2 FÉVRIER – ICI RADIO-CANADA PREMIÈRE – En 1786, François Malépart de Beaucourt, le premier peintre canadien admis à une académie française (celle de Bordeaux) fait le portrait d’une femme noire. Il s’agirait du seul portrait connu d’une personne noire, peint par un Canadien avant le 20e siècle… Mais qui est cette femme au sourire mystérieux? Le tableau de la collection du Musée McCord est exposé au Musée des beaux-arts de Montréal. Hugo Lavoie en discute avec Jacques Des Rochers, conservateur de l’art québécois et canadien avant 1945.
Comment peut-on dire que c’est une esclave si l’on ne connait pas son identité ? Quelques noires furent aussi propriétaires de plantions et d’esclaves aux Antilles au XVIIIe siècle.
Le sein montré est très courant depuis la Renaissance sur des portraits de femmes aisées, voire de Reines, pour symboliser la qualité maternelle.
L’ananas est, lui, symbole d’aisance, souvent offert en cadeau par l’élite coloniale et européenne.
Alors pourquoi pas y voir une idylle coloniale du peintre ? Ou une voisine charmante de ce dernier ? Ou que sais-je encore !
Des boucles d’oreilles en or et un collier de grenat ne sont certes pas des attributs plausibles d’une esclave d’alors. Même pour une esclave « de maison », c’est à dire une domestique travaillant dans la résidence des maîtres (donc souvent un moins mal traité que les esclaves dits « des champs »), ce type de bijou n’est pas possible selon les diverses sources écrites d’époque.
N’a-t-on pas tendance à faire de ce tableau une icône de l’esclavage au Canada ? Alors même qu’il fût peint, certes par un canadien de naissance, en Haïti (Saint-Domigue au XVIIIe siècle) en 1786 ?
Nous semblons toujours avoir ce besoin de matérialiser notre Histoire québécoise ou canadienne au point d’inventer des « reliques » historiques. Un reste de religiosité passée ?
Bien cordialement,
Emmanuel NIVON