Le militant écologiste Paul Watson maintenu en détention au Groenland

(Photo : Associated Press/Louise Delmotte)
Le militant écologiste Paul Watson restera en détention jusqu’au 13 novembre, a décidé mercredi la justice groenlandaise, dans l’attente de la décision du gouvernement danois sur la demande d’extradition du Japon pour une affaire liée à son combat pour les baleines.
Arrêté le 21 juillet, l’Américano-Canadien de 73 ans aura ainsi dépassé les 100 jours de détention à cette échéance, si une décision n’intervient pas d’ici là.
Le tribunal du Groenland a décidé qu’il « devait être maintenu en détention jusqu’au 13 novembre 2024 afin d’assurer sa présence dans le cadre de la décision d’extradition » que le gouvernement danois doit prendre, a indiqué la police groenlandaise dans un communiqué.
L’écologiste a fait appel.
La décision d’extradition revient au ministère de la Justice danois, qui examine toujours le dossier.
Je m’attends à ce que le ministère prenne une décision avant l’expiration du délai en novembre, a dit à l’AFP Finn Meinel, un avocat de Paul Watson, présent lors de l’audience à Nuuk, capitale du territoire danois autonome.
Interception d’un baleinier nippon
Fondateur de Sea Shepherd et de la fondation en faveur des océans qui porte son nom, Paul Watson a été arrêté lorsqu’il était en route avec son navire, le John Paul DeJoria, pour intercepter un navire-usine baleinier nippon.
Le Japon réclame son extradition depuis 2012, car il l’accuse, selon ses soutiens, d’obstruction à une activité commerciale, mais aussi d’être coresponsable de dommages et de blessures lors de heurts avec un baleinier nippon dans l’océan Antarctique en 2010.
Dans le détail, Paul Watson est poursuivi pour des blessures qui, selon l’accusation, auraient été infligées le 11 février 2010 à un marin du Shonan Maru 2 par une puissante boule puante contenant de l’acide butyrique, et pour l’abordage du même navire quatre jours plus tard.
Nous ne sommes toujours pas autorisés à présenter les preuves montrant que les poursuites engagées contre Paul ne sont pas fondées. C’est très frustrant, a ajouté Finn Meinel.
Dans un rare commentaire sur cette affaire, le ministre des Affaires étrangères nippon, Takeshi Iwaya, avait estimé, au début du mois d’octobre, que la demande d’extradition de son pays relevait de « l’application de la loi » plutôt que de la pêche à la baleine.
À sa sortie du tribunal, mercredi, Paul Watson a dénoncé une instrumentalisation politique de la part du Japon.
Ils utilisent le système judiciaire danois pour arriver à leurs fins afin de recommencer à tuer des baleines dans le sanctuaire baleinier de l’océan Austral, a lancé le septuagénaire devant les caméras de la chaîne publique KNR.

Demande d’asile en France
Paul Watson espère rentrer en France, où il vivait au moment de son arrestation.
Il a demandé l’asile politique à ce pays le 16 octobre dans une lettre manuscrite envoyée au président Emmanuel Macron.
La position de la France à ce sujet n’est « pas tranchée », a déclaré le lendemain la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon.
Cette demande soulève des problèmes de droit et est donc largement symbolique.
En principe, une demande d’asile ne peut être faite que sur le sol du pays dans lequel cette demande est faite, a observé le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur une radio publique.
Les déboires judiciaires de Paul Watson ont suscité le soutien d’une partie de l’opinion publique et d’autres militants.
Mercredi, peu avant la décision de la justice groenlandaise sur le maintien en détention du militant, quelques dizaines de manifestants s’étaient rassemblés devant l’hôtel de ville de Paris. Ils scandaient : « Libérez Paul Watson » et brandissaient des pancartes où l’on peut lire : « Un héros n’a pas sa place en prison » ou « Saving whales is not a crime » (« Sauver les baleines n’est pas un crime »).
Engagée dans la protection de tous les animaux, la primatologue britannique Jane Goodall a aussi appelé le président français à agir en faveur de l’Américano-Canadien.
J’espère sincèrement que le président Macron accordera l’asile à Paul Watson, a-t-elle déclaré à l’AFP.
Le Japon est, avec la Norvège et l’Islande, l’un des trois derniers pays à pratiquer la chasse commerciale à la baleine.
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