Un colloque de l’Association du Barreau canadien s’est tenue la semaine dernière à Iqaluit, capitale du Nunavut, réunion au cours de laquelle de nombreux sujets d’actualité territoriale ont été abordés.
Le thème central du colloque était « Bâtir une nation dans le cadre des revendications sur les revendications territoriales, les traités et les ententes d’autonomie gouvernementale ».

L’ancienne vérificatrice générale du Canada, Shela Fraser, l’une des participantes au colloque, a déclaré lors de son allocution qu’elle était choquée de constater qu’il n’y a pas vraiment d’avancées significatives dans le tumultueux dossier des revendications territoriales et des traités et ce, malgré plusieurs audit qu’elle a mené à ce sujet quand elle était en poste.
« Malheureusement, il y a trop souvent des points d’achoppement qui font l’objet de litige et procès. Ces procédures légales prennent beaucoup de temps, coûtent très cher et on se retrouve à la fin en présence d’ennemis : un gagnant et un perdant », souligne madame Fraser.
Nunavut Tunngavik Inc., la société qui a comme mandat de chapeauter le dossier complexe des réclamations territoriales dans le nord canadien, est actuellement embourbée dans une poursuite d’un milliard de dollars avec le gouvernement fédéral sur la mise en œuvre de l’accord depuis 2006.
Shela Fraser a également parlé des nombreuses discussions qui ont porté sur la possibilité d’utiliser le processus de médiation pour dénouer l’impasse.
« Discussions vaines pour l’instant, ajoute madame Fraser, car le gouvernement fédéral canadien refuse de prendre part à ce genre d’arbitrage. »
Me Paul Crawley, avocat d’Iqaluit en parle en termes plus durs.

« D’un bout à l’autre du pays, d’est en oust et du nord au sud, on entend toujours la même rengaine. Le gouvernement fédéral obtient toujours ce qu’il veut en termes d’entente territoriale mais fait constamment marche arrière quand vient le temps de respecter la parole donnée aux Premières Nations. C’est très frustrant », dit-il.
Le piège de la pauvreté, une tragédie
En discussion sur la gouvernance lors d’un panel d’experts, Me Crowley, qui a déjà été premier secrétaire de la première ministre Eva Aariak dans le dernier gouvernement du Nunavut, a présenté un portrait plutôt positif du concept et de la mise en place de la gouvernance dans le territoire. Par contre, a-t-il ajouté, une pierre d’achoppement majeure met un frein à l’amélioration de la qualité de vie des gens.
« Je crois que nous avons installé un bon processus décisionnel ici au Nunavut, meilleur même qu’ailleurs au Canada, et ce, parce que nous ne subissons pas les affres d’une partisannerie enragée. Malgré tout, nous n’arrivons pas à diriger nos actions gouvernementales vers une amélioration significative de la qualité de vie de nos gens car nous sommes pris dans ce qu’il est internationalement connu sous l’appellation du piège de la pauvreté. »
Me Crowley martèle le point que, dès sa création, le Nunavut n’a pas reçu le financement nécessaire.
« Nous ne devrions pas avoir à choisir entre un nouveau dépotoir et un investissement en équipements récréatifs de base. Nous ne devrions pas avoir à choisir entre de l’eau potable et l’éducation de nos enfants. Pas ici au Canada. »
Il ajoute que les négociations entre le gouvernement canadien et les peuples autochtones doivent être revues afin d’assurer un potentiel accru de croissance aux diverses communautés du pays.
John Amagoalik, l’un des négociateurs du traité de réclamation territoriale du Nunavut s’est également exprimé lors de ce colloque.
« Celui que l’on surnomme « le père du Nunavut » a dit : Nous n’avons pas encore réalisé ce qu’on entrevoyait au départ. Tellement de gens vivaient dans des conditions atroces en 1993. C’est de ce bourbier que l’on voulait sortir et ce n’est pas encore fait. Le terme est dur mais il est réel. Le joug du colonialisme est toujours présent et tant que ce sera le cas, le Nunavut ne pourra pas suffisamment se développer pour permettre à ses citoyens d’envisager un avenir meilleur. »
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