Les prix du pétrole ont atteint leur plus bas niveau en cinq ans cette semaine après la publication de plusieurs rapports prévoyant une demande en baisse et des réserves plus importantes que ce qu'on avait anticipé.
Photo Credit: SRC/PC/Hasan Jamali

Pétrole : la province de l’Alberta penche vers le fond du baril

Sous les 60 $, le baril, Fort McMurray, la capitale canadienne du pétrole sent sa fortune tourner.

En Alberta, ou un travailleur sur six gagne sa vie grâce au pétrole, le gouvernement provincial ne rate plus une occasion d’avertir la population que la chute des prix du pétrole aura un impact sur les finances publiques de la province.

À Fort McMurray, au cœur de l’industrie pétrolière, plusieurs indices laissent présager un hiver lourd d’inquiétude.

Au centre d’accueil et d’intégration, où on aide entre autres les nouveaux arrivants à se trouver un emploi, le coordonnateur Kouamé Adié constate que les délais sont de plus en plus longs entre l’arrivée à Fort McMurray d’un nouveau travailleur et son embauche par une entreprise.

« Avant c’était au jour le jour. Quand on venait, on trouvait du travail en une semaine ou deux, maximum. Maintenant c’est beaucoup plus lent. On parle d’un mois pour certains, deux mois pour d’autres. »

Certains entrepreneurs ressentent déjà les secousses liées aux récents événements sur les marchés. C’est le cas de la présidente de l’entreprise Bertha Contracting Ltd, Berth Lele Djoutsa.

Son entreprise offre camions et chauffeurs à des grandes pétrolières. Elle planifiait de doubler son offre et rendre disponible du transport de nuit. Mais son plan d’expansion s’est récemment effondré, avec les cours du pétrole.

La semaine dernière, Canadian Oil Sands Ltd a revu à la baisse de 43 % le dividende remis à ses actionnaires. Jeudi, c’est la pétrolière Cenovus qui a annoncé des changements. L’entreprise basée à Calgary a annoncé vouloir diminuer de 15 % ses investissements en immobilisations pour 2015 par rapport aux dépenses de cette année.

Le premier ministre de l'Alberta Jim Prentice a annoncé qu'avec la chute du prix du pétrole, le gouvernement devra se serrer la ceinture
Le premier ministre de l’Alberta Jim Prentice a annoncé qu’avec la chute du prix du pétrole, le gouvernement devra se serrer la ceinture © ICI Radio-Canada

Le prix du pétrole à l’ordre du jour de la rencontre des ministres des Finances au Canada

Les ministres des Finances provinciaux rencontrent pour la première fois leur homologue fédéral face à face la semaine prochaine, avec comme trame de fond l’état de l’économie mondiale et la chute du prix du pétrole.

Selon le ministre des Finances de la Saskatchewan, province voisine de l’Alberta, une baisse d’un dollar du prix du baril correspond à 20 millions de dollars en moins dans les coffres de la province.

L’impact de cette baisse est encore plus grand en Alberta, qui perd 215 millions de dollars par année pour chaque baisse d’un dollar du prix du baril. Dans sa mise à jour économique du mois dernier, le ministre fédéral des Finances, Joe Oliver, prédisait que la chute du prix du pétrole pourrait faire perdre 500 millions de dollars au gouvernement fédéral cette année et 2,5 milliards de dollars par année entre 2015 et 2019.

La plus récente chute des prix cette semaine survient après la publication, mercredi, des prévisions de demande de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP). Celle-ci estime que la demande de pétrole en 2015 atteindra 28,9 millions de barils par jour, 400 000 barils de moins que la demande cette année. Ce serait le plus bas niveau en 12 ans. L’OPEP a décidé en novembre de ne pas réduire sa production.

Aide-mémoire

  • La baisse du prix du pétrole s’explique par plusieurs facteurs.
  • L’augmentation de l’offre dans le monde que l’on doit par exemple à l’essor de la production de pétrole de schiste américain depuis sept ans qui pourraient amener à moyen terme l’autosuffisance de ce pays en produits pétroliers.
  • La chute de la demande en raison du ralentissement économique notamment de la Chine qui est le deuxième plus grand consommateur de pétrole au monde.
  • L’Agence internationale de l’énergie estime que le déclin des prix du pétrole devrait se poursuivre pour encore quelques mois. Ces prévisions n’ont rien de rassurant pour des pays exportateurs comme l’Iran, le Nigeria, la Russie et le Venezuela ou même le Canada. Ces cinq pays misent énormément sur les revenus pétroliers pour boucler leur budget.
  • Selon les estimations, la production pourrait atteindre 3,5 millions de barils par jour en 2025, soit plus du double de la production actuelle. Mais dans le nouveau contexte économique, il semble qu’il faudrait revoir ces prévisions optimistes à la baisse.

Plus de détails

Fort McMurray : entre inquiétude et espoir – Radio-Canada

Chute du prix du pétrole : les contrecoups se font déjà sentir en Alberta – Radio-Canada

Le prix du pétrole à l’ordre du jour de la rencontre des ministres des Finances – Radio-Canada

Les prix du pétrole continuent leur chute

Nos articles récents

Dans ce contexte pétrolier, une politique pétrolière canadienne anti-GES serait « folle » 

Des producteurs évoquent le côté plus noir du prix du pétrole à 60 dollars 

L’environnement et le pétrole au Canada peuvent être des amis selon la France 

Catégories : Économie, International, Politique
Mots-clés : , , , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.