Ratés du scrutin fédéral 2025 au Nunavik : le mea culpa d’Élections Canada

Le directeur général d’Élections Canada, Stéphane Perrault, s’est rendu en personne à Kuujjuaq mardi pour présenter ses excuses aux Nunavimmiut, après les ratés du dernier scrutin fédéral au Nunavik, qui avait privé de nombreux Inuit de leur droit de vote.
Stéphane Perrault s’est dit profondément désolé des problèmes survenus lors de l’organisation de ce scrutin fédéral au Nunavik, en admettant des manquements à tous les niveaux
.

Le plan d’Élections Canada prévoyait l’envoi par avion de personnel pour y ouvrir les bureaux de scrutin dans les 14 villages inuit de la région.
Le manque de planification aura toutefois perturbé la tenue du vote.
Deux villages n’ont eu aucun bureau de scrutin ouvert. D’autres bureaux de vote n’ont été ouverts que quelques heures, avant que l’équipe volante
d’Élections Canada ne quitte précipitamment le village.

Pratiquement toutes les communautés ont été touchées d’une manière ou d’une autre. […] Ce n’était pas un plan qui était souhaitable et il n’aurait pas dû être approuvé, souligne Stéphane Perrault.
Plus de détails sur les circonstances de ce cafouillage seront connus à l’automne, lors de la publication d’un rapport d’enquête d’Élections Canada.
La députée fédérale de la circonscription, Mandy Gull-Masty, a par ailleurs souhaité attendre les conclusions de ce rapport avant de commenter publiquement les ratés d’Élections Canada.
Toutes les personnes ont le droit de participer librement et de façon égale au processus électoral. La ministre Gull-Masty a hâte de lire le rapport complet afin de voir comment Élections Canada peut, à l’avenir, garantir au mieux l’accessibilité au vote, a déclaré son directeur des bureaux de circonscription.
Des changements à venir
Sans attendre les conclusions de l’enquête, Élections Canada reconnaît d’emblée qu’il aurait fallu impliquer davantage les communautés dans l’organisation de l’élection au Nunavik.
Cette erreur a privé les équipes de toute la richesse au niveau local
, explique Stéphane Perrault.
En s’appuyant sur une main-d’œuvre amenée par avion, on s’expose à des risques accrus. C’est ce qu’on a vu pendant les élections, ajoute-t-il.
Le directeur général croit que son organisation aurait aussi dû offrir plus d’accompagnement au directeur de scrutin régional, responsable de la circonscription.
Il va falloir revoir notre gouvernance pour s’assurer de renforcer les équipes qui sont chargées de surveiller les plans des directeurs de scrutin
, a expliqué Stéphane Perrault en entrevue, en marge d’une présentation devant les élus du conseil régional de l’Administration régionale Kativik (ARK) à Kuujjuaq mardi.
Le directeur général d’Élections Canada leur a par ailleurs assuré que les instances locales seront plus impliquées dans le processus d’organisation des prochaines élections.
L’institution a aussi la ferme intention de trouver des agents de liaison dans chacun des villages, pour aider à la tenue des prochaines élections.
Des excuses attendues
La directrice générale adjointe de l’ARK, Maggie Putulik, a assisté aux excuses d’Élections Canada, mardi.
Elle a vu d’un bon œil la présence à Kuujjuaq de Stéphane Perrault, ce qui démontre, selon elle, le sérieux de sa démarche.
Elle a par ailleurs récemment accompagné une équipe d’Élections Canada dans quatre communautés de la région, pour leur montrer la réalité des villages du Nunavik.
Je crois que cela a été très révélateur pour les membres de l’équipe. Ils ont pu voir notre réalité au Nunavik. Ils ont aussi vu que nous avions assez d’infrastructure et de personnel pour organiser les élections, explique Maggie Putulik.

Aussi présent lors de l’assemblée de l’ARK, le maire d’Ivujivik, Adamie Kalingo, a pu réitérer sa déception de ne pas avoir pu voter aux élections fédérales.
Les employés d’Élections Canada ont atterri dans son village, avant de repartir quelques minutes plus tard après avoir utilisé les toilettes, a-t-il rappelé au directeur général, Stéphane Perrault.
Je n’avais pas reçu le moindre bout de papier ou d’information en lien avec les élections, a déploré Adamie Kalingo, qui aurait souhaité être davantage impliqué dans l’organisation du scrutin.

C’est important, pour nous, les résidents d’Ivujivik, de vivre démocratiquement et d’être reconnus, a-t-il conclu.
Au-delà des excuses, ce seront toutefois les actions concrètes qui permettront aux résidents de regagner la confiance dans l’institution. En ce sens, Maggie Putulik, demeure optimiste pour l’avenir.
Les Inuit pardonnent et sont très accueillants. On accepte, avec grâce, des excuses lorsqu’elles sont sincères. Nous croyons que, à l’avenir, nous allons bien travailler et aurons une bonne relation avec eux, conclut-elle.
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