Quand les politiciens s’en mêlent
Le cas politiquement délicat des réfugiés algériens.
Durant la période de la fin des années 1990 et du début des années 2000, le Canada était aux prises avec le problème délicat des réfugiés algériens. Il ne pouvait pas fermer la porte à ceux qui craignaient soit le gouvernement militaire en place en Algérie, soit des groupes religieux fondamentalistes islamiques.
Mais le Canada ne voulait pas non plus torpiller ses intérêts économiques très nombreux avec l’Algérie, qui est déjà alors son principal partenaire commercial en Afrique du Nord.
En 1997, le Canada adopte un moratoire qui fera beaucoup couler d’encre
Par l’instauration de ce moratoire, le gouvernement canadien reconnaît aux réfugiés algériens le droit à la protection, en jugeant que la situation en Algérie est devenue dangereuse. Ces Algériens et Algériennes ne sont donc pas expulsés en Algérie. Par contre, ils ne sont pas officiellement reconnus comme étant des réfugiés. Ils demeurent légalement en sol canadien, mais sans avoir ni le statut de résidents ni celui de réfugiés politiques.
Ces réfugiés sans statut n’ont ainsi pas accès au système d’assurance maladie du Québec, bien que le gouvernement canadien rembourse tout de même une partie de leurs frais médicaux.
De plus, contrairement aux réfugiés reconnus ainsi qu’aux immigrants reçus, ces sans-statut doivent verser les mêmes niveaux de frais de scolarité que les étudiants étrangers ce qui, dans certaines universités, représente le triple du montant versé par les Canadiens ordinaires
Leur statut provisoire limite également leur accès au marché de l’emploi, car comment trouver un travail stable lorsqu’on n’a qu’un statut temporaire?
Julie Mareschal
Elle est spécialiste de l’histoire migratoire des Algériens entre 1990 et 2004.
Me William Sloan
Aujourd’hui à la retraite, il était encore tout récemment l’un des grands avocats spécialistes des réfugiés au pays.
Aide-mémoire
- À partir du début des années 1990, la guerre civile en Algérie qui oppose les islamistes et le gouvernement alors dirigé par l’armée contraint de nombreux Algériens à s’exiler.
- Le Canada, et surtout le Québec parlant français pouvait constituer une terre d’exil et de refuge de choix pour les Algériens.
- Alors qu’on ne comptait que 2000 Algériens au Québec en 1986, ils étaient 6000 quatre ans plus tard.
- Mais encore aujourd’hui, la catégorie de « réfugié algérien » est loin de désigner un groupe de personnes homogène.
- Il s’agit plutôt de plusieurs clans d’individus dont les idéologies s’affrontaient dans leurs pays d’origine et qui continuent de s’affronter en bonne partie une fois qu’ils sont exilés au Canada.
- On retrouve ainsi au pays des personnes qui se sont réfugiées au Canada parce qu’elles étaient menacées par le gouvernement algérien à cause de leur appartenance à des partis islamistes.
- Puis il y en a d’autres qui ont trouvé refuge au Canada parce que leur vie était mise en danger par des intégristes religieux.
À nouveau, Julie Mareschal, spécialiste de l’histoire migratoire des Algériens.