Des membres de la diaspora tchadienne au Canada organisent samedi un rassemblement devant le consulat général de France à Montréal pour « dénoncer la bénédiction » donnée par ce pays à la junte militaire au pouvoir au Tchad après la mort de son président Idriss Déby Itno.
Ils demandent aussi « le retour à un régime civil à travers un gouvernement civil de transition qui va tirer sa légitimité de la Constitution tchadienne », explique, en entrevue avec Radio Canada International, Benjamin Milaiti, le représentant au Canada du Parti des Transformateurs, un parti de l’opposition tchadienne.
Le 20 avril dernier, au lendemain de sa victoire à l’élection présidentielle pour un 6e mandat, Idriss Déby Itno a été tué lors de combats avec les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT).
Un Conseil militaire de transition présidé par Mahamat Idriss Déby, l’un de ses fils, a dissous le gouvernement et l’Assemblée nationale. Le CMT a promis des élections dans 18 mois.
Lors des funérailles d’Idriss Déby Itno le 23 avril, dans la capitale tchadienne N’Djamena, le président français Emmanuel Macron a affirmé que « la France ne laissera jamais personne, ni aujourd’hui ni demain, remettre en cause la stabilité et l’intégrité du Tchad ».
C’est au Tchad que la France a installé le quartier général de sa force antidjihadiste dans la région du Sahel. Elle est appuyée par le groupe du G5 Sahel qui compte, en plus du Tchad, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso et le Niger.
Le président français a aussi appelé le Conseil militaire de transition à œuvrer pour la « stabilité, l’inclusion, le dialogue, la transition démocratique ».
Benjamin Milaiti explique que l’appui de la France au CMT « est inacceptable pour la plupart des Tchadiens. Nous nous adressons directement à la France parce que ce régime militaire ne tient le coup que par la protection de la France ».
La capitale tchadienne a connu ces derniers jours des heurts entre manifestants et force de l’ordre qui ont fait plusieurs morts.
« Nous avons écrit à tous les partis canadiens pour leur expliquer clairement la situation au Tchad. Un pays comme le Canada qui est un pays de droit et de liberté a toujours été debout et a protesté quand il y a un régime tyrannique quelque part qui maltraite son peuple comme en Birmanie, en Russie et dans d’autres pays. Mais lorsqu’il s’agit de l’Afrique et du Tchad, le Canada reste silencieux. Nous ne comprenons pas cela. Nous demandons au Canada de s’impliquer parce qu’il a des relations d’affaires avec le Tchad. J’aimerais juste dire que les États-Unis se sont prononcés pour un régime civil », dit Benjamin Milaiti.
Ce n’est pas la première fois que des Tchadiens du Canada manifestent à Montréal. En février dernier, ils ont manifesté pour exiger une alternance au pouvoir au Tchad qui était gouverné par Idriss Déby Itno depuis 30 ans.
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.