Le Yukon injecte des fonds dans un projet de quai minier à Skagway

Un quai en Alaska.
Le gouvernement du Yukon investit dans la modernisation du quai de minerais, estimant qu’il est essentiel à l’exportation des produits des mines du territoire. (Photo d’archives : Radio-Canada/Claudiane Samson)

Le gouvernement du Yukon a annoncé un premier versement de 166 000 $ pour appuyer le processus d’autorisation d’un nouveau quai minier à Skagway, en Alaska, malgré les inquiétudes des partis d’opposition dans le contexte des vives tensions commerciales avec les États-Unis.

Ce projet, évalué à près de 45 millions $, vise à offrir aux exportateurs de minerais du territoire un accès privilégié à ce port stratégique, avec des coûts d’utilisation réduits. Selon les termes d’un accord préliminaire signé en 2023, cet accès durerait 35 ans, avec la possibilité de le prolonger.

Dans un communiqué publié la semaine dernière, le gouvernement a assuré que cet investissement renforcera la compétitivité du Yukon et favorisera la croissance de son secteur minier.

Des critiques de l’opposition

L’initiative ne fait toutefois pas l’unanimité auprès de l’opposition. La cheffe du NPD du Yukon, Kate White, a dit qu’il était risqué de s’engager avec les États-Unis dans un contexte de tensions commerciales accrues.

Nous avons encore un peu plus de trois ans avec l’administration américaine actuelle. Donc, il y a de nombreuses préoccupations, a-t-elle déclaré, en faisant référence aux politiques protectionnistes et aux menaces à la souveraineté canadienne formulées par l’administration Trump.

Kate White parle aux journalistes.
Kate White s’inquiète des conséquences d’un tel investissement dans le contexte des relations commerciales tendues avec les Américains. (Photo d’archives : Radio-Canada/Vincent Bonnay)

Le Parti du Yukon exprime des réserves similaires.

Son critique en matière de mines, le député Scott Kent, souligne l’ampleur des sommes en jeu et juge que les engagements à long terme manquent de clarté.

C’est une dépense majeure qui exige une surveillance plus étroite. Comme beaucoup de Yukonnais, nous craignons que le ministre ne prenne des engagements sans savoir quel sera le résultat final, a souligné Scott Kent.

Scott Kent parle aux journalistes.
Scott Kent estime que les décisions dans ce dossier devraient être prises après les élections, par le prochain gouvernement élu. (Photo d’archives : Radio-Canada/Chris Windeyer)

Selon ce dernier, le moment choisi est par ailleurs problématique, alors que le territoire est sur le point d’entrer en période d’élection.

À ce stade du mandat, cette décision devrait revenir au prochain gouvernement, affirme Scott Kent.

Diversifier les marchés du Yukon

Pour le ministre du Développement économique, Ranj Pillai, l’incertitude entourant les relations commerciales avec Washington constitue justement une raison d’aller de l’avant.

Personne n’a de boule de cristal sur l’avenir de l’administration américaine. Mais si les relations devaient demeurer difficiles, il est essentiel que le Canada diversifie ses marchés, vers l’Europe et l’Asie, a-t-il déclaré.

Selon lui, la possibilité pour l’industrie minière d’expédier sa production est primordiale pour l’économie territoriale.

Nous n’aurons tout simplement pas de véritable secteur minier au Yukon, dans le domaine des métaux de base et des minéraux critiques, si nous n’avons pas de voie d’accès à la mer, a ajouté le ministre.

Certaines compagnies, comme Hecla Mining, expédient déjà une partie de leur production par l’Alaska.

Toutefois, l’entreprise souligne que le quai actuel de Skagway n’est pas optimisé pour des cargaisons de gros volume et donne la priorité au trafic de croisières.

Nous appuyons les efforts du gouvernement du Yukon et de l’industrie minière pour en faire une réalité, a déclaré par courriel le porte-parole de l’entreprise, Mike Satre.

Prudence et optimisme à Skagway

Du côté de Skagway, petite ville dont l’économie repose largement sur le tourisme, la perspective d’un nouveau quai minier suscite un mélange de prudence et d’enthousiasme.

Le conseiller municipal et candidat à la mairie Orion Hanson estime que le projet pourrait créer des emplois permanents et diversifier leur économie.

La COVID-19 nous a montré à quel point nous étions vulnérables quand nous mettions tous nos œufs dans le même panier, déclare-t-il.

Il rappelle toutefois que le port est déjà fortement sollicité.

Chaque été, 1,2 million de touristes débarquent des navires de croisière, avec au moins un bateau amarré chaque jour de mai à septembre. La démarche de trouver du temps de quai pour des navires minéraliers serait donc un défi.

Il y a beaucoup d’enthousiasme et d’activité, tant autour du quai que dans le secteur minier en général. Je pense que le moment est venu d’aller de l’avant et de conclure une entente qui profite à tout le monde, conclut le candidat à la mairie Orion Hanson.

Avec les informations de Caitrin Pilkington

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