Le ministère de la Défense du Canada fait marche arrière dans le projet d’implantation d’une station d’amarrage et de ravitaillement en Arctique.
Attendue depuis longtemps, souvent reportée, la station maritime en Arctique Nanisivik a vu ses coûts de mise en fonction augmenter de façon exponentielle depuis quelques années ce qui, sans mauvais jeu de mots, a jeté une douche froide sur la décision gouvernementale.
La station navale Nanisivik, qui devait être créée à l’entrée Est du Passage du Nord-Ouest devrait être construite, mais serait de bien moindre importance.
En fait, les coûts afférents ont plus que doublé depuis le lancement du projet en 2007.
Dans un document d’information reçu en décembre 2013 par le ministre de la Défense du Canada, Rob Nicholson, on peut y lire que la Marien royale canadienne avait approuvé en 2010 un investissement de 258 millions de dollars pour la construction de la station Nanisivik.
Ces 258 millions représentent un bond spectaculaire quand on les compare aux 100 millions prévus en 2007, alors que le premier ministre Stephen Harper avait prononcé son célèbre discours « Use it or Lose it » (trad. : qu’on s’en serve ou qu’on le perdre) au sujet de l’Arctique.
Les prévisions de constructions de 258 millions s’avèrent être trop élevées pour le ministère de la Défense. Bien que supérieur aux estimations premières, le nouveau budget prévu est aujourd’hui de 116 millions de dollars, bien loin des 258 millions annoncés.
La Presse canadienne a obtenu copie du document d’information faisant état de ces données grâce à la Loi d’accès à l’information.
Jamais le gouvernement fédéral n’a révélé publiquement le coût global du projet Nanisivik s’il avait vu le jour tel qu’originellement conçu et si la Marine royale s’y était lancée. Jadis, le bureau du ministre de la Défense a fait valoir l’éloignement de Nanisivik, la courte saison de construction en Arctique et le pergélisol comme étant des raisons pour les délais et pour la réduction de l’amplitude escomptée.
La station navale Nanisivik devait être opérationnelle en 2015. Elle ne le sera sans doute pas avant 2017
En plus de l’amélioration et de la mise à niveau du quai, le projet originel prévoyait la construction de bureaux, de résidences et d’ateliers de réparation. La station aurait été habitée à l’année et un effectif permanent d’une quinzaine de personnes y avait été prévu.
Aujourd’hui, le plan « revu et corrigé » propose une série de mises à niveau minimale du quai et de la jetée, construits au cours des années ’70, un entrepôt non chauffé et des citernes pouvant contenir du carburant combustible pour un an au lieu de deux. Des maisons mobiles y seront déployées où six personnes pourront y vivre – le double en cas d’urgence – seulement au cours des mois d’été.
La station navale ne « sera pas en fonction au cours des mois d’hiver » peut-on aussi lire dans la note.
Oubliés également sont les plans de construction d’une piste d’atterrissage pour avions à réaction mentionnés il y a sept ans lors de l’annonce première du projet. En lieu et place, les membres de la Défense nationale devront, soit venir par la mer, soit atterrir sur la piste de gravier d’Artic Bay et de faire par piste routière les 33 kilomètres restants jusqu’à Nanisivik.
La hausse des coûts jusqu’à 258 millions de dollars pour la réalisation du projet tel qu’annoncé en 2007 au lieu des 100 millions du départ n’a rien d’étonnant selon l’expert Arctique Rob Huebert de l’Université de Calgary.
« C’est exactement dans les normes de ce que nous avions prévu et de ce nous voyons se développer. C’est le prix à payer pour réaliser des choses du genre dans le Nord, » a déclaré le professeur Huebert.
Il ajoute que la Russie investit massivement afin d’accroître sa présence militaire dans l’Arctique.
Sous la présidence de Vladimir Poutine, la Russie est à reconstruire des bases militaires de l’ère soviétique dans le Nord et qui avaient été abandonnées à la fin de la Guerre froide. De plus, les eaux de l’océan arctique sont patrouillées par une flotte de sous-marins nucléaires et e brise-glaces russes.
Lors de sa récente tournée annuelle dans l’Arctique, le premier ministre Stephen Harper a déclaré que la présence croissante des militaires russes dans cette région du globe est cause de souci pour le gouvernement canadien et que notre pays devrait être « complaisant » devant cette situation.
Le budget du ministère de la Défense du Canada a été réduit substantiellement alors que le gouvernement conservateur vie à avoir un budget non déficitaire en 2015.
La Défense nationale a vu son budget être amputé de 10% depuis la fin de la présence canadienne en Afghanistan. On prévoit une réduction de l’amplitude de 2,7 milliards de dollars, ce qui représente l’effort exigé de la défense nationale pour l’atteinte d’un budget équilibré.
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