Les entreprises canadiennes qui espéraient être épargnées par les droits douaniers de Donald Trump sont amèrement déçues.
Donald Trump a décidé que les droits de douane sur l’aluminium et l’acier qu’il annoncera cette semaine s’appliqueront à tous les pays sans exception. Cela inclut le principal fournisseur des deux matériaux aux États-Unis, le Canada.
Le responsable du commerce à la Maison-Blanche, Peter Navarro, a affirmé dimanche que l’établissement d’une exception pour un pays créerait une pente glissante : « Dès l’instant où il exempte un pays, il reçoit des appels téléphoniques d’autres chefs d’État ou de gouvernement ».
Des chiffres…
– le Canada a exporté l’an dernier environ 9,3 milliards de dollars d’aluminium aux États-Unis et environ 5,5 milliards d’acier;
– pour les États-Unis, l’acier canadien représente une importante partie des importations, soit un peu plus de 15 % de toutes les importations;
– pour le Canada, les États-Unis jouent un rôle crucial dans le paysage des exportations;
– près de 90 % des exportations canadiennes d’acier sont destinées au sud de la frontière.Photo Credit: IS
À la guerre comme à la guerre?
Peter Navarro – CNBC
Certains animateurs d’émissions télévisées dont il faisait la tournée dimanche lui ont demandé comment la Maison-Blanche pouvait invoquer des motifs de sécurité nationale pour imposer des droits douaniers à un proche partenaire de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et membre du complexe militaro-industriel américain.
De répondre Peter Navaro : « Le Canada représente 40 % du marché. Si vous exemptez le Canada, alors vous devez imposer de gros, gros tarifs à tout le reste du monde. Il s’agit ainsi d’une approche ciblée, équilibrée. »
Un animateur de CNN, Jake Tapper, a demandé à M. Navarro de songer à la perspective du Canada: « Le Canada pourrait dire : »Exemption de sécurité nationale? Nous combattons à vos côtés dans chaque guerre. Nos soldats emboîtent le pas aux vôtres dans chaque conflit. Quel scénario pourrait faire en sorte que nous ne vous fournissions ni acier ni aluminium? »», interroge Jake Tapper. Le haut responsable a laissé une note d’espoir pour le Canada : même si aucun pays ne sera exclu, certaines industries clés pourraient l’être. Des inquiétudes émanent notamment du secteur automobile au Canada, et des impacts possibles sur les allers et retours transfrontaliers de composantes des véhicules.
Une guerre commerciale est annoncée
Le président américain Donald Trump, lors de la réunion avec des industriels américains après laquelle il a confirmé l’imposition de droits douaniers sur l’acier et l’aluminium. Photo : Getty Images/Win McNamee
À l’instar de nombreux gouvernements étrangers, des sénateurs républicains disent craindre que ces droits douaniers n’entraînent les États-Unis dans une guerre commerciale avec des pays alliés, et ne nuisent particulièrement aux consommateurs et aux secteurs manufacturier et agricole. Ils ne sont toutefois pas certains, disent-ils, que le Congrès puisse empêcher le président d’aller de l’avant avec ces droits de douane, imposés après que le secrétariat au Trésor eut conclu que l’importation d’aluminium et d’acier constitue une menace pour la sécurité nationale des États-Unis.
« Les guerres commerciales sont bonnes et faciles à gagner », avait twitté Trump vendredi matin dernier, après avoir affirmé hier qu’il promulguerait dès cette semaine de nouvelles mesures tarifaires. « Et elles seront appliquées pour longtemps », prévenait-il.
Les déclarations du président américain réveillent les craintes de guerre commerciale mondiale, la Chine, deuxième partenaire commercial des États-Unis, ayant déjà prévenu qu’elle ne resterait pas les bras croisés face à des mesures protectionnistes américaines. Pourtant, ce pays est loin d’être le principal fournisseur d’acier des États-Unis, comptant pour moins de 2 % des importations totales. Celles-ci proviennent principalement du Canada (16 %), du Brésil (13 %) et de la Corée du Sud (10 %).
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RCI avec La Presse canadienne, l’Agence France-Presse et Radio-Canada
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