Des Autochtones veulent être plus consultés sur la sécurité de l’Arctique

Des représentants du Yukon au sein de l’Assemblée des Premières Nations (APN) estiment que les Autochtones du territoire ont été historiquement exclus des décisions concernant la défense nationale et la souveraineté dans l’Arctique. Ils soutiennent que ces questions doivent être abordées en tenant compte des traités modernes.
Bien que [les Premières Nations] n’aient pas été entièrement exclues des politiques de défense, il est juste de dire que leur autorité et leurs droits n’ont pas été pleinement intégrés dans le contexte actuel de la défense du Canada, indiquent-ils dans un récent rapport.
« Les Premières Nations du Yukon ne sont pas de simples spectateurs, mais bien des partenaires actifs dans les décisions concernant la sécurité de leur territoire. Elles possèdent le savoir, les compétences et l’expérience requis pour ce faire. »
Le document propose 12 suggestions, dont l’amélioration de la communication avec les Premières Nations, l’allocation de ressources financières pour renforcer leur autonomie en matière de sécurité, et un renforcement des moyens pour lutter contre les répercussions du changement climatique.
Selon Kluane Adamek, cheffe sortante du Yukon dans l’APN, la faille dans les relations avec le gouvernement fédéral a été révélée il y a quelques années lorsqu’un ballon de surveillance a été abattu au-dessus du territoire des Premières Nations Na-Cho Nyäk Dun et Tr’ondëk Hwëch’in.
Le rapport évoque un grave problème de communication qui allait à l’encontre de la souveraineté des Premières Nations.

Essentiellement, ce n’est rien pour nous sans nous, résume Kluane Adamek.Nous voulons être de vrais partenaires afin de bâtir un Nord fort, sûr et souverain, selon nos propres termes.
Le document souligne que les Premières Nations devraient non seulement être informées des dangers dans la région, mais aussi être consultées dans les prises de décision.
Tenir compte du changement climatique
Selon les dirigeants autochtones, le changement climatique constitue la menace la plus immédiate pour le Grand Nord.
Ils estiment que la sécurité dans la région comprend la sécurité alimentaire, la liberté de circuler sur le territoire, l’adaptation des infrastructures au climat et le respect des droits des peuples autochtones.
Mme Adamek soutient que les Premières Nations ont déjà un rôle dans les interventions d’urgence, notamment grâce aux Rangers canadiens et au Service de feux de forêt des Premières Nations du Yukon.
Le gouvernement fédéral devrait donc investir davantage dans ces efforts et tenir compte des connaissances traditionnelles afin de s’adapter au changement climatique.
Les conséquences de la route de l’Alaska
Le Corps du génie de l’armée des États-Unis a construit la route de l’Alaska pendant la Seconde Guerre mondiale, sans le consentement des Premières Nations du Yukon.
Selon le rapport, le projet a entraîné le déplacement des communautés, la profanation de sites sacrés et la destruction de terres ancestrales.
Alors que le discours public se concentre sur la rapidité et l’ampleur de la construction, de nombreuses Premières Nations du Yukon se souviennent de la destruction, de la dépossession et de la perte profonde liées à ce moment.
L’APN demande que le gouvernement fédéral assume la responsabilité des torts du passé, qu’il reconnaisse ce legs de la route et qu’il développe des projets commémoratifs.
Le rapport propose de repenser la sécurité et la souveraineté du Nord en s’appuyant sur la vérité, le respect et la responsabilité partagée
, faute de quoi les efforts de partenariat resteront fragiles
.
Selon Brendan Hanley, député fédéral du Yukon, le rapport ouvre la porte à des discussions futures.
La souveraineté de l’Arctique va bien au-delà de la simple défense.Elle consiste à protéger notre territoire et tout ce qui en découle, notamment le développement économique, la préservation des zones cruciales pour la biodiversité, et la protection de notre culture, de notre héritage et de notre langue, dit il.