27 février – PORTRAITS DES JOURNALISTES DE RADIO-CANADA – Vivre dans une région éloignée pour quelqu’un venu de loin peut sembler un défi de taille. Pour Godefroy Chabi, journaliste dans les bureaux de Radio-Canada en Abitibi-Temiscamingue, ce n’est qu’une belle expérience de vie et de carrière.
Un texte de Paloma Martínez
Armé de patience et de passion, ce journaliste originaire du Bénin trouve son plaisir à raconter les histoires des gens comme vous et moi. Il a parcouru des milliers de kilomètres et aujourd’hui, il se sent bien à Amos.
Depuis son arrivée dans ce coin de pays, Godefroy constate que sa région en est une particulièrement ouverte à la diversité. La majorité des Abitbiens sont curieux et respectueux de la différence, alors que ceux qui ne le sont pas ne représentent qu’une minorité.
« Globalement, contrairement à ce que l’on peut penser, la région n’est pas un lieu de repli. Les gens ont une certaine ouverture et d’ailleurs ils sont vraiment contents de voir des personnes issues
de la diversité venir s’installer dans leurs régions »
Toujours passionné du travail journalistique, Godefroy Chabi a expérimenté en Abitibi-Temiscamingue le journalisme de proximité et il en a été profondément touché depuis le début.
« Les sujets qui m’ont le plus touché sont les histoires que j’ai entendues ici en région. Lorsqu’on travaille comme journaliste, on fait le choix de la proximité avec les gens et leurs vies. Ce sont donc les histoires à dimension humaine qui m’ont le plus touché; un agriculteur qui a perdu un bonne partie de sa semence ou de son bétail à cause d’une sécheresse, une famille victime de violence conjugale, etc. Ces histoires viennent me chercher en tant qu’humain et en tant que journaliste parce qu’elles ont des conséquences directes sur la vie des gens. »
Godefroy s’intéresse aussi aux histoires à saveur économique et locale. Il aime travailler sur des reportages qui traitent des initiatives à l’échelle communautaire et qui, une fois mises en branle, ont des effets directs sur la vie des gens. Il dit ainsi sentir que ses histoires racontées sur nos antennes reflètent vraiment la couleur du milieu.
Comment un journaliste béninois devient reporteur en Abitibi en quelques années seulement ?
Godefroy ne s’en cache pas, travailler à Radio-Canada était l’un de ses principaux objectifs quand il a décidé de venir vivre au Canada. Lors de son arrivée ici il y a 5 ans, après quelques contrats comme pigiste pour des médias variés, il a travaillé à Radio Canada International comme chroniqueur durant l’été 2010. Ensuite en 2011, sa candidature a été retenue comme stagiaire salarié pour des émissions à ICI première et à la salle de nouvelles, à Montréal.
Il faisait de reportages courts pour les bulletins de nouvelles à la radio et pour des émissions comme celle de Michel Désaultels. Après le stage, il n’est jamais reparti de Radio-Canada parce qu’il a obtenu un poste de vidéo-journaliste en Abitibi-Temiscamingue qui, comme on le sait, le rend heureux.
« Au début ç’a été certainement un saut dans l’inconnu. Quitter le Bénin et arriver avec l’intention de travailler à Radio-Canada mais sans avoir aucune assurance que cela marcherait, cela n’est pas évident. Alors je me suis armé de patience tout en ayant des idées positives. Je me disais que réussirais à me présenter tel que je suis et que le gens me feraient confiance pour me laisser entrer dans la grande équipe radio-canadienne. »
Le mois de l’histoire des Noirs
Cette célébration lui paraît essentielle encore en 2015.
« Durant ce mois, le Québec et le Canada profitent pour se rappeler qu’ils sont pluriels et que leur histoire est polysémique. Cette célébration nous montre que le Québec est comme un pagne constitué des gens de diverses origines et de diverses couleurs. »
Pour Godefroy, la célébration du mois de l’histoire des Noires permet de créer une sorte de symétrie de l’information pour que toutes les générations sachent que l’histoire du Québec et du Canada, passée et contemporaine, est constituée de beaucoup de monde, incluant les Noirs.