une étape d'un «deepfake» de Tom Cruise (C) Chris Ume/YouTube

Le «deepfake» est devenu un jeu d’enfant inquiétant

Les détenteurs d’un iPhone peuvent désormais grâce à une application et par un simple clic créer un «deepfake». Cette manipulation controversée, jadis réservée aux experts, en la rendant accessible au grand public accentue ses dangers inhérents sur notre réputation, notre vie privée et professionnelle.

Avec une simple photo, une vidéo et une application comme Avatarify ( disponible seulement sur iPhone), vous pouvez créer un «deepfake» de n’importe quelle personne que vous voulez émuler. Le «deepfake» de l’ex-président Obama qui a défrayé la chronique, en 2018, était le fruit d’un travail laborieux d’un spécialiste des effets spéciaux, Jorden Peel, qui a fait appel à des techniques complexes de l’intelligence artificielle.

Le «deepfake» a vu le jour en 2018 dans le milieu porno. Il a été repris par certains développeurs pour créer , entre autres, des parodies ou des publications drôles partageables sur les réseaux sociaux.

On distingue deux types de «deepfake»:

  • Échange («swapping») : On remplace l’image de la personne à émuler dans le vidéo;
  • Réécriture ( «renactment») : faire dire à la personne à « calquer » ce qu’on veut dire tout en changeant ses expressions faciales pour qu’elles soient cohérentes avec vos propos.

Le réseau social TikTok est entré dans la scène avec des «deepfakes» plus léchée comme celle du « pro fakes of Tom Cruise », une vidéo truquée sur l’acteur Tom Cruise et qui a été téléchargée plus de 6 millions de fois, juste un mois après sa publication.

Cette démocratisation de ces redoutables manipulations qui se sont améliorées au fil des années pose de sérieuses questions d’ordre professionnel, éthiques et touchant notre vie privée:

Usurpation d’identité : à l’ère de la COVID-19, marquée par des réunions de travail ou personnelles en visioconférence, l’usurpation de l’identité des personnes participantes par du «deepfake», techniquement possible, pourrait affecter négativement leur réputation professionnelle ou personnelle et l’intégrité de leur propos. Les banques, les services financiers ou gouvernementaux qui doivent composer avec leurs clients et usagers à distance font face à un défi de sécurité et d’authentification posé par d’éventuels escrocs;

Normaliser une culture du «faux»: le «deepfake» risque de normaliser, voire banaliser la fausse information et la désinformation en la présentant comme des parodies ou des blagues. Or la sophistication croissante de cette technique, sans un encadrement légal précis, rend la détection de «deepfake» difficile par un simple utilisateur. Berner la foule, voire manipuler l’opinion publique est également possible avec un usage malicieux du «deepfake».

Zoubeir Jazi

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Catégories : Internet, sciences et technologies
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