La ville yukonnaise de Faro connaît à nouveau une augmentation de sa population, 24 ans après la fermeture de sa mine.
Faro est presque née du jour au lendemain pour héberger les travailleurs de ce qui allait devenir la plus grande mine de plomb et de zinc à ciel ouvert du monde et, par la suite, l’un des sites miniers abandonnés les plus difficiles à remettre en état, selon le gouvernement du Canada.
Ouverte en 1969, la mine Cyprus Anvil est rapidement devenue le plus important employeur privé du Yukon et, à son apogée, la mine représentait plus du tiers de l’économie du territoire.
Dès sa conception, l’idée était que Faro devienne plus qu’un camp pour mineurs, mais bien une ville. La population a ainsi augmenté pour atteindre 2000 personnes, faisant de Faro la deuxième ville du Yukon après Whitehorse.
On y trouvait une piste de curling, un grand magasin, un hôtel de luxe et un cinéma.
Vers le milieu des années 1980, le vent a commencé à tourner.
Cyprus Anvil a fermé la mine en 1982 et celle-ci a changé de propriétaires, a ouvert et refermé ses portes à de nombreuses reprises pendant près de 15 ans, avant de fermer pour de bon en 1998.
La ville s’est vidée progressivement. Les maisons et les appartements ont soudainement été délaissés, jusqu’à ce que seulement 300 habitants arpentent encore les rues de Faro, donnant à certains quartiers des airs de ville fantôme qu’elle conserve encore aujourd’hui.
Il y a encore une décennie, « il ne semblait pas y avoir beaucoup de raisons pour que Faro continue d’exister », a récemment écrit Larry Baran, le chef de l’administration de la Ville dans son infolettre.
La Ville a repris en charge 37 propriétés comprenant 170 logements et les a mis en vente en 2017 à bas prix pour éviter d’avoir à payer elle-même leur destruction. Les acquéreurs devaient en contrepartie s’engager à commencer les rénovations dans les trois années suivantes. En six mois, 80 % des logements ont été vendus et, rapidement, de nouveaux visages sont apparus dans la ville.
Tina Freake a acheté l’une de ces maisons. Selon elle, Faro est attirante pour les jeunes familles, car c’est une petite ville, sûre, amicale et abordable.
Nous ne sommes plus seulement une communauté minière abandonnée. Je dirais que nous sommes maintenant plus une communauté familiale qu’autre chose, où il se passe beaucoup de choses.Tina Freake, habitante de Faro
Le dernier recensement présente Faro comme la collectivité ayant l’augmentation de population la plus rapide du territoire. Elle a progressé de 26 % entre 2016 et 2021.
Son maire, Jack Bowers, pense même que depuis le recensement le nombre de ses administrés a peut-être dépassé 500. « Nous avons toute une file d’attente de personnes qui souhaitent emménager. Ces maisons qui étaient autrefois considérées comme un handicap sont maintenant devenues un atout. »
Un projet d’assainissement colossal
Le projet d’assainissement de la mine devrait nécessiter 15 ans de travail, après quoi on en aura pour 20 à 25 ans de suivi et de tests.
Cette année, l’entreprise américaine Parson a obtenu du gouvernement canadien le contrat d’assainissement et d’entretien du site. Dans un communiqué, elle vante le fait que le contrat « pourrait s’étendre sur plus de 20 ans et excéder 2 milliards de dollars ».
« Notre avenir est assuré », lance le maire Bowers. « Le fédéral s’est engagé sur la question, ce qui signifie que nous avons une sécurité d’emploi ici. »
Malgré ce renouveau, peu de gens s’attendent à ce que la population de la ville redevienne ce qu’elle était à sa grande époque. Certains habitants, comme Katy Peeling, voudraient qu’elle grandisse un peu, mais pas trop.
« Je pense que la plupart des gens d’ici préfèrent que cela reste une petite ville », confie-t-elle. « Un millier, ça serait bien pour soutenir le magasin, la station-service et quelques autres petits endroits. »
Je ne pense pas que Faro va disparaître, tout simplement parce qu’elle en a déjà eu l’occasion trop souvent et, pourtant, la ville est toujours là.Katy Peeling, habitante de Faro
Venue s’installer à Faro en 1974, elle se souvient d’avoir vu la population fluctuer à plusieurs reprises.
« Peut-être six fois », dit-elle, alors qu’une septième vague pourrait frapper Faro.
Katy Peeling affirme n’avoir jamais perdu la foi en Faro, même dans les moments les plus difficiles. Au contraire, c’est dans ces moments difficiles qu’elle est devenue convaincue que Faro survivrait à tout.