Tiraillés dans le monde, puis souvent divisés ici

L’islamisme, le nationalisme ou… le cosmopolitisme

L’identité arabe est généralement tiraillée dans le monde entre un courant nationaliste arabe plus ou moins laïque et un courant islamique qui privilégie l’appartenance à l’islam comme culture, comme civilisation et comme cadre d’action politique.

Mais un troisième courant existe aussi, et on l’observe facilement au Canada chez beaucoup de nouveaux arrivants arabes. C’est le courant cosmopolite.

Ses adeptes préfèrent faire la promotion d’une culture qu’ils perçoivent comme étant universelle et qui vient en quelque sorte transcender les appartenances religieuses ou nationales qui peuvent, elles, être source de conflit dans un nouveau pays d’accueil.

Dans bien des cas, la peur de la mouvance islamiste que l’on retrouve dans ces groupes arabes non islamiste entraîne des attitudes hostiles envers l’islam en général.

Les liens entre les ressortissants des divers pays arabes au Canada ne sont donc pas dans les faits politiques d’abord, mais d’ordre culturel, surtout chez ceux qui ne sont pas de religion musulmane. Cela est vrai particulièrement au Québec.

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Patrice Brodeur est professeur agrégé de la Faculté de Théologie et sciences des religions de l’Université de Montréal. Il explique pourquoi beaucoup d’Arabes au Canada préfèrent oublier les problèmes du passé.

 

Plus militants dans la ville de Toronto

À Toronto, où les personnes d’origine arabe sont majoritairement musulmanes, les regroupements nationaux liés au pays d’origine sont moins importants et les regroupements plus revendicateurs basés sur l’appartenance religieuse le sont plus.

Les immigrants d’origine arabe qui se reconnaissent dans l’identité arabe ont tendance à adhérer aux revendications d’associations comme la Fédération canado-arabe, par exemple, en ce qui concerne la politique canadienne très pro-israélienne et restrictive vis-à-vis d’un État palestinien.

Par ailleurs, lorsqu’un immigrant d’origine arabe est membre d’une
minorité chrétienne il a plus tendance à être hostile envers les
demandes d’accommodements religieux des islamistes notamment
fondamentalistes au Canada.

Des Canadiens arabes qui se font parfois bien discrets 

Des associations au Canada réunissant des citoyens arabes sont parfois réticentes à appuyer directement certaines causes religieuses musulmanes, car plusieurs de leurs membres, notamment catholiques, ont vécu divers degrés de discrimination religieuse dans leur propre société d’origine.

Les facteurs d’oppression religieuse et politique étaient en fait pour beaucoup d’entre eux la principale cause de leur immigration au Canada.

Cela explique pourquoi, historiquement, plusieurs de ces associations se tiennent loin des prises de position politiques et religieuses qui auraient un impact direct sur leur dynamique associative.

Par contre, il arrive que des citoyens chrétiens originaires de pays arabes se prononcent à titre personnel contre l’islam politique et contre les revendications de certains groupes musulmans au Canada concernant le fameux dossier des accommodements religieux.

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Selon Rachad Antonius, professeur de sociologie à l’Université du Québec à Montréal, « il est fondamental de prendre en considération tous ces éléments dans l’analyse des groupes arabo-musulmans au Canada, parce qu’ils expliquent en partie pourquoi ils éprouvent parfois des difficultés à travailler ensemble et pourquoi les mobilisations se font bien plus sur des bases culturelles que sur des bases citoyennes au sens politique du terme. »

Pour en savoir plus…

Résilience et défi de l’intégration au Festival du Monde arabe – RCI

Le Forum musulman affirme que les musulmans sont instrumentalisés – Radio-Canada