Héritages: les palais de justice risquent d’être très sollicités au cours des prochaines années

Héritages: les palais de justice risquent d’être très sollicités au cours des prochaines années
Photo Credit: IS / iStock

Héritages: les palais de justice risquent d’être très sollicités au cours des prochaines années

C’est de notoriété publique que les guerres familiales peuvent être sauvages, sans merci et terriblement déchirantes.

Un décès survient et un conflit éclate soudainement sur le partage des biens laissés en héritage. Ce sont parfois des enfants adultes du défunt qui contestent les volontés testamentaires; ce sont des conflits qui éclatent entre les enfants et le veuf, la veuve, nouveau conjoint du défunt parent.iStock_000020369256Medium

Une étude récente rendue publique par le service d’information financière en ligne de la Banque de Montréal BMO Groupe financier souligne que nous sommes à l’aube du plus gros transfert financier intergénérationnel de l’histoire du Canada provenant de ceux qui sont nés durant les années ’30 et ’40 aux baby-boomers (1945-1964).

Près d’un trillion (1018) de dollars changeront de propriétaires au Canada au cours des vingt prochaines années, et déjà, les avocats en constatent les premières répercussions.

« Nous constatons une augmentation significative de causes qui sont présentées en Cour » affirme Me Laura Tamblyn Watts, du Canadian Centre for Elder Law in British Columbia (trad. : Centre canadien pour le droit des aînés en Colombie-Britannique).

L’avocate torontoise Jan Goddard ajoute de son côté qu’avec la prospérité que connaît le Canada,  les personnes qui ont 80 ans et plus ont beaucoup plus de richesses à léguer lors de leur décès.

« Dans une ville comme Toronto, où les valeurs immobilières ont connu une croissance exponentielle au cours de dernières décennies, nous nous retrouvons avec des personnes aux avoirs modestes qui détiennent un patrimoine faisant d’eux des millionnaires rien qu’avec la maison, » ajoute Me Goddard.

Me Tamblyn Watts ajoute que leurs enfants, qui sont des baby-boomers, sont de « la génération la plus endettée de toute l’histoire canadienne ». De plus, ces derniers se croient être en droit de dépenser très librement, car ils s’attendent à toucher un héritage substantiel qui leur permettre de rembourser leurs dettes et d’atteindre leurs cibles financières.

« Nous constations une recrudescence de tension entre les parents, la génération économe, et les enfants qui eux, arrivent endettés à l’âge de la retraite.

Facteurs aggravants

old and young handsDe plus, comme ces aînés sont d’une génération qui vit plus longtemps, cela complique un peu les choses.

Certains boomers disent que les coûts de prise en charge de leurs parents âgés « doivent être assumés par leur héritage. »

La situation devient encore plus compliquée quand la notion de santé mentale des aînés entre en jeu.

Me Jan Goddard souligne que les signes précurseurs de démence servent parfois de catalyseurs pour toute sorte d’événements, trop souvent fâcheux, qui viennent à se produire au sein des familles avant le décès du parent; des situations telles faire en sorte que maman ou papa signe une nouvelle déclaration d’inaptitude, d’ouvrir des comptes conjoints à la banque et ainsi de suite.

Certaines personnes en profitent pour s’assurer d’une meilleure situation financière pour elles-mêmes alors que les parents vivent toujours, tentant même de promouvoir le transfert de patrimoine qui ne fera plus partie des redistributions lors de l’ouverture du testament.

« L’abus de personnes aînées est un vecteur majeur ici, » souligne Me Tamblyn Watts. « Vous retrouvez le fils qui n’a pas réussi au sous-sol qui tente d’influencer maman en court-circuitant son courrier, en filtrant ses appels téléphoniques, en ne l’amenant pas voir les autres membres de sa famille ou en la coupant de son club social ou encore en sapant sa confiance quant à son sens de l’organisation. La personne aînée se retrouve à la merci de cet enfant, complètement isolée et lentement convaincue qu’elle ne compte pas pour  le reste de la famille. »

Il y a même certains enfants adultes qui demandent de recevoir leur part d’héritage d’avance. Ce pourrait être sous la forme de prêt à taux très avantageux – parfois même sans intérêt – pour l’achat d’une maison par exemple. Rarement existe-t-il de documents pour appuyer ces transferts de fonds donc le récipiendaire peut ultérieurement les faire passer pour des dons.

Catégories : Économie, Santé, Société
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