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Les Québécois doivent renoncer, pour le moment, aux bars ouverts jusqu’à six heures du matin

Un projet pilote qui est mal documenté selon la Régie des alcools du Québec.

La Régie des alcools refuse d’autoriser le projet pilote du maire de Montréal, Denis Coderre, de prolonger les heures d’ouverture de certains bars jusqu’à 6 h.

Selon la Régie, « ce projet est contraire à l’intérêt public et est susceptible de nuire à la tranquillité publique ».

En ce moment, tous les bars de Montréal et du Québec doivent fermer leurs portes vers les 3 heures du matin. Le maire de Montréal avait pourtant annoncé récemment qu’un projet-pilote permettrait à 19 bars du centre-ville de Montréal d’accueillir des clients jusqu’à 6h et de vendre de l’alcool jusqu’à 5h30.

Cette expérience pilote devait se dérouler pendant quelques fins de semaine seulement, entre le 12 juin et le 5 juillet et devait permettre d’évaluer la pertinence d’étendre cette mesure à plus d’établissements à Montréal sur une base permanente.

Le projet pilote du maire de Montréal se retrouve au fond du baril, pour le moment

Pour le maire de la ville de Montréal, l’idée de base était de souligner le caractère festif de la ville Montréal. Il précisait il y a quelques jours : « Nous sommes une métropole. Une métropole, c’est du fun. On peut avoir du plaisir sans nécessairement avoir des excès. J’ai reçu beaucoup d’appels de gens qui me disaient que ça valait la peine d’essayer. Il y a une vie nocturne à Montréal ».

Lors d’audiences la semaine dernière, la Ville de Montréal a pourtant essentiellement présenté des arguments financiers pour défendre son projet de loi. Or, la Régie aurait voulu que la mairie mesure les impacts du projet sur la santé publique et qu’elle présente des exemples sur ce qui se passait dans d’autres villes dans le monde où les bars sont ouverts toute la nuit.

Voilà ce qui a semblé déplaire aux responsables de la Régie des alcools qui écrit : « nous sommes déçus de constater que la perspective économique ait pris autant de place, alors qu’en réalité, l’enjeu de la santé publique est complètement absent ».

Le maire de Montréal Denis Coderre.
Le maire de Montréal Denis Coderre. © David Champagne

Le saviez-vous?

Échecs et réussites dans d’autres villes du monde

  • Vancouver, Canada. Cette grande ville de la côte ouest canadienne a autorisé en 2002 la fermeture des bars à 4 h au lieu de 2h du matin. L’expérience a été un échec en raison d’actes de violence à la sortie des bars.
  • Londres, Angleterre. Les bars ont le droit de rester ouverts 24 heures sur 24 depuis 2003. Après une année, les policiers ont constaté une baisse de 5 % des crimes violents, mais il a fallu augmenter de façon permanente les effectifs policiers.
  • Auckland, Nouvelle-Zélande. La ville a prolongé les heures d’ouverture dans les années 1990 et a noté une hausse des cas d’intoxications, de pollution sonore et de conduite en état d’ébriété.

Un projet de bars ouverts qui ne peut être validé pour le moment par la loi québécoise

La Régie des alcools du Québec affirme que le projet du maire de Montréal à le défaut de ne pas pouvoir s’appuyer « sur des règles de droit qui l’autorisent ». Elle ne ferme pas complètement la porte dans sa décision affirme que l’idée doit être « examinée à l’occasion de débats au cours desquels tous les enjeux auront été évalués et portée sur l’examen d’une proposition sérieuse, réfléchie et documentée ».

La Régie a également émis des doutes sur la préparation du Service de police de Montréal pour accompagner les tenanciers de bars dans cette aventure.

La décision de la Régie est dans les faits une invitation lancée au maire de Montréal pour qu’il documente un peu mieux son projet.

Le maire Coderre a fait part de sa déception : « C’est une occasion ratée pour Montréal. On a dit que ce n’est pas assez documenté, mais le but de faire un projet pilote en quatre fins de semaine, c’était justement pour documenter. »

Les Montréalais semblent très partagés sur l’ouverture de leurs bars jusqu’à 6h.

Un homme s'est fait poignardé dans le bar Le Café Campus, rue Prince-Arthur à Montréal ce printemps.
Un homme s’est fait poignardé dans le bar Le Café Campus, rue Prince-Arthur à Montréal ce printemps. © Simon-Marc Charron/Radio-Canada

Un peu d’histoire récente…
Montréal, ville du vice!

  • Même si Montréal connaissait déjà une activité nocturne fébrile dès le xixe siècle, la réputation de Montréal, ville nocturne de plaisir, a débuté dans les années 1920.
  • Ce sont des législations américaines et canadiennes qui ont permis à Montréal de se tailler une place singulière.
  • En1920, le Congrès américain vote un amendement constitutionnel (le Prohibition Act) qui interdit la production et la consommation de boissons contenant plus d’un demi-pour cent d’alcool.
  • En 1921, à l’opposé, le gouvernement du Québec procéda à la création de la Commission des liqueurs du Québec qui permet aux citoyens d’accéder légalement à toutes les boissons alcooliques.
  • À partir du milieu des années 1920, plusieurs artistes de la scène new-yorkaise s’installent donc à Montréal pour jouer dans le milieu naissant des cabarets montréalais.
  • À la fin des années 1920, on retrouve à Montréal plusieurs boîtes de nuit et de clubs très courus. Les touristes américains suivront.
  • Les cabarets de danseuses nues, les maisons de prostitution et les salons de massages ouvriront alors progressivement et discrètement par la suite…
  • Entre les années 1930 et le début des années 1960, les cabarets, les clubs et les salons de parieurs font alors de Montréal une ville incontournable du spectacle et du divertissement.
  • Montréal demeure la ville du « nightlife » par excellence au Canada. En 2008, Statistique Canada avançait que de toutes les grandes villes canadiennes, Montréal reste la destination urbaine la plus populaire auprès des touristes étrangers qui fréquentent un bar ou une discothèque lors de leur passage à Montréal. Avec 36,8 % des touristes étrangers qui en ont fait l’expérience durant leur séjour, la métropole québécoise devance les villes de Toronto (31,0 %) et de Vancouver (27,8 %).
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    © Radio-Canada

Liens externes

Pas de bars ouverts jusqu’à 6 h – Radio-Canada

Pas de bars ouverts jusqu’à 6h du matin – Métro Montréal

Montréal tente de rassurer les inquiets – Le Devoir 

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Catégories : Économie, Santé
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