Les richesses du Groenland que convoite Trump

Nuuk, la capitale du Groenland, le vendredi 7 mars 2025.
La capitale du Groenland, Nuuk, en mars 2025. (Photo : AP/Evgeniy Maloletka)

Le Groenland, convoité notamment par le président américain Donald Trump, possède de nombreuses richesses minières et se révèle être un emplacement stratégique.

Lorsque le président américain Donald Trump a suggéré pour la première fois d’acheter le Groenland, en 2019, les gens ont pensé que c’était juste une blague. Plus personne ne rit maintenant.

Les annonces expansionnistes du président Donald Trump se multiplient depuis son retour à la Maison-Blanche. Cela va des pressions pour que l’Ukraine cède ses droits miniers en échange d’une présence militaire aux menaces de prise de contrôle du canal de Panama, en passant par des intimidations pour que le Canada devienne le 51e État américain et l’achat du Groenland.

Donald Trump veut s’assurer que les États-Unis contrôlent ce territoire riche en minéraux qui garde une attache à l’Arctique et au nord de l’océan Atlantique.

Donald Trump sourit avec satisfaction au micro devant les membres du Congrès.
Le président américain, Donald Trump. (Photo : AP/Ben Curtis)

Le Groenland est un territoire autonome du Danemark, un allié de longue date des États-Unis qui a rejeté les approches de M. Trump. Le Danemark a également reconnu le droit du Groenland à l’indépendance au moment de son choix.

En raison des inquiétudes concernant les ingérences étrangères et des exigences selon lesquelles les Groenlandais devraient contrôler leur propre destin, le premier ministre de l’île a convoqué des élections parlementaires anticipées, prévues mardi.

Le changement climatique amincit la glace arctique, ce qui peut avoir pour conséquence de créer un passage du nord-ouest pour le commerce international. Ceci ravive la concurrence avec la Russie, la Chine et avec d’autres pays pour l’accès aux ressources minérales de la région.

Soyons clairs : nous entrons bientôt dans le siècle arctique, et sa caractéristique la plus marquante sera l’ascension fulgurante du Groenland, son importance durable et son influence omniprésente, explique Dwayne Menezes, directeur général de la Polar Research and Policy Initiative.

Le Groenland, situé au carrefour entre l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Asie, et doté d’un énorme potentiel de ressources, ne deviendra que plus important sur le plan stratégique, toutes les grandes et petites puissances cherchant à lui faire la cour, affirme Dwayne Menezes, directeur général, Polar Research and Policy Initiative. L’une d’entre elles est tout à fait désireuse d’aller plus loin et de l’acheter.

Un emplacement stratégique

Après la guerre froide, l’Arctique était en grande partie une zone de coopération internationale. Toutefois, le changement climatique, la recherche de ressources rares et les tensions internationales croissantes après l’invasion de l’Ukraine par la Russie stimulent à nouveau la concurrence dans la région.

Le Groenland étant au large de la côte nord-est du Canada, il est devenu un élément crucial de la défense de l’Amérique du Nord depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Les États-Unis ont d’ailleurs occupé le Groenland pour s’assurer qu’il ne tombe pas aux mains de l’Allemagne nazie et pour protéger les voies de navigation cruciales de l’Atlantique Nord.

Les États-Unis ont conservé des bases au Groenland depuis la guerre, et la base spatiale de Pituffik, anciennement la base aérienne de Thulé, soutient les opérations d’alerte et de défense antimissile et de surveillance spatiale pour les États-Unis et l’OTAN.

Le Groenland comprend également une partie de ce que l’on appelle le GIUK (Groenland, Islande, Royaume-Uni) Gap, où l’OTAN surveille les mouvements navals russes dans l’Atlantique Nord.

Des ressources naturelles

Le Groenland possède d’importants gisements de minéraux de terres rares, nécessaires à la fabrication de très nombreux produits, des ordinateurs et des téléphones intelligents aux batteries, en passant par les technologies solaires et éoliennes qui permettront de faire la transition vers l’abandon des combustibles fossiles. L’U.S. Geological Survey a également identifié des gisements potentiels de pétrole et de gaz naturel en mer.

Les Groenlandais souhaitent exploiter ces ressources, mais ils ont mis en place des règles strictes pour protéger l’environnement.

Changement climatique

Le recul de la calotte glaciaire du Groenland expose les richesses minérales du pays, (Nouvelle fenêtre) et la fonte des glaces de mer ouvre le passage du Nord-Ouest, autrefois mythique, à travers l’Arctique.

Le Groenland est stratégiquement situé le long de deux routes potentielles à travers l’Arctique, qui réduiraient les temps de navigation entre l’Atlantique Nord et le Pacifique et contourneraient les goulots d’étranglement des canaux de Suez et de Panama.

Bien que ces routes ne soient probablement pas viables commercialement avant de nombreuses années, elles attirent l’attention.

Intérêt de la Chine

En 2018, la Chine s’est déclarée État proche de l’Arctique dans le but d’accroître son influence dans la région. La Chine a également annoncé son intention de construire une « Route de la soie polaire » dans le cadre de son initiative mondiale Belt and Road, qui a créé des liens économiques avec des pays du monde entier.

L’ex-secrétaire d’État Mike Pompeo avait rejeté la démarche de la Chine, déclarant : Voulons-nous que l’océan Arctique se transforme en une nouvelle mer de Chine méridionale, en proie à la militarisation et à des revendications territoriales concurrentes?

Un projet d’exploitation minière de terres rares soutenu par la Chine au Groenland a été bloqué après que le gouvernement local eut interdit l’extraction d’uranium en 2021.

Indépendance

La législation qui a élargi l’autonomie gouvernementale au Groenland en 2009 a également reconnu le droit du pays à l’indépendance en vertu du droit international.

Les sondages d’opinion montrent qu’une majorité de Groenlandais sont favorables à l’indépendance, bien qu’ils diffèrent sur le moment exact où celle-ci devrait avoir lieu. Le potentiel d’indépendance soulève des questions sur les ingérences extérieures au Groenland qui pourraient menacer les intérêts américains dans le pays.

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