Les syndicats du secteur de la construction au Québec font part des difficultés à attirer et à retenir la main-d’œuvre, en raison de la précarité des salaires, des problèmes de formation, de flexibilité des horaires et de harcèlement. Autant de difficultés qui poussent davantage les femmes vers la sortie. Crédit : Istock

Le manque de travailleurs plombe l’industrie de la construction

Conscient de la pénurie de la main-d’œuvre et du problème de rétention des travailleurs dans ce secteur, la stratégie de relance post-pandémie au Québec prévoit plus de 120 M$ pour appuyer les efforts dans cette industrie.

C’est un secteur qui compte parmi les plus gros contributeurs à l’économie nationale, pourtant il est confronté à plusieurs défis.

En 2014, ce secteur est considéré comme le 4e pourvoyeur au PIB et en emplois. Entre 2000 et 2014, il connait une croissance annuelle de 3,4 %, représente 6,5 % du PIB, soit une contribution de 22,4 G$, et pourvoit 267 500 emplois.

Le plus important défi, la pénurie de la main-d’œuvre, est aggravé par une certaine érosion des travailleurs déjà embauchés.
Selon les chiffes de différents syndicats, 1 travailleur sur 3 quitte son poste après cinq ans.

C’est une situation qui préoccupe au plus haut point dans cette filière, a confié le vice-président aux Affaires publiques de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), dans un communiqué. François Bernier a saisi l’occasion pour saluer l’annonce du gouvernement provincial d’investir dans la relance économique dans ce secteur.

Les financements viendront jeter un pavé dans la mare des problèmes de recrutement et de rétention de la main-d’œuvre, en plus d’aider l’industrie à se lancer à la conquête de nouveaux débouchés.

« Bien qu’étant un secteur clé de l’économie québécoise, l’industrie de la construction doit, depuis plusieurs années, relever les défis majeurs pour pallier les impacts importants du déficit de travailleurs qualifiés sur le chantier ». François Bernier.

Les ressources financières permettront de mettre l’accent sur la formation, car il s’agit d’un problème majeur dans ce secteur, où la main-d’œuvre tout court ne suffit pas.

Il y a des métiers plus spécialisés qui nécessitent des catégories de travailleurs qualifiés, à l’instar du travail d’électricien. Par ailleurs, il va falloir relever le défi salarial qui figure parmi les motifs de plainte chez plusieurs travailleurs fraichement recrutés.

Un électricien qui gagne par exemple 110 $ de l’heure se voit privé de près du tiers de cette somme en cotisation syndicale. Cette cotisation jugée excessive, en plus du sexisme, du harcèlement, de la discrimination et du problème des horaires peu flexibles, accentue les désistements.

Avec 54 % de départs au bout de cinq ans, les femmes sont plus nombreuses que les hommes (35 %) à abandonner leurs postes sur les chantiers.

Le vice-président de l’APCHQ dit espérer que le support gouvernemental vienne donner un coup de fouet dans ce secteur, où l’activité semble de plus en plus importante, alors que la force de travail est en déclin.

« Les financements additionnels annoncés ce matin visent à accroitre la productivité de l’industrie et à soutenir la croissance des entreprises, démontrent également la volonté du gouvernement de faire de l’industrie de la construction un réel levier de relance économique », a-t-il conclu.

L’entrée dans les métiers de la construction est conditionnelle à l’obtention d’un certificat de compétence, en pus de réussir le cours de santé et sécurité générale sur un chantier.

Trouver 13 000 travailleurs d’ici à 2026

La Commission de la construction du Québec observe que malgré les difficultés de recrutement et de rétention de la main-d’œuvre, ce secteur offre des conditions salariales favorables à l’attrait des travailleurs dans les différents métiers.

Malgré les taux de cotisation syndicaux qui demeurent élevés, ces salaires seraient enviables par rapport à ceux qui sont proposés dans les autres métiers de la fabrication ou relevant de la formation professionnelle, avec un écart moyen hebdomadaire de 7,80 $ de l’heure. Mais, il faut compter avec le fait que la construction offre de plus en plus d’emplois saisonniers, ce qui pose un problème de stabilité.

Le contexte est marqué par un vieillissement de la population. Les 15 à 64 ans suivent une courbe descendante, et on promet un ralentissement jusqu’en 2029-2030.

Les impacts seront assez significatifs au cours des cinq prochaines années, où l’industrie sera en manque de 13 000 travailleurs.

L’une des façons d’y faire face consistera, selon huit mesures édictées par le gouvernement, à favoriser l’accès à l’industrie aux personnes ayant une expérience de travail pertinente, et ce, à compter du 26 avril 2021.

Source : APCHQ, des informations de la Commission de la construction du Québec et quelques données chiffrées de Déloitte et COGECO

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Catégories : Société
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