Renouvellement du permis du barrage de Whitehorse : l’environnement au coeur du débat

La semaine dernière, des représentants des Premières Nations, d’associations de résidents et du gouvernement yukonnais ont examiné la question du renouvellement du permis du barrage hydroélectrique de Whitehorse lors d’une audience publique organisée par l’Office des eaux du Yukon.
Pour Harold Gatensby, le barrage évoque un sentiment de deuil. Il dit avoir remarqué la disparition considérable de certains animaux, dont le rat musqué et le saumon quinnat, ainsi que des conséquences néfastes sur les lacs de la région.
Vous nous retirez notre façon de vivre, a affirmé M. Gatensby, membre de la Première Nation Carcross-Tagish.
Je veux rester près du lac. Il m’a vu grandir. J’y ai élevé mes enfants. Je sais où se trouvent le poisson, les orignaux. Je ne veux pas tout perdre, a-t-il déclaré.
Le processus de renouvellement du permis a commencé en 2023. Après avoir obtenu un avis favorable de l’Office d’évaluation environnementale et socioéconomique du Yukon cette année, la prochaine étape consistait en une audience publique. Énergie Yukon demande un permis de 20 ans.
Préoccupés par le poisson
Les trois Premières Nations ayant pris part à l’audience, soit Carcross-Tagish, Ta’an Kwäch’än Council et Kwanlin Dün, ont exprimé leurs préoccupations quant à la protection du poisson, et plus particulièrement du saumon quinnat.
Plusieurs représentants ont affirmé que, depuis plusieurs années, les poissons meurent à cause des quatre turbines du barrage. Ils prétendent que les mesures de protection d’Énergie Yukon sont insuffisantes.
Les Premières Nations proposent plusieurs mesures afin d’assurer la sécurité des poissons : l’arrêt temporaire de certaines turbines durant les périodes de migration, l’amélioration de l’échelle à poisson et une réduction du débit d’eau passant par le barrage, ce qui relève de la responsabilité d’Énergie Yukon.
Selon Catherine Ford-Lammers, responsable du projet de Carcross-Tagish, il y a encore beaucoup d’incertitudes quant aux mesures de protection qu’Énergie Yukon entend mettre en place, ainsi qu’à leurs délais.

Bien que les Premières Nations de Ta’an Kwäch’än Council et de Kwanlin Dün appuient un permis de 20 ans, Carcross-Tagish souhaite limiter sa durée à 10 ans. Cette dernière suggère aussi la création d’un comité composé de représentants des trois Premières Nations concernées afin qu’il supervise le projet à long terme.
Un pas vers la réconciliation
Pour sa part, la Première Nation de Kwanlin Dün a proposé sept mesures à prendre.
Lors de l’audience publique, Rae Mombourquette, membre de la nation Kwanlin Dün, a témoigné des conséquences du barrage sur les traditions de sa communauté. Selon elle, le barrage a rompu le lien des gens avec leur terre en submergeant des camps de pêche et des lieux de cueillette de fruits sous le lac Schwatka, le réservoir du barrage.
Les mesures seraient donc, dans un premier temps, la restitution des pertes subies par la Première Nation et, dans un deuxième temps, la reconnaissance des dommages causés au territoire.
Vous avez une chance incroyable de faire un grand pas vers la réparation et la réconciliation, a dit Rae Mombourquette, en s’adressant aux membres de l’Office des eaux.
Des progrès pour la protection, affirme Énergie Yukon
Selon Kirsten Hogan, consultante d’Énergie Yukon, cette dernière a progressé dans la collecte de données et a ajusté les débits pour permettre à un plus grand nombre de poissons d’utiliser l’échelle, qui est désormais ouverte pendant des périodes plus longues.
Nous possédons maintenant de bonnes informations, mais nous savons aussi qu’il y a encore beaucoup à apprendre, a-t-elle indiqué.
Bien qu’il n’y ait pas eu de nouvelles mesures de protection mises en place au cours des deux dernières années, elle a également affirmé qu’Énergie Yukon a d’autres plans pour atténuer les effets du barrage.
Jason Herbert, avocat-conseil de la société, a reconnu les effets durables du barrage pour les Premières Nations touchées. Toutefois, il a souligné que le barrage est essentiel pour produire de l’électricité fiable
et majoritairement renouvelable
pour les Yukonnais.
Finalement, Piers McDonald, président du conseil de l’Office des eaux, a souligné l’importance de leur décision et a dit que les résultats qui en découleront toucheront plusieurs générations.
Avec des informations de Julien Greene
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