Des étudiants étrangers débarquent à Sept-Îles au Québec le15 avril 2019. Photo Credit: Radio-Canada

Restrictions de voyages : nos écoles attirent moins d’étudiants étrangers

De nombreux étudiants étrangers ont reporté ou annulé leurs projets d’études au Canada depuis qu’Ottawa a décidé, il y a quelques semaines, de limiter les possibilités d’entrée dans le pays à quatre aéroports seulement et d’exiger des voyageurs internationaux qu’ils paient les frais d’hôtel pour une quarantaine obligatoire à leur arrivée.

Les étudiants sont forcés de rester dans l’une de ces quatre villes jusqu’à trois nuits avant de pouvoir s’envoler vers leur destination finale et de compléter leur quarantaine de 14 jours.

Avant même l’imposition des nouvelles restrictions d’entrée au Canada, le nombre d’étudiants étrangers au Canada avait déjà diminué d’environ 17 % l’an dernier, passant de 639 000 étudiants en 2019 à 531 000 à la fin de 2020, selon une analyse des données de Statistique Canada.

Selon Paul Davidson, directeur général du regroupement Universités Canada, l’inscription globale des étudiants internationaux dans les universités canadiennes est en chute prononcée.

« Nous comptons 96 universités au sein d’Universités Canada, et 51 d’entre elles ont connu une baisse du nombre d’étudiants étrangers… Dans l’ensemble, 26 établissements ont vu une perte de plus de 10 % de leurs étudiants internationaux. »

Des mesures qui coûtent cher

Denise Amyot, directrice générale de Collèges et Instituts Canada, déclare qu’une facture d’hôtel pour la quarantaine forcée de 3 jours peut facilement atteindre 2 000 $, ce qui représente le coût de la moitié d’un semestre pour de nombreux étudiants étrangers.

Mme Amyot dont l’organisation à but non lucratif représentant plus de 200 établissements d’enseignement des langues au pays demande au gouvernement d’exempter les étudiants internationaux de l’obligation de faire une escale de trois jours.

Des restrictions qui ont un impact

Sheila Nunn, copropriétaire de la plus ancienne école de langues privée d’Halifax, l’East Coast Language, donne normalement des cours à environ 200 étudiants. Elle expliquait récemment qu’après que le gouvernement fédéral a annoncé en février que tous les voyageurs arrivant par avion devaient rester dans un hôtel agréé pour un maximum de trois nuits, des étudiants ont contacté l’école pour demander le remboursement de leurs droits de scolarité ou pour reporter le début de leurs études.

Elle et d’autres propriétaires d’écoles de langues demandent eux aussi au gouvernement fédéral d’exempter les étudiants internationaux de la quarantaine de trois jours ou de fournir un soutien financier aux étudiants qui paient des milliers de dollars pour venir au Canada.

Le cabinet du ministre des Transports, Omar Alghabra, a déclaré dans un communiqué que toute décision d’assouplir ou de modifier les mesures frontalières au Canada sera fondée sur des preuves scientifiques.

« L’interdiction d’entrée, associée à l’isolement et à la quarantaine obligatoires, demeure le moyen le plus efficace de limiter l’introduction de nouveaux cas de COVID-19 au Canada à l’heure actuelle », indique le communiqué.

Des mesures de restrictions qui sont discriminatoires?

Langues Canada, l’organisation nationale à but non lucratif qui représente plus de 200 établissements accrédités d’enseignement du français et de l’anglais, affirme que les règles fédérales rendent l’apprentissage difficile pour tous les étudiants étrangers, sauf pour les plus fortunés.

« Nous imposons essentiellement des règles discriminatoires envers les étudiants de la classe moyenne à ce stade », a dit Gonzalo Peralta, directeur général de Langues Canada.

« Lorsque vous augmentez le coût d’entrée au Canada de 500 ou 1000 $ à 4000 ou 5000 $, de nombreux étudiants disent : « Non, nous n’irons pas au Canada. » »

Ottawa dit qu’il a entendu les préoccupations des responsables d’écoles d’enseignement de langues, mais qu’il n’apportera aucun changement. Il affirme que les étudiants internationaux peuvent toujours continuer à apprendre l’anglais ou le français en ligne.

M. Peralta craint que les écoles de langues ne survivent pas longtemps. « Si les choses ne changent pas assez vite, nous assisterons à la décimation d’un secteur qui emploie 19 000 Canadiens », a-t-il conclu.

Les universités canadiennes pourraient perdre cette année jusqu’à 3,4 milliards de dollars en raison de la pandémie de COVID-19, notamment en raison d’une diminution des étudiants étrangers, selon des projections effectuées par Statistique Canada. PHOTO : DAMIRCUDI

RCI avec La Presse canadienne et CBC News

Catégories : Immigration et Réfugiés, International, Politique, Santé
Mots-clés : , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.