisée par le Groupe d’entraide contre le racisme envers les Asiatiques au Québe (GECREAQ) lancé au début de la pandémie de la COVID-19 et le Groupe des Chinois progressistes du Québec.

Prenant la parole au début de la manifestation, Julie Tran, l’une des co-fondatrices du GECREAQ a affirmé que les Québécois d’origine asiatique vivent le racisme dès leur tendre enfance.

« Durant notre enfance, ça commence par rire de notre prénom et notre nom de famille. On se faisait dire que notre nourriture est dégueulasse, car nous mangeons des chiens et qu’on devait retourner dans notre pays. Les jeunes garçons se faisaient dire qu’ils ont de petits pénis. Une fois adulte, ce racisme se transforme en des affirmations telles que ‘’tu parles bien le français pour une Asiatique’’, ‘’tu es beau ou belle pour un ou une Asiatique’’, ‘’tu es toute petite comme une poupée chinoise, comme une geisha’. », ajoute au microphone Julie Tran qui affirme que « ces remarques qui transforment notre corps comme un objet sexuel ont tué six femmes d’origine asiatique.»

Arrivée au quartier chinois de Montréal, la marche s’est jointe à la vigile organisée par l’organisme Stella qui défend les droits des travailleuses du sexe.

« On veut montrer aux gens que cette violence (contre les travailleuses du sexe asiatiques) est réelle et qu’elle existe aussi à Montréal. La criminalisation et les stigmatisations autour des travailleuses du sexe, ça se passe à différentes échelles. », affirme Sandra Wesley, la directrice de Stella

En entrevue avec Radio Canada International, Angelina Guo, étudiante en traduction à l’université McGill explique qu’il y a « une certaine image de la femme asiatique qui est véhiculée dans les médias. Même historiquement, quand on parle des colonies en Asie, ça renvoie aux soldats qui exploitaient sexuellement les femmes des pays qu’ils colonisaient. C’est très profondément ancré dans une sorte de conventions non écrites. Donc, il y a des hommes qui nous voient comme des objets sexuels plus que les femmes d’autres ethnicités. Malheureusement, beaucoup de femmes asiatiques vivent ce genre d’expérience. C’est juste qu’on n’en parle pas. »

Elle explique les raisons de sa participation à la marche et à la vigile. « Depuis le massacre, je suis complètement paralysée. Je ne peux pas penser à autre chose qu’à ces pauvres vies innocentes aux mains d’un homme qui avait une haine envers les femmes et spécifiquement des femmes asiatiques. », affirme Angelina Guo.

« En considérant mon expérience personnelle et tout ce que j’ai traversé depuis mon enfance en tant qu’Asiatique et femme asiatique au Québec, née ici, il était absolument nécessaire que je vienne et que je me prononce. », ajoute-t-elle.

Elle estime que les jeunes Québécois d’origine asiatique ont une tout autre attitude vis-à-vis du racisme anti-asiatique comparativement à leurs parents. « Pour la plupart, nous sommes des immigrants de seconde génération. La première préoccupation de nos parents quand ils sont venus n’était pas le racisme. C’était de nous offrir une meilleure vie, de se trouver un emploi et de se rebâtir une vie. Alors que nous, nous sommes nés ici.  Nous nous considérons Québécois. C’est pour cela que nous sommes plus nombreux. Nous voulons juste nous sentir à la maison sur la terre où nous sommes nés. », explique-t-elle.

Sur l’impact de ce genre de manifestation sur la population en général, elle estime que « la marginalisation et la discrimination sont des choses que les gens peuvent comprendre s’ils se mettent dans nos souliers et considèrent nos expériences. Je pense que c’est totalement possible de s’unir et de se comprendre malgré les divisions. »

Catégories : Immigration et Réfugiés, Société
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