Le gouvernement du Nunavut défend sa gestion des récents déversements de carburant

La sous-ministre de l’Environnement du Nunavut, Yvonne Niego, estime que le gouvernement territorial a communiqué adéquatement l’information auprès du public et des municipalités touchées par deux déversements de carburant en moins d’une semaine.
La sous-ministre a accordé une entrevue à CBC à la suite des déversements qui se sont produits à Sanikiluaq, le 22 juillet, et à Rankin Inlet, le 17 juillet.
Dans un communiqué distribué par le gouvernement territorial, la Société d’énergie Qulliq a fait l’annonce du déversement de 7000 litres de diesel à la centrale électrique de Rankin Inlet, jeudi, soit une semaine après l’incident.
Quelques jours plus tard, une erreur humaine a causé le déversement à Sanikiluaq de près de 5000 litres d’essence dans le parc de stockage de carburant, situé au centre de la collectivité.
La Municipalité s’est rapidement mise en état d’alerte en évacuant les quelque 1000 résidents en périphérie, même si le gouvernement territorial n’avait pas lancé d’ordre d’évacuation.
Si elle avait été sur place, la sous-ministre Yvonne Niego admet que son premier réflexe aurait aussi été de protéger sa famille et de quitter Sanikiluaq par mesure de précaution.
« En revanche, je crois que j’aurais été beaucoup plus certaine que la communauté était en sécurité si j’avais eu accès aux informations du gouvernement du Nunavut », dit-elle.
Le gouvernement territorial a fait l’annonce du déversement environ six heures après l’incident, alors que les résidents de Sanikiluaq étaient déjà sur le chemin du retour.
Yvonne Niego affirme que les autorités ont évalué les risques du déversement peu de temps après son signalement et qu’elles ont ensuite été en communication avec la Municipalité tout au long de la journée.
Le ministère de l’Environnement a déterminé que le risque pour le public était faible puisque la vanne de la citerne d’essence était fermée et que des tampons absorbants avaient été installés au sol.

Yvonne Niego soutient que les employés du ministère sont rentrés chez eux pour l’heure du dîner, mais que, lorsqu’ils sont revenus, le hameau avait évacué la communauté sans décréter l’état d’urgence.
« Il y a des protocoles en place pour déclarer des urgences. À Sanikiluaq, ce protocole n’a pas été suivi, ce qui a laissé place à des rumeurs et à de la panique », explique-t-elle.
Les travaux de remédiation se poursuivent, mais le ministère de l’Environnement maintient que le risque pour la communauté est minime étant donné que le déversement s’est produit dans la zone de confinement de l’installation, et qu’aucun carburant n’a été déversé hors de cette zone contrôlée.
Niveau de risque
Bien qu’ils soient très volatils, les déversements d’essence nécessitent peu de mesures de remédiation, voire aucune, car le carburant s’évapore facilement, indique Stafford Reid, de la firme d’expert-conseil en environnement EnviroEmerg Consulting, en Colombie-Britannique.
« La communauté a évacué [ses résidents] pour permettre au carburant de s’évaporer », dit-il. « Il est demeuré dans les bermes, à l’intérieur du site industriel. »
Le diesel, quant à lui, ne s’évapore pas aussi facilement, soutient Stafford Reid. Comme il est moins volatil, il peut être facilement aspiré s’il se trouve dans une zone confinée.
Dans de telles circonstances, de l’engrais et de l’azote sont alors ajoutés au sol pour réduire la contamination et permettre au diesel de se dégrader naturellement, ce qui ne laisse qu’une quantité minimale de résidus.
Depuis le début de l’année, 142 déversements de contaminants ont été recensés au territoire, selon la base de données en ligne du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, qui comprend les incidents répertoriés au Nunavut.
La majorité d’entre eux sont sous la responsabilité du gouvernement fédéral, tandis que 40 déversements relevaient du gouvernement territorial. Cette proportion est inférieure à la moyenne de 60 à 70 déversements habituellement recensés pour cette période de l’année.
Impacts résiduels à long terme
Ian Stewart, historien des sciences à l’Université King’s College d’Halifax, rappelle toutefois que les conséquences des déversements sont cumulatives dans l’environnement et dans les communautés.
« Les effets cumulatifs des déversements antérieurs peuvent nuire à la manière dont un environnement est capable de faire face à un autre déversement », affirme l’expert spécialisé en gestion des déversements d’hydrocarbures.
« [Les hydrocarbures] se biodégradent avec le temps, mais à divers degrés. Au Nunavut, il y a des déversements qui datent de plusieurs décennies et les hydrocarbures sont toujours là », note-t-il.
Ian Stewart se préoccupe surtout des conséquences des déversements sur le mode de vie des résidents, entre autres. « Comment y remédier lorsque des vies sont perturbées? » demande-t-il.
À cela, Stafford Reid insiste donc sur l’importance de travailler en amont, notamment en modélisant la vitesse à laquelle un déversement pourrait se propager et en analysant préalablement la qualité de l’air.
La sous-ministre Yvonne Niego affirme quant à elle que le gouvernement étudie des données de tous les déversements qui se sont produits au territoire pour éclairer les futures réponses. Elle souligne aussi l’importance pour le public de signaler tout déversement.
Avec les informations de Samuel Wat.
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