Manifestation contre le racisme à Montréal après la mort d'une jeune maman autochtone, Joyce Echaquan, dans des condition troubles et teintées de racisme à l'hôpital de Joliette - 03.10.2020 - Christinne Muschi / Reuters

Proposition de création d’un ministère responsable de la lutte contre le racisme au Québec

Pas moins de 25 propositions, dont la création d’un ministère pour lutter contre le racisme au Québec, ont été présentées lundi par le Groupe d’action contre le racisme.

Ce groupe a été créé en juin dernier par le gouvernement du Québec. La province connaissait à ce moment-là une vague de manifestations anti-racistes  à l’image de ce qui se passait  à tavers le Canada.

La création d’un ministère pour lutter contre le racisme et les discriminations raciales « est une étape majeure que le Québec doit franchir », estime le groupe.

Il ajoute qu’« il importe qu’au sein du gouvernement, la lutte contre le racisme soit placée sous une responsabilité ministérielle, ce qui faciliterait la mise en place des mesures prises à cette fin, et permettrait un suivi étroit des initiatives engagées auprès des ministères et des organismes ».

On rappelle aussi que, «de manière quasi unanime, les organismes et les personnes consultés par le Groupe d’action ont souligné la nécessité pour le gouvernement de désigner un responsable ministériel de la lutte contre le racisme, afin notamment d’augmenter l’imputabilité quant aux résultats des actions menées».

Les deux coprésidents du groupe, Lionel Carmant, ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, et Nadine Girault, ministre des Relations internationales et de la Francophonie et ministre de l’Immigration, de la francisation et de l’Intégration ainsi que Ian Lafrenière, le ministre responsable des Affaires autochtones, ont présenté le rapport intitulé Le racisme au Québec : Tolérance zéro.

« Ce que l’on présente aujourd’hui, ce sont enfin des actions cohérentes et concrètes. Jamais il n’y a eu une volonté aussi ferme d’agir et, surtout, de faire tout le suivi nécessaire pour que l’on puisse mesurer les effets de ces actions», Nadine Girault, ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration

Une autre des mesures phares préconisées par le rapport est l’interdiction des interpellations aléatoires. Cela mettrait fin aux cas de discrimination policière, estiment les rédacteurs du rapport.

Nadine Girault, ministre de l'Immigration, de la francisation et de l'intégration - 14.12.2020 - La Presse Canadienne / Graham Hughes

Nadine Girault, ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes

Les policiers recevront une formation continue sur la discrimination, le racisme et le profilage. Le groupe propose d’ajouter des intervenantes et intervenants sociaux aux corps policiers pour créer des patrouilles mixtes.

« On veut interdire toute interpellation fondée sur la race, la couleur, l’origine ethnique, la religion et la condition sociale. Pour procéder à une interpellation, il faudra un motif clair et en informer le citoyen au moment de l’interpellation », a affirmé Lionel Carmant, en conférence de presse.

Les mesures préconisées s’attardent aussi sur la discrimination dans l’accès au logement. Le groupe veut renforcer le traitement des plaintes en matière de discriminations en habitation et mieux informer le public du processus de plainte, notamment les propriétaires, locataires et futurs locataires.

Sur le volet des discriminations envers les Autochtones, le groupe d’action préconise cinq mesures et estime que « l’histoire, la situation socio-économique et les réalités particulières des Premières Nations et des Inuit doivent spécifiquement être prises en compte pour mieux répondre aux réalités auxquelles ils font face ».

Le Québec a été secoué par la mort dans des conditions troubles et teintée de racisme de l’Autochtone Joyce Echaquan.

Le groupe trouve que l’interdiction des interpellations aléatoires « permettra d’améliorer les relations et le lien de confiance entre la police et les Autochtones ».

Dans un communiqué, Amnistie internationale Canada francophone « accueille les mesures annoncées par le gouvernement pour lutter contre le racisme au Québec comme un premier pas dans la bonne direction, malgré une absence de plan structurant et de vision d’ensemble ».

L’ONG canadienne estime que « les actions énoncées par le gouvernement ne relèvent toutefois pas d’un plan d’action structurant complet comprenant une vision à long terme, des objectifs, un engagement continu et une méthode pour les atteindre ».

France-Isabelle Langlois, directrice générale d’Amnistie internationale Canada francophone, trouve qu’il «est par ailleurs regrettable que le racisme systémique n’ait pas été nommé».

Avec les informations de Radio-Canada et de La Presse canadienne

En complément :

De nos archives: le racisme en question

Pas de racisme systémique au Québec, selon la vice-première ministre

Entrevue|La lutte contre le racisme au Canada selon la ministre de l’Inclusion

Décès de Joyce Echaquan : le gouvernement québécois s’excuse officiellement

Catégories : Autochtones, Politique, Société
Mots-clés : , , , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.