Intéresser les jeunes à la politique, un défi et une envie

Les jeunes de moins de 18 ans ne peuvent pas voter, mais cela ne veut pas dire qu’ils ne suivent pas la politique. À Whitehorse, ils sont plusieurs à se soucier des enjeux et à remettre en question l’âge minimal pour le droit de vote.
À l’école secondaire CSSC Mercier, un brouhaha règne pendant qu’environ 80 élèves s’installent et se préparent à accueillir la candidate néo-démocrate Katherine McCallum pour une séance de questions-réponses.
L’enseignant en justice sociale, Simon Langlois, a lancé l’invitation à tous les candidats qui se disputent le siège du Yukon pour venir discuter de leur plateforme avec les jeunes. Ce jour-là, c’était au tour du NPD de répondre à l’appel.

L’idée, avec cet exercice, est de stimuler l’intérêt des élèves pour la politique. Simon Langlois ne le cache pas, cela peut parfois être difficile.
« On dirait qu’on leur a donné, nous les anciennes générations, une patate chaude. Ils sentent une anxiété, un stress à se dire « c’est à nous de régler l’environnement, mais on ne nous donne pas la chance économiquement de pouvoir même acheter une maison ». Donc, on dirait qu’ils s’éloignent et qu’ils s’effacent », observe-t-il.
Le pari semble pourtant réussi puisque, lors de l’assemblée, les questions fusent de toute part, passant de l’environnement, au coût de la vie, à ce que la candidate pense du président américain, ou encore aux problèmes de consommation de substances chez les jeunes.

(Radio-Canada/Sarah Xenos)
« Je pense que c’est quelque chose qui m’intéresse et qui va avoir un grand impact sur ma vie personnelle et pour tous les jeunes autour de moi, alors ça m’intéresse pour cette raison », indique Noé Kwanteau, qui suit le cours de justice sociale.

(Radio-Canada/Sarah Xenos)
« Pour moi ce serait surtout l’environnement. Je trouve que l’environnement, c’est vraiment important parce qu’on voit tellement des grandes différences dans la température et ça va juste devenir pire. Alors, si on peut agir, ce serait vraiment bien », mentionne de son côté Zara Zedda, une élève de 11e année.
« La représentation jeunesse serait un des enjeux qui me tient le plus à cœur et aussi le [mouvement] Vote 16 », renchérit Tristan Gagnon, 16 ans, qui est également le président du comité Jeunesse Franco-Yukon.
Abaisser l’âge minimum du vote
Les élèves de la 7e à la 12e année ont tous été invités à remplir la boussole électorale pour mieux se situer selon leurs valeurs et intérêts. La classe de justice sociale prépare également la tenue du vote étudiant, mais certains souhaiteraient que ce vote ne soit pas qu’un exercice.
Selon Tristan Gagnon, abaisser l’âge minimum du vote à 16 ans aurait plusieurs bénéfices, notamment celui d’habituer les jeunes à prendre part à la démocratie avant qu’ils ne quittent les bancs d’école. Lorsqu’on vote une fois adulte, on doit penser à plusieurs choses en tant que nouvel adulte. Alors, en votant à 16 ans, c’est beaucoup plus simple, vous allez juste voter, dit-il.

À 20 ans, Juliette Belisle-Greetham milite au sein du mouvement Vote 16 au Yukon. Elle soutient qu’il faut inclure les jeunes dans la démocratie et souhaite voir un cours d’éducation politique et civique obligatoire à l’école secondaire.
« À l’école, on a le temps d’en discuter puis de s’informer. La possibilité est intéressante. J’y crois, mais il faut que ça vienne d’eux aussi », ajoute d’ailleurs l’enseignant Simon Langlois.
« Je crois que si on leur donne une place, [les jeunes] la prendront. Si on leur présente l’opportunité de voter à 16 ans, ça devrait amorcer aussi plus de conversations parmi les jeunes sur la démocratie et sur les politiques », assure de son côté Juliette Belisle-Greetham.
La question du vote à compter de 16 ans n’est pas nouvelle et plusieurs experts, dont la directrice générale du centre David Asper pour les droits constitutionnels à l’Université de Toronto, Cheryl Milne, s’y sont intéressés.
« Nous ne nous attendons pas à ce que les adultes aient un certain niveau d’éducation pour voter ni même un certain niveau de compétences, alors ce serait une norme que nous demanderions aux jeunes, mais qui ne s’appliquerait pas aux adultes », souligne-t-elle.
La chercheuse considère que les priorités des jeunes seraient probablement mieux prises en compte par les politiciens si ceux-ci pouvaient voter. Elle rappelle que tous les principaux partis du Canada permettent aux personnes de devenir membres, de faire des dons et de voter au sein du parti dès l’âge de 14 ans.
À CSSC Mercier, il est indéniable que plusieurs jeunes seraient prêts à prendre le chemin des urnes le 28 avril prochain si le gouvernement leur en donnait l’occasion.
Avec des informations de Virginie Ann
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