L’arrivée du variant indien au Canada a suscité l’inquiétude dans l’opinion publique. Le débat sur la suspension des vols en provenance de l’Inde s’est retrouvé naturellement dans les médias.
Ainsi, dans son édition de jeudi, le Journal de Montréal, propriété du groupe Québecor, a publié en une la photo du premier ministre Justin Trudeau en tenue indienne prise lors d’un voyage en 2018 qui avait suscité la polémique.
La photo est accompagnée du titre : Le variant de l’Inde est arrivé. En sous-titre, on lit : «Alors, Justin, est-ce qu’on coupe rapidement les liens avec l’Inde cette fois-ci? »
Il n’en fallait pas plus pour faire réagir le ministre responsable de la lutte contre le racisme au Québec, Benoit Charrette.
Pour ma part, ce sont les conséquences qui m’inquiètent. Nous assistons à une recrudescence d’actes racistes visant les personnes d’origine chinoise depuis le début de la pandémie. Avec des représentations semblables, on risque d’alimenter les préjugés.
— Benoit Charette (@CharetteB) April 22, 2021
Il a écrit son gazouillis en réponde au message d’un internaute qui a partagé la une de ce quotidien montréalais. L’internaute affirmait qu’« on peut penser ce qu’on veut de Justin Trudeau, mais cette façon de faire du journalisme me dégoûte ».
Le rédacteur en chef du Journal de Montréal s’est défendu dans une déclaration à l’agence QMI. « Notre page frontispice exposait publiquement et on ne peut plus clairement la décision difficile que Justin Trudeau doit prendre au sujet des frontières canadiennes et des vols arrivant de l’Inde avec des dizaines de passagers infectés par la COVID-19 », a-t-il dit en rappelant que Justin Trudeau a démontré plusieurs fois « son attachement personnel à l’Inde ».
En conférence de presse, le premier ministre du Québec François Legault a affirmé qu’« il faut être prudent pour ne pas stigmatiser certaines communautés ».
Depuis le début, je fais de la politique pour changer le monde. Je ne veux pas laisser à ma fille un Québec où tous les coups sont permis. Collectivement, on est capable de mieux. Les Québécois méritent mieux. #polqc #polcan https://t.co/LKztP3zpOX
— Pablo Rodriguez (@pablorodriguez) April 22, 2021
De son côté, la cheffe de l’opposition à l’Assemblée nationale, la libérale Dominique Anglade, s’est interrogée sur le but de cette une. « Quel message est-ce qu’on essaie d’envoyer? Est-ce qu’on essaie d’envoyer qu’il faut se méfier des Indiens? Est-ce qu’on essaie d’envoyer le message que c’est le premier ministre qui en est responsable? Est-ce que le premier ministre est le variant? Ce n’était pas clair », a-t-elle dit.
Jean-François Racine, le président du syndicat de la rédaction du Journal de Québec appartenant au groupe Québecor et qui a publié la même une, a affirmé au quotidien La Presse que « c’est notre réputation et notre crédibilité de journalistes qui sont en jeu. Les gens doivent savoir que la une, c’est la prérogative de l’employeur. Nous, on subit par la suite. »
« Depuis ce matin, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec est sollicitée pour réagir concernant les unes du Journal de Montréal et du Journal de Québec. Bien que nous soyons sensibles à vos réactions, la FPJQ ne commente jamais les choix éditoriaux des médias. Toutefois, rappelons que ces choix sont faits par les directions des rédactions et non l’ensemble des journalistes. », a écrit la FPJQ qui recommande à ceux qui veulent porter plainte de s’adresser au Conseil de presse du Québec.
Avec des informations de La Presse et du Journal de Montréal
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.