Des défis majeurs attendent le premier ministre Carney

Le libéral Mark Carney célébrant sa victoire avec ses partisans à Ottawa.
Le chef libéral Mark Carney célébrant sa victoire avec ses partisans à Ottawa. (Photo : Reuters/Jennifer Gauthier)

Le premier ministre canadien Mark Carney, qui a remporté les législatives, devra surmonter des défis de taille, qu’il a lui-même qualifiés d' »intimidants » mardi, les deux principaux étant Donald Trump et l’économie.

« Sa lune de miel sera très courte », prévient Marci Surkes, ancienne conseillère de Justin Trudeau. Son arrivée se fait en effet dans une période compliquée pour le Canada, bousculé par les coups de boutoir du président américain.

Et même si Mark Carney répète que son expérience l’a préparé pour cela, les mois à venir seront ardus.

D’autant plus que le dépouillement se poursuit dans certaines circonscriptions très disputées, et les libéraux semblent en passe d’échouer, de peu, à obtenir la majorité absolue au Parlement. Ils devront donc compter sur le soutien d’un autre parti pour faire voter leurs projets de loi.

« C’est le moment d’être audacieux », a affirmé le chef du Parti libéral devant ses partisans dans la nuit de lundi à mardi, promettant de « construire à tout-va ».

Il a remporté lundi une victoire historique, alors qu’il y a encore six mois, les libéraux étaient promis à une lourde défaite face aux conservateurs.

« Les défis devant nous sont intimidants, et c’est normal. Mais j’ai confiance », a-t-il ajouté.

Il lui faudra en premier lieu trouver comment gérer les attaques du président américain, qui a sous-entendu lundi en plein vote qu’il devrait diriger le Canada et réitéré sa volonté d’annexer le pays.

Et il faudra aussi lancer rapidement des projets à même de réorienter l’économie canadienne.

Donald Trump au micro, devant des drapeaux américains, bouge la main en parlant.
Donald Trump en conférence de presse à son domaine de Mar-a-Lago, en Floride, le 7 janvier 2025. (Photo : Associated Press/Evan Vucci)

Le pays de 41 millions d’habitants envoie les trois quarts de ses exportations chez son grand voisin du sud et les droits de douane imposés par Donald Trump sur les secteurs de l’automobile et de l’acier et sur d’autres produits ont déjà des effets sur l’économie.

Puisque « le président Trump essaie de restructurer fondamentalement l’économie américaine », le Canada devra « réinventer » la sienne, a déclaré Mark Carney au début de la campagne.

Il a notamment pour ambition de lever les barrières douanières entre les provinces canadiennes et de renforcer les liens avec l’Europe pour réduire la dépendance du Canada envers les États-Unis.

Mais ouvrir de nouveaux couloirs commerciaux « nécessite des investissements considérables » et prendra des années, souligne Marci Surkes.

Si la recherche de nouveaux marchés est louable, elle n’offre pas de « solutions rapides » aux défis actuels, confirme Steve Verheul, vice-ministre canadien du Commerce lors du premier mandat de Donald Trump.

Pour lui, rétablir le libre-échange avec Washington sera crucial. « Nous avons besoin d’eux. Ils ont besoin de nous », indique-t-il.

Donald Trump et Mark Carney ont annoncé avant l’élection qu’Ottawa et Washington ouvriraient des discussions commerciales dès le mois de mai.

À l’agenda des deux hommes, un autre rendez-vous se profile avec le prochain sommet du G7, qui réunira en juin dans l’Ouest canadien les dirigeants de l’Allemagne, du Canada, des États-Unis, de la France, de l’Italie, du Royaume-Uni et du Japon.

Il faudra un « effort titanesque » pour régler cette crise, estime Sandra Aubé, ancienne conseillère libérale qui a été cheffe de cabinet de la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, jusqu’en 2022.

Il devra y avoir un réengagement important à tous les niveaux avec le gouvernement américain, pour voir ce que le Canada peut faire bouger », soutient-elle.

Autre défi central des mois à venir pour Mark Carney : repenser la défense canadienne. Il a dévoilé un programme ambitieux qui vise à affirmer la souveraineté du Canada, en particulier dans l’Arctique, et à réduire la dépendance aux alliés traditionnels, notamment celle avec les États-Unis.

« C’est un élément qui a un lien avec l’économie, car des investissements majeurs de milliards de dollars vont bénéficier au secteur manufacturier canadien et à la défense », dit-elle. Et en même temps, le premier ministre ne pourra pas faire l’impasse sur les sujets du quotidien qui préoccupent les Canadiens : le coût de la vie, la crise du logement… Ce sont des « problèmes réels et urgents », dit Marci Surkes.

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